Sokey Edorh |
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« La latérite, c'est leur âme, c'est la mienne » L'immense étendue du sable, les empreintes des boeufs, des ânes, des enfants balayés par le vent sec de l'harmattan nous impose le
silence d'Afrique, le silence du non-dit et du dire. Mon mutisme s'éclate et balaie toutes les voix fortes. Mon corps s'y mêle. J'en fais mon essence, ma raison qui ne cesse de s'égarer à la cime de doums, revient se faire toute
petite à côté des gros coeurs en reconnaissant son impuissance à comprendre le sen des va-et-vient de ces enfants, de ces ânes, de ces boeufs, ce des femmes peuples. |
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Sokey EDORH Les Signes de la Souris (du 16 décembre au 4 janvier) " Sokey EDORH est une artiste togolais qui vit et peint avec une conviction de tous les instants, il a commencé la peinture pendant ses années universitaires et exposait déjà sur le campus et au coin des rues. Au fil du temps, sa détermination à embrasser une carrière artistique s'est affirmée : il a suivi l'école des Beaux-Arts de Bordeaux, puis est revenu s'installer à Lomé. Mais Sokey s'installe-t-il vraiment ? Sa peinture comme sa philosophie, faite d'une grande acuité d'observation, de parti pris, d'un regard très critique sur la société et d'une technique assurée, semble pouvoir s'intégrer et se développer dans tous les environnements. Il revendique une universalité de son art qui, pourtant, semble très ancré dans la culture africaine. Après avoir beaucoup voyagé en Afrique, en Europe et au Canada, EDORH a pris de l'Afrique une substance qui, sous tous les cieux, rappelle cet ancrage : la latérite. C'est avec cette matière infinie, inépuisable et si familière que Sokey construit l'univers pictural qu'il donne à voir. La terre, sa terre, a une âme; il va la chercher au Burkina, à Agou, la transporte à Düsseldorf, à Munich ou à Saint-Paul de Vence, la retrouve à Allada et la partage avec beaucoup de jeunes peintres. Cette latérite qu'il façonne, modèle, intègre à ses toiles, laisse un témoignage de sa démarche; l'art n'aura de finalité autre que celle de s'intégrer à la vie et de rendre compte de son temps... La quarantaine, marié et père de trois enfants, travailleur infatigable, Sokey multiplie les expositions tant au Togo qu'à l'étranger; il multiplie les expériences, organise des ateliers avec de jeunes peintres des villages togolais... Ses recherches le mènent également au Burkina où il étudie les signes divinatoires. Cette dernière expérience témoigne d'une certaine continuité dans le travail de l'artiste qui, il y a des années, avait mis en place un système d'écriture fait de symboles et d'idéogrammes. Ses tableaux sont abstraits pour la plupart ; la force humaine intervient juste pour animer un espace déjà habité, déjà humanisé. Généreux à l'extrême, l'artiste semble vouloir partager, offrir à d'autres peintres ce qu'il pense avoir découvert à travers toutes ses expériences, avec une pédagogie ludique et efficace, même si on sent chez lui une certaine rigidité qui, à l'observation, pourrait être une rigueur née des renoncements. Sokey a fait beaucoup d'émules parmi les jeunes artistes, auxquels il semble avoir donné des bases solides tant pour leurs compositions que pour leur manière d'appréhender l'art. A Allada, Sokey a exploré un vaste champ pictural, allant de la sculpture extrêmement stylisée, faite de bois et de métal aux scènes de la vie quotidienne au village, en passant par des installations faites de matériaux récupérés in situ, en privilégiant chaque fois le lieu de la création. Certaines de ses toiles ont été composées en collaboration, avec les enfants de Togoudo, qui ont travaillé directement sur les oeuvres de l'artiste. ( article signé EDWIDGE APLOGAN)
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Les signes de la souris (texte de Sokey Edorh) « Le désert s'étend, mon désert s'étend. L'horizon de l'espoir est loin de moi. Quelques arbres parsemés sur l'immense étendue me donnent un signe de vie. L'atmosphère est réglée par un profond silence. Silence du non-dit. De ma torpeur je m'éclate, l'éclatement du désespoir. Un cri m'interpelle, le coq du vieux Yekouni. Je me retourne, j'ai honte, j'ai perdu la vie, la foi. »
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