L'oeuvre sculptéee de Janet Goldner : histoire d'une quête identitaire au Mali | |||
En août 1995, Janet Goldner revient au Mali où elle a vécu près de huit mois. Son dialogue avec les artisans et artistes maliens et sa rencontre avec les hommes et femmes du pays ont imprégné son oeuvre, et
l'ont aidée à mieux comprendre les notions de différence et filiation culturelles. Son regard sur les formes architecturales traditionnelles est dirigé dans le sens d'une réflexion sur sa propre identité. Consciente de l'apport du
métissage des cultures, Goldner reprend également à son compte l'usage islamique du texte dans la définition de l'image. Le résultat est éloquent : des compositions sculpturales élégantes et stylisées qui dans leur dialogue avec la lumière invitent le spectateur à se déplacer dans des espaces de méditation. Avec ses arches qui se succèdent, son oeuvre "Ntlomaw/WhY Series" semble réitérer la notion de passage et de franchissement du monde réel dans celui de l'au-delà. Les préoccupations esthétiques de Janet Goldner sont doublées d'une sensibilité aux questions sociales et politiques de son temps. Son parcours est celui d'une artiste "engagée". Au temps de l'apartheid, elle a soutenu les artistes sud-africaines dans leur lutte contre le colonialisme et l'exclusion raciale. Elle est alors directrice de "South African Women Artists in Resistance", et revendique son rôle d'artiste/activiste au sein de conférences et d'ateliers ("Artists as Activists", College Art Association Conference, New York City, 1994; "South African Connections : Life ard Art in South Africa" Conférence donnée à New York en 1993...) |
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La lumière traverse les entailles des images et des lettres, tracées directement sur les surfaces nues de l'acier avec un chalumeau. L'acier est d'un bleu grisé qui résulte de l'effet de la
chaleur sur le métal. Par endroit le métal est brûlé, et en d'autres il est nu. L'utilisation du texte pour définir l'image renvoie à l'utilisation islamique du texte. J'ai aussi commencé une série de maquettes Ntlomaw en trois
dimensions avec lesquelles je projette de construire des espaces clos de discussion et de contemplation. Ntloma est le mot bambara qui désigne le bâton fourchu dans la forme de la lettre Y, un élément architectural qui m'a
inspirée lors de mon séjour au Mali. Les plus plus anciens sont sculptés et parfois décorés, et les plus récents sont construits dans la fourche de l'arbre. Leur forme est souvent ondulante, mais elle produit néanmoins la structure
interne et le support des constructions traditionnelles. Je l'utilise comme métaphore de la structure, de la force et du support. WhY Ntlomaw examine la culture malienne par rapport à ma propre culture occidentale -Why. En Amérique
et en Occident en général, il n'est question que de consommation, et de matérialisme. Au Mali, il est question des gens et des relations humaines. Ce travail se place dans le prolongement de ma série "Stick and Stones",
une série de formes en deux et trois dimensions qui soulèvent des questions contemporaines politiques et sociales. J'ai découpé des mots dans des sculptures d'acier construites en utilisant le chalumeau comme instrument de dessin.
La lumière traverse les entailles que forment les lettres. A l'opposé des chansonnettes d'enfants, les mots peuvent avoir de lourdes conséquences. Vases et tablettes combinent des informations politiques textuelles avec l'attrait
formel sensuel de leurs surfaces metalliques brûlées au chalumeau. Je travaille sur cette série depuis 1993."
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