LA FONCTION SYMBOLIQUE DE L'EAU EN AFRIQUE NOIRE : UNE APPROCHE CULTURELLE par Camille Talkeu Tounouga Source de vie, moyen de purification, centre de régénération, ces trois formes se rencontrent dans les traditions négro-africaines. Divisée par toute l'Afrique depuis l'antiquité pharaonique, l'eau fascinante participe à la fertilité des champs, à la fécondité des êtres et des choses. Mais en outre chaque sorte d'eau - pluie rivière, source mare, lac mer, eau recueillie dans le creux d'un arbre, rosée - est investie d'une signification particulière. Pour les Bantous, le lieu de la première création est un grand trou d'eau tourbillonnante ou un lit de roseaux, qu'ils situent vers l'Orient. Les Falis du Cameroun associent l'eau, élément matriciel, aux poissons. Chez les Bamilékés de l'Ouest du Cameroun, le père bénit sa fille le jour du mariage avec de l'eau où trempent des feuilles de Fefe , une sorte d'épinard qui symbolise la douceur, la concorde. La purification, indissociable des rites d'initiation, élimine les souillures intérieures, chasse les forces maléfiques et protège les initiés. Ainsi les néophytes Bambaras, à la fin de leur initiation, reçoivent une aspersion d'eau projetée en pluie par la bouche du chef du kore, la société des initiés. Puis ils sont lavés à deux reprises; une première fois dans l'enceinte du kore par un ancien initié avec de l'eau puisée dans la mare sacrée du village, et une seconde fois au puits sacré du village. L'eau, séjour des esprits, a son rôle à jouer dans les cérémonies vaudous du Bénin, du Togo et du Nigeria, d'où le caractère magique des sources, des rivières et des cascades. D'où aussi, le geste de répandre de l'eau devant les autels au début de toute cérémonie afin de convoquer les esprits du monde souterrain. L'eau peut aussi fonder le pouvoir temporel et religieux de groupes d'initiés, généralement constitués en sociétés secrètes qui s'approprient par des moyens surnaturels les attributs magiques des génies aquatiques. Rituels et invocations : L'eau est une matière précieuse dont la raréfaction est une véritable catastrophe naturelle. La vie du paysan est littéralement suspendue au régime des pluies : qu'elle vienne à manquer, qu'elle tarde ou soit trop abondante, et il multiplie les rituels et les invocations qui tissent la trame de la civilisation rurale. De nombreux mythes expliquent l'origine de ces pratiques. Ainsi pour les diolas d'Afrique occidentale, il y avait au commencement deux divinités : Amontong, dieu de la sécheresse et Montogari, Dieu de la pluie.
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