PLASTICIEN D'ORIGINE SENEGALAISE
Travaille en France depuis 1967 ; fait néanmoins de fréquents séjours au Sénégal où une large rétrospective de son travail a été
réalisée en 1977. Entre 1967 et 1988, de nombreuses expositions de ses oeuvres ont été organisées en Europe et aux Etats-Unis d'Amerique.
Iba Ndiaye est né en 1928 de père musulman et de mère catholique dans la ville
portuaire de Saint-Louis-du Sénégal, caractérisé, comme tous les ports du monde, par une rencontre de races et de cultures. Ses premiers contacts avec la peinture de chevalet furent les tableaux que contenait l'église catholique de
sa ville natale.
Il ne connaissait les oeuvres des grands maîtres que par reproductions. Il suivit les cours de dessin dès l'école.
A quinze ans, il peignait des affiches pour des films américains et français, ce qui lui a donné l'expérience de la photographie en peinture : la transposition de la photo vers l'affiche se fait souvent moyennant
un durcissement des contrastes, par lequel les différents tons de gris qui modèlent les formes sont condensées en lignes. Par ailleurs, un exposition prolongée de la pellicule à une forte lumière en mouvement reproduit les
positions successives de cette lumière. Iba Ndiaye a fait de l'imitation de ces procédés une technique inspirée par la photographie mais plutôt inhabituelle dans la peinture. Cette technique, parfaitement appropriée pour
évoquer le mouvement dans une image fixe, suggèrera le rythme du jazz dans la série des oeuvres du "Jazz and Blues".
Ndiaye a pu approfondir l'autre élément pictural inspiré par les affiches, la ligne de structure, pendant ses études d'architecte, d'abord à
Montpellier, puis à Paris... Il voyagea à travers l'Europe pour visiter les édifices évoqués dans ses cours, et découvrit en même temps les grands musées. Avant d'opter définitivement pour la peinture, il travailla dans l'atelier
de sculpture d'Ossip Zadkine... Le dessin devint son outil principal dans son analyse structurale des grands chefs-d'oeuvre européens et de la sculpture africaine. Il lui sert à s'approprier des idiomes imaginaires très différents.
Cette large appropriation de formes d'expression diverses n'a rien de commun avec le cliché académique du dessin d'après moulages d'antiques : elle est la base d'un projet artistique visant à la construction d'un vocabulaire visuel
personnel et authentique.
Ce vocabulaire se déploie ensuite dans des séries thématiques, à travers lesquelles son oeuvre évolue. Ces séries ne se suivent pas chronologiquement mais, commençant sous le coup d'une expérience
visuelle, s'entrelacent un moment, sont abandonnées, reprises, et ne sont jamais closes. Elles ne sont pas un commentaire sur un thème : le thème est plutôt l'occasion ou le catalyseur autour duquel évolue la peinture pure.