Fernand Nonkouni |
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« Quand on a un don et que tu as souffert, |
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Présentation de Fernand NONKOUNI par Karine TAKIZALA: « Témoignage de sa vie, passerelle du mal au bien, chaque jour son travail le crée différent, sorte de rattrapage du temps perdu à l'enfance. C'est au centre d'une volonté éducative que prend source sa peinture :
éduquer pour transmettre, transmission autocentrée d'une jeunesse brutale, transmission au sortir de soi de cette expérience digérée. Lorsqu'il aura ses ailes, Fernand pourra porter son rêve, poser son regard sur l'après
génération, et transmettre la félicité qu'il y a à façonner. Debout au commencement, il se casse en deux, cherche, compose, faisant surgir une forme de sa matière. Au tour suivant s'accole le message, inscrivant sa démarche dans un mouvement du faire vers le dire. Faisant écho à son environnement dans un souci d'exactitude tel le naturaliste, le peintre tapisse ses toiles de couleurs essentielles : ocre pour la terre, le bleu pour le ciel et l'eau et le jaune , éclairage entre l'ombre et le soleil. Structuré autour de la tradition Burkinabé, l'artiste reste « un fils de », intégrant dans ses pensées la somme des rituels déchiffrés. Il nous dit d'ailleurs : « Je ne suis pas perdu... Le peintre grandit et plus son message est simple ». Dans l'ici et maintenant, la maturation s'accomplit. Quête spirituelle, sa peinture remplit sa vie bien plus que ne le ferait une passion. Si la chance vous est donnée de l'apercevoir, vous le verrez le matin « vivant sur sa toile » avec cette peur d'avoir eu à rencontrer quelqu'un, de tomber dans un monde car Fernand n'a qu'un enjeu : rendre ce que la nuit lui a apporté. Assis dans la gloire, l'artiste ne voit pas d'élévation possible puisque « être artiste, c'est se nourrir de ce que l'on fait. » |
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Présentation de Fernand NONKOUNI par Jean-Jacques BAYLAC :
Longtemps, il côtoya la mer, les forêts et les nuits. Il connut la joie d'exister. Il découvrit aussi, dans les cours et les rues, et sur des terres arides, la douleur de vivre et ses abîmes. Déjà rien n'était donné en pâture au hasard. Chaque douleur, chaque ligne, chaque signe, son style tout entier considérait
que l'homme et le cosmos ne fait qu'un. Refusant que la mort n'étouffe sa voix, il nous donnait à découvrir de nouvelles significations, persuadé que tout homme devrait en faire autant. Ciel de nuit sur un
océan de terre rouge, gravures noires d'hommes extasiés, danse souterraine dans un ventre de chairs stratifiées, arbres calcinés sur l'aube neigeuse d'une aura, femmes-oiseaux aux douces ombres bleues, calligraphie des traces comme
autant de chants incantatoires vers un néant qui ne serait plus une réponse fatale pour l'homme, mais un autre temps, un autre espace de réflexion. Ainsi, il peignait, hier. Son obscur acharnement pour
créer le monde, n'était pas vain, parce que rien ne redevient présence au delà de la mort, à l'exception des formes recréées. Aujourd'hui, si la forme a changé, c'est qu'il sait qu'elle n'est pas unique, dans l'art en
général, dans la peinture en particulier. Ses objets sont tout aussi multiples et infinis, comme ses émotions qui sont extraordinaires. Sur ses toiles, les couleurs sont plus pures, moins diluées, plus
fortes d'être dans leur primauté. Ses gestes s'immobilisent dans un éclair instantané, un mouvement suspendu, qui pourrait sous nos yeux reprendre vie à tout instant.
Il perpétue l'éphémère dans un temps qu'il sait absolu. - Certitude d'une éternité vivante dans une infinité des joies délicieuses - Il sait mettre en forme les éléments du monde, son balancement qui permettront à l'homme de le guider vers ce centre essentiel, celui de son univers intérieur.
Reste à lui de fixer le périssable, misérable ou sublime. De ressusciter, entre ses mains et à son
gré les plus purs états de l'homme.
A lui de réinventer, de transcender, et de transmettre. |
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