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LE GÉNIE ET LE POUVOIR DE L'EAU :
UNE ÉTUDE AUX CONFLUENCES DES ARTS ET DES SCIENCES


I. LE PROJET DANS SON CONTEXTE : UNE COLLABORATION D'OLATS/AFRIQUE VIRTUELLE AVEC LE FESTIVAL DE L'EAU

OLATS/AFRIQUE VIRTUELLE en collaboration avec le FESTIVAL DE L'EAU (http://www.olats.org/festival-eau) proposent la réalisation d'un projet multiculturel et multidisciplinaire de trois ans centré sur le contexte culturel et scientifique de l'eau : " Le Génie et le pouvoir de l'eau ". Ce projet prendra sa source dans le continent africain, en cette terre considérée comme le berceau de l'humanité et qui est aujourd'hui, sans conteste, l'un des continents les plus durement menacés par les problèmes d'assainissement et de pénurie de l'eau. C'est à partir d'études portant sur des questions scientifiques et artistiques propres au contexte africain que nous étendrons ensuite des ramifications en direction des autres continents, afin d'étudier dans toute son ampleur la place et la signification de l'eau dans les activités culturelles et scientifiques des sociétés humaines. L'eau, substance liante par excellence, sera utilisée symboliquement pour construire des liens entre des cultures différentes, et édifier des espaces de rencontre et de réflexion entre artistes et scientifiques.

" Le Génie et le pouvoir de l'eau " sera l'occasion d'un séminaire de travail (avec participation sur invitation) à Vandoeuvre-les-Nancy, le 8 et 9 novembre 2001. Ce séminaire réunira artistes, scientifiques et ingénieurs et permettra à ces derniers d'exposer le résultat de leurs travaux artistiques et scientifiques sur la manière dont l'eau et les réseaux d'eau structurent la vie culturelle, économique et politique des peuples africains et des êtres humains en général. Nous donnerons suite au symposium en proposant sur le site Internet d'Afrique Virtuelle une série de publications et d'ateliers de création. Une sélection d'oeuvres d'art et d'articles sera également présentée dans la revue d'arts et sciences LEONARDO (publiée par MIT Press).

 

 

II. DESCRIPTION DU PROJET " LE GÉNIE ET LE POUVOIR DE L'EAU "
(Roger Malina et Jocelyne Rotily)

Ce projet multidisciplinaire et multiculturel comprendra deux volets. Le premier intitulé " Le Génie de l'eau " rassemblera des études et événements à caractère artistique. Le deuxième " Pouvoir de l'eau " réunira, parallèlement, des travaux et projets abordant la question de l'eau dans un contexte scientifique, économique et politique.

I er VOLET : " LE GÉNIE DE L'EAU "

Le Génie de l'eau :

L'eau, disent les Maliens, est habitée par " Nommo ", cet esprit aux pouvoirs mystérieux et extraordinaires et parfois redoutables auquel les êtres humains témoignent une vénération absolue, car " Nommo " peut décider de la venue des pluies et assurer ainsi la prospérité des habitatns du lieu, comme il peut causer sécheresse et misère si les hommes viennent à négliger son culte.

L'eau est depuis toujours, sur la planète entière, un enjeu politique et socio-économique considérable, mais au seuil du XXI è siècle, cet enjeu prendra-t-il une ampleur catastrophique au point de faire redouter une guerre de l'eau mondiale ? Apparue sur Terre il y a quelque 3,5 milliards d'années, l'eau est, il est vrai, un élément essentiel, de même que le feu, l'air, et la terre. Elle a présidé à la création de l'univers et reste indispensable à l'épanouissement de tout organisme vivant. C'est ainsi, racontent les mythes africains des Bwaba, que Dofini, Dieu, créa d'abord un univers de terre et d'eau défini comme un bloc de matière homogène. Puis Dofini ajouta un peu d'eau et modela la femme, la première qui reçut le nom de "  Lune. "

C'est parce que l'eau est une substance précieuse et si convoitée qu'elle a très tôt occupé une place privilégiée dans l'histoire de l'imaginaire collectif et de la création artistique. En Afrique comme un peu partout dans le monde, l'eau est très souvent perçue et ressentie comme une matière vivante habitée par des génies, des êtres surnaturels parfois bons, parfois néfastes que les êtres humains ont imaginés pour expliquer des phénomènes naturels et aspects de la condition humaine. Autour de ce monde d'ambivalence et extraordinaire que forme l'eau, se sont cristallisés mythes, légendes, contes, pratiques rituelles religieuses. C'est à partir donc de représentations culturelles quasi-universelles, associant eau et spiritualité, eau et merveilleux, eau et imaginaire, que seront proposées une série d'études et d'ateliers (en ligne et hors ligne) qui permettront d'examiner dans toute sa diversité et complexité la question des représentations culturelles et artistiques liées à l'eau tant en Afrique que sur les autres continents.

Ainsi, Chez les Dogon, peuple du Mali, le génie de l'eau a pour nom Nommo . Il y a, dit-on là-bas, de bons et de mauvais Nommo, les mauvais pouvant être responsables de la mort d'un homme. Enfin, comme le souligne l'anthropologue Jacky Bouju 1, l'eau joue en cette partie du monde un rôle crucial dans les mythes de la fondation des villages. " C'est un objet de culte ayant une grande valeur patrimoniale dont les responsables locaux du culte au " génie de l'eau " sont les gardiens 2 ". On doit lui faire des offrandes et accomplir toutes sortes de rites pour que la venue de la pluie et la fertilité des terres soient assurées. La sculpture Dogon, témoigne d'ailleurs magnifiquement de la place importante du génie de l'eau dans la vie spirituelle et culturelle de cette partie du Mali. On trouve en effet dans l'art Dogon un assez grand nombre de statues " charmes ", les dege bras levés 3, qui étaient utilisées pour célébrer les rites de pluie si nécessaires dans une région du Sahel souvent affectée par la sécheresse.

Ailleurs, au Burkina Faso, les hommes et femmes célèbrent le retour des pluies, en portant sur leur visage de grands masques colorés en forme de papillon, car les papillons apparaissent toujours après la venue des pluies.

Toujours en Afrique, dans l'empire Soninké de Wagadou - que l'on dit être le plus ancien de l'Afrique Noire (environ 1er siècle de notre ère) - les hommes, de religion musulmane, conservent encore le " mythe de Wagadou " qui évoque les riches heures de l'empire Soninké, lorsque l'eau du fleuve coulait en abondance et que les villes prospéraient. Ce mythe raconte que les Soninké célébraient le culte du serpent Bida 4 afin de s'assurer de la fertilité de leurs terres, mais que, suite à la transgression du culte, la sécheresse et la misère vinrent s'installer à tout jamais sur les terres de l'empire, et forçèrent les Soninké à parcourir les routes et le monde à la recherche d'une meilleure vie.

Enfin, dans le Nigeria, les Igbo rendent hommage aux esprits ou divinités de l'eau, les owu, par des danses rituelles au cours desquelles les danseurs portent des masques faciaux bien spécifiques.

Dans les arts contemporains africains, l'eau est toujours aussi présente dans l'esprit et l'imaginaire des hommes et des femmes. Elle fait oeuvre d'inspiratrice auprès de musiciens tels que Camel Zekri, dans le " Festival de l'eau ", et du Burkinabé Lassina Coulibaly qui a réalisé un spectacle musical et dansé intitulé " La Légende de l'eau " dans lequel il part à la recherche des contes et légendes de l'empire Soninké. Dans les années 1970, le célèbre peintre sénégalais Iba Ndiaye consacra une serie de lavis aux terribles effets de la sécheresse qui frappèrent le Mali. Ces oeuvres tiendront d'ailleurs une place centrale à l'intérieur du projet.

Du côté de l'Occident, les mythes, légendes, histoires extraordinaires et autres manifestations de la sensibilité humaine rattachés à la vie de l'eau sont tout aussi nombreux, et prouvent à quel point l'eau sait stimuler " les forces imaginantes 5 " de notre esprit : Dans l'antiquité grecque, l'eau donna naissance à l'image monstrueuse de l'Hydre, serpent à sept ou neuf têtes, qui repoussent à mesure qu'on les coupe et qui est comparable aux deltas des grands fleuves. L'hydre symbolisant les vices multiples des hommes. Mystérieuse, magique, fascinante, l'eau va connaître une fortune exceptionnelle dans toutes les branches de la création artistique occidentale : dans l'oeuvre de Shakespeare - Hamlet - jusque dans la poésie d'Arthur Rimbaud et Mallarmé où l'eau est décrite comme la patrie des nymphes et associée au thème de la mort et du suicide. Dans les arts plastiques, elle fut au XIXè siècle le support et la matière privilégiés par le peintre anglais Turner, puis par les impressionnistes 6. Dans le courant du XXè siècle, elle fut une des thématiques les plus valorisées par les artistes surréalistes, par exemple, qui se définissent comme des sourciers de l'inconscient, représentent la femme sous l'apparence d'une naïade ou d'une sirène, et voient dans l'eau abyssale de la mer le lieu de l'inconscient.

Nous nous efforcerons d'analyser ces représentations culturelles et manifestations artistiques, et examinerons les caractéristiques et propriétés de ces oeuvres d'art inspirées par cet élément l'eau, car l'eau, ainsi que l'écrivit le philosophe Gaston Bachelard, a sa propre imagination matérielle comme elle a sa propre esthétique, une esthétique qui diffère de celle des trois autres éléments vitaux : terre, air, feu. Si l'on s'en tient aux arts occidentaux, l'eau est fréquemment associée au concept de féminité 7. Elle inspire rêve, mélancolie et nostalgie. Dans les arts baroques et notamment dans la conception des jardins à la française, l'eau était associée à la notion d'éphémère ; sa nature capricieuse, imprévisible venait contrebalancer l'harmonie organisée des jardins à la française et s'opposer à la nature solide et durable du marbre sculpté. Reflétant sur terre l'image du ciel, elle était considérée également comme l'oeil de Dieu sur Terre 8. C'est donc ce moment où l'imaginaire de la matière eau est recueillie par l'artiste que nous étudierons ; lorsque l'eau, après avoir mis en marche " les forces imaginantes " de notre esprit, devient suivant les disciplines artistiques concernées : image picturale/ cinématographique, sculpture, métaphore littéraire, mélopée/ symphonie, geste dansé...

Nous avons établi ci-dessous une liste non définitive des thèmes qui pourront être abordés; les artistes souhaitant intervenir sur ce sujet sont invités à nous contacter et à nous présenter leurs travaux. Nous insistons sur le fait que tous les artistes, quelles que soient leur discipline et tendance artistique, et quelle que soit leur nationalité, sont conviés à participer à ce projet. Cette rubrique est également ouverte aux historiens de l'art, quel que soit le champ de leur étude. L'objectif final étant de célébrer l'eau comme matériau et source d'inspiration artistiques et comme un des génies des arts . On pourra ainsi traiter des thèmes suivants : Les forces oniriques de l'eau ; l'eau : mélancolie et mort ; l'eau et la symbolique du lien 9 ; les sonorités et la musique de l'eau. Cette rubrique sera consacrée aux musiciens modernes et anciens inspirés par le thème de l'eau : De la musique dite " impressionniste " aux recherches musicales liées aux nouvelles technologies (musique électroacoustique par ex). On traitera également de l'eau associée au thème de la maternité et de la fécondité. Dans le domaine littéraire on étudiera les épopées et légendes africaines construites autour de l'eau, par exemple : " La Légende de Wagadou " interprétée par le musicien et danseur burkinabé Lassina Coulibaly. Il sera question également des images diluviennes dans les arts en général et des images de catastrophe liées à l'eau; de l'eau et du mythe de l'éternelle jeunesse ; de l'eau et de la notion de l'éphémère ; on pourra enfin évoquer le rapport du liquide et du solide, de l'eau et du feu; l'eau et l'origine de la création ; l'eau et son rapport à l'écriture et la parole; l'eau et l'inconscient, l'eau et l'image de Narcisse, etc.


2ème VOLET : " LE POUVOIR DE L'EAU "

LA FORCE DE L'EAU

L'eau est universellement associée à l'idée de force et de pouvoir. Au Mali, à Thiou, on dit de manière plus imagée que c'est " l'eau qui tient l'homme 10 ". On dit aussi que : " toutes les eaux ont la même force ! Le puits est méchant, la mare aussi.... Dans l'eau des barrages, il y a de la force donc il y a des Nommo (*esprits de l'eau) 11 ." C'est l'eau qui régule les activités domestiques, agricoles des hommes et la plupart de ses activités économiques. C'est elle aussi qui permet aux êtres humains de poursuivre leur migration à l'intérieur des continents et autour de la planète. C'est lorsqu'elle est à l'origine de catastrophes naturelles (inondations, sécheresse, épidémies) qu'elle fait le plus cruellement la démonstration de son pouvoir sur la vie et le devenir de la planète Terre.

UNE PUISSANCE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE :

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, et parce qu'elle est de plus si inégalement répartie à la surface de la planète, l'eau garantit à ceux qui la possèdent un degré de supériorité politique, économique et sociale incontestable. Au Mali par exemple, " l'accès à l'eau constitue (...), toujours et partout dans la région, un enjeu majeur qui se présente comme une un des conditions de la rivalité (qui oppose) et de la solidarité (qui unit) des acteurs locaux dans le cadre de la gestion communale des ressources. 12 "

Par peur de manquer d'eau, des pays (Soudan, Egypte, Ethiopie, Inde) traversés par de grands fleuves frontaliers tentent de s'approprier ces ressources en eau douce encore disponibles . Un des conflits hydropolitiques les plus violents est sans nul doute celui qui divise la Palestine et Israël. Dans toute l'histoire de l'humanité, l'accès a l'eau est donc régulièrement la cause de querelles et de guerres effroyables.

L'EAU SERAIT-ELLE EN PASSE DE DEVENIR " LE PROBLÈME MAJEUR DU XXI " ?

Les risques de tensions et conflits autour de la question de l'eau, et des ressources en eau douce en particulier, sont d'autant plus grands que ces ressources, on l'a dit, sont très inégalement distribuées sur l'ensemble de la Terre, qu'il ne peut en être autrement, et que la croissance de la population mondiale est supérieure à la quantité d'eau douce disponible. Pour ne citer que les pays sahéliens comme le Burkina Faso, selon un dernier rapport établi par plusieurs scientifiques, la " population de la sous-région, estimée à 200 millions d'habitants enregistre un taux de croissance de 3 pour cent, se traduisant par une croissance de la demande en eau potable supérieure à 6 pour cent. 13 " A ce rythme, il faudra certainement partager ces ressources entre des populations. Mais la question est : les hommes parviendront-il à s'entendre sur les termes de ces partages ? Les tensions géopolitiques ne menacent-elles pas d'augmenter ?

A cela viennent s'ajouter quantité de facteurs aggravants que l'on observe un peu partout dans le monde, sous une forme chaque fois différente.

Les menaces de pollution et dégradation des nappes phréatiques touchent les pays industrialisés qui eux ne manquent pas d'eau mais qui la mettent en péril sous l'effet d'une industrialisation souvent excessive et mal pensée.

En Afrique et dans les pays du Sud, plus généralement, la gestion des eaux et la question de son assainissement sont des questions cruciales qui demandent à être résolues dans la plus grande urgence. De ces mesures dépendent l'amélioration de la santé publique mais aussi de l'économie générale des pays africains. Car bon nombre de maladies et de cas de mortalité infantile sont directement liés à la mauvaise qualité des eaux. Sur ce point, le numéro de juin 2000 de Sciences et Vie consacré au problème de l'eau 14, dresse un bilan alarmant en Afrique mais aussi en Inde, de même que les enquêtes statistiques établies par la FAO 15.

Enfin, dans certains pays du Sud, où l'économie est plus florissante, (en Arabie Saoudite), on tente de pallier au problème de la sécheresse en pompant l'eau douce des nappes phréatiques, mais à un rythme beaucoup trop rapide, au risque de mettre en péril ces réserves.

Ce deuxième volet d'études à caractère scientifique accueillera les travaux d'anthropologues, ethnologues, historiens, sociologues, ingénieurs des eaux, spécialistes de l'environnement, biologistes, astronomes, chimistes, économistes, médecins, agronomes, hydrogéologues. Un corpus d'études présentera les travaux imaginés et réalisés par les hommes pour maîtriser la force de l'eau, pour préserver les ressources naturelles en eau, lutter contre les risques de pollution et d'épidémies, et pour distribuer ces ressources de manière plus équitable sur l'ensemble de la planète.

Ainsi, dans certaines régions d'Amérique Latine où les villages manquent d'eau, on dresse des écrans de filets pour capturer les brumes et recueillir l'eau après condensation, une technique qui fut autrefois utilisée, certes sur une plus petite échelle, par les Indiens d'Amérique du Nord.

En Afrique et dans une grande majorité des pays du Sud, des anthropologues réfléchissent sur la stratégie à adopter pour remédier à l'insalubrité et la mauvaise gestion de l'eau tout en prenant en compte les contextes socioculturels africains. La question qui se pose est la suivante : Quels moyens utiliser, sachant que la croissance démographique est bien supérieure au stock d'eau douce disponible ? Sachant aussi que des habitations sommaires, très mal équipées éclosent rapidement autour des grandes villes sans pouvoir, pour des raisons économiques, être raccordées au réseau d'eau urbain ? Des marchés de l'eau clandestins prolifèrent ainsi que les risques d'épidémies.

D'autres travaux examineront le rôle de l'eau dans les sociétés humaines, montrant comment les êtres humains utilisèrent et utilisent l'eau dans sa vie domestique, comment celle-ci peut être étroitement associée aux rites funéraires, aux rites de la pêche, et à la vie spirituelle des hommes, comment elle est étroitement liée à l'histoire des migrations et du nomadisme, et enfin comment, plus généralement, l'humanité conçoit sa relation à l'eau et à son environnement naturel.

Il y sera question également des vertus de l'eau, de " l'eau qui guérit et soulage " les maux. C'est là une conception qui remonte au moins à l'Antiquité, époque à laquelle les Romains développèrent tout un système architectural original autour de ce culte de l'eau " apaisante " et " bienfaisante ".

Nous porterons notre regard au-delà des limites terrestres avec des enquêtes et études proposées par des astronomes et scientifiques du spatial. De récentes investigations indiquent qu'on trouve aussi de l'eau sur Mars, et de nouvelles images du satellite Europa recueillies par le vaisseau spatial de la Nasa Galileo prouvent qu'il est fort possible qu'il y ait eu de l'eau à l'état liquide sur ce satellite, et qu'elle est aujourd'hui encore présente sous la surface glacée et craquelée d'Europe 16. L'exploration par l'homme de l'espace intersidéral semble par ailleurs de plus en plus motivée par la recherche de l'eau dans le système solaire et au-delà.

(Jocelyne Rotily, chargée de projet)

 


1 Cf. Jacky Bouju, Action de Recherche n°10 Approche anthropologique des stratégies d'acteurs et des jeux de pouvoirs locaux autour du service de l'eau à Bandiagara, Koro et Mopti (Mali Ministère de la Coopération Projet PS/Eau FAC-IG n° 94017700 "Eau et assainissement urbain dans les quartiers péri-urbains et les petits centres".

2 Ibidem, p. 3/35.

3 Ces statues représentent en effet une figure humaine tendant les bras vers le ciel pour implorer la venue de la pluie. On en verra quelques exemples dans le livre : Statuaire Dogon, par Hélène Leloup, William Rubin, Richard Serra et Georg Baseltits, Strasbourg, Editions Amez, 1994.

4 Bida est ce serpent noir qui avait le pouvoir de faire pleuvoir et d'apporter aux Soninké la richesse, sous la forme de pépites d'or. En contrepartie, les hommes devaient lui sacrifier, à chaque fête de Tabaski, une jeune fille vierge, " la plus belle du pays ". Mais un jour, un jeune homme du nom de Mamadi s'opposa à ce que la jeune vierge choisie - sa fiancée Asian - fût sacrifiée à Bida. Mamadi trancha la tête du serpent, et de ce jour que l'empire Soninke ne connut que la sécheresse et la misère. Cf. La version recueillie par B. Siguiné : " Le Bida du Wagadou ". Légende publiée dans Les Epopées d'Afrique Noire, de Lilyan Kesteloot et Bassirou Dieng, Paris, Editions Karthala et Unesco, 1997, pp. 208-215.

5 Expression utilisée par le philosophe Gaston Bachelard dans L'Eau et les rêves, Paris, José Corti, 1942.

6 Nous mentionnons ici les artistes plasticiens, mais il est vrai que le thème de l'eau fut tout autant exploité par les musiciens impressionnistes tels que Debussy.

7 Cf. l'étude de Gaston Bachelard :L'Eau et les rêves, Paris, José Corti, 1942 ; mais également l'oeuvre de Jules Michelet : La Mer

8 Cf. Erik Orsenna dans son tout récent ouvrage consacré au jardinier Le Notre : "André Le Notre, portrait d'un homme heureux", Paris, Fayard, 2000.

9 L'eau, qu'elle soit rivière ou fleuve, a cette caractéristique qu'elle transporte la vie et l'oeuvre culturelle des hommes d'un village à un autre. Elle peut ainsi avoir pour fonction de lier les hommes et leurs vécus. Le Festival de l'eau organisé par Camel Zekri et Dominique Chevaucher illustre d'une certaine façon cette idée.

10 Cf. Jacky Bouju, Action de Recherche n°10 Approche anthropologique des stratégies d'acteurs et des jeux de pouvoirs locaux autour du service de l'eau à Bandiagara, Koro et Mopti (Mali Ministère de la Coopération Projet PS/Eau FAC-IG n° 94017700 "Eau et assainissement urbain dans les quartiers péri-urbains et les petits centres". p. 25/35.

11 Ibidem.

12 Ibidem, p. 4/35.

13 Consulter à ce sujet le site Internet de l'Orstom, et en particulier le texte intitulé " Afrique/Eau : Les Etats d'Afrique de l'ouest décident à mieux gérer et de façon intégrées les ressources en eau " http://ohraoc.orstom.bf/HTMLF/JOURNAL/AFRI_EAU.HTM

14 " Menaces sur l'eau : comment éviter une crise mondiale ", Sciences et vie, N°211, juin 2000, hors série.

15 Consulter sur ce point le site Internet de la FAO: http://www.fao.org/waicent/faoinfo/agricult/agl/aglw/aquastat/aquastaf.htm

16 Consulter au sujet de ces nouvelles découvertes sur Europa, le site de la Nasa: http://www.jpl.nasa.gov/galileo/status960813.html.

 

 

LE " GENIE ET LE POUVOIR DE L'EAU " VU PAR ROGER MALINA, DIRECTEUR DE LA REVUE LEONARDO, ET ASTRONOME :

" L'eau paraît être la condition sine qua non de l'origine de la vie telle que nous la connaissons sur cette planète ; on trouve aussi de l'eau sur Mars, sur le satellite de Jupiter " Europe ", dans les comètes et dans zones les plus reculées de l'espace interstellaire. Les sociétés humaines ont vécu en symbiose avec leurs ressources d'eau douce pour assurer leur survie, cultiver leurs terres, et poursuivre leur migration à l'intérieur des continent et autour de la planète. La croissance de la population mondiale actuelle est supérieure à la quantité d'eau douce disponible sur terre. Un développement soutenu exige un juste équilibre dans la distribution de l'eau douce. L'eau est à l'origine de multiples catastrophes naturelles et de guerres humaines. L'eau et notre relation aux rivières et aux océans ont été, dans toute l'histoire de l'humanité, la source d'une inspiration et créativité artistiques. L'exploration humaine de l'espace interstellaire est désormais guidée par la recherche de l'eau dans le système solaire et au-delà, de même que l'identification des planètes autour des étoiles dans les zones habitables où l'eau existe sous forme liquide. Les réseaux d'eau constituent dans l'expérience humaine un type de réseau prototypique qui à la fois fournit des moyens de communication et structure le développement des habitats humains. La croissance d'Internet peut être, par analogie, perçue comme une remontée aux sources de la Mémoire Humaine et notamment sur la relation mutuelle entre nos réseaux de subsistance et nos vies quotidiennes.

Le " Génie et pouvoir de l'eau sera un projet multiculturel et interdisciplinaire qui engendrera un travail de création en ligne et hors ligne ainsi qu'un dialogue. Il cherchera à établir des liens entre artistes plasticiens, musiciens, et des scientifiques et ingénieurs, pour aider à la communication/diffusions de récentes études sur les relations entre les sociétés humaines et l'eau, et pour faire naître une nouvelle création artistique capable de construire une mémoire de l'eau profonde et montrer ainsi son importance pour la vie humaine. "

(Roger Malina)

 

 

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