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STEFAN DE JAEGER SE LAISSE INSPIRER PAR L'AFRIQUE
Texte d'Anne-Marie Bouttiaux



Pour un temps, les chefs-d'oeuvre du Musée de Tervuren sont devenus les muses de Stefan De Jaeger. Cet artiste belge, qu'il n'est plus nécessaire de présenter, s'est rendu célèbre en créant des compositions de polaroïds. Cette technique qui consiste à prendre, sous des angles différents, plusieurs polaroïds d'un même sujet et à les assembler ensuite en créant un tableau, rappelle les recherches des cubistes. Le résultat révèle les émotions de l'artiste face à son modèle et l'interprétation quasiment picturale qu'il en donne. On découvre avec fascination les détails qui l'ont impressionné, qu'il a répétés parfois jusqu'à l'obsession ne privilégiant jamais le formel au-delà de l'émotion. Face aux objets africains, cette technique s'est révélée dans toute sa plénitude et sa richesse.

Masque Luba, République démocratique du Congo. Musée Royal de l'Afrique Centrale
Tervuren
© Stefan De Jaeger.

Masque Kongo République démocratique du Congo.
Musée Royal de l'Afrique Centrale
Tervuren
© Stefan De Jaeger

Les yeux extatiques, les bouches béantes, les cheveux hirsutes et ces souffles suspendus nous pénètrent, nous menacent et nous enveloppent de leur présence magique. Après avoir été "saisis" de tous côtés, sous l'oeil malicieux de l'artiste, les masques retrouvent leur fonction première : frapper l'inconscient par certains détails exagérés, par des formes inattendues projetées dans l'espace, par des associations d'éléments humains et animaux qui dérangent. Cette interprétation de l'art africain finalement respecte sa nature profonde. Cela nous conforte dans la démarche difficile qui consiste à présenter comme chefs-d'oeuvre des objets dévitalisés parce qu'extraits de leur contexte naturel.

Stefan de Jaeger assume pleinement

ce principe où les masques sont délibérément privés de toutes leurs fonctions de masque. En effet non content de les observer accrochés au mur et sacrifiés pour le plaisir de nos yeux, il les transforme en modèle d'artiste ! Et paradoxalement, son regard leur a rendu la vie dont nous les avions dépouillés, ils ont retrouvé leur vitalité, leur force et cette troublante puissance magique qui faisait d'eux des êtres surnaturels respectés et craints. Après ce bref passage dans nos murs, Stefan De Jaeger s'en est retourné à ses muses d'autrefois, femmes sensuelles, intemporelles et éternelles mais gageons que les masques d'Afrique ont laissé en lui une empreinte indélébile ; cette histoire n'est pas terminée...

© Stefan De Jaeger

Masque Pende, République Démocratique du Congo (Musée Royal de l'Afrique Centrale, Tervuren) © Stefan De Jaeger

Contacts et autres informations

Biographie de Stefan De Jaeger

Stefan De Jaeger est né à Bruxelles en 1957.Il a étudié à La Cambre et a commencé ses compositions polaraïds en 1978. Jusqu'à présent cette démarche constitue la majeure partie de son travail bien qu'il n'ait jamais complètement abandonné la peinture. Il a présenté de nombreuses expositions en Europe et aux Etats-Unis.Plusieurs ouvrages et articles lui sont consacrés. Certains de ses tableaux sont visibles à la galerie Bernard Cats de Bruxelles.

Quelques mots sur Anne-Marie Bouttiaux

Anne-Marie Bouttiaux est conservateur adjoint, section d'ethnographie Responsable des Exposition itinérantes. Elle est actuellement commissaire de l'exposition L'Autre Visage présentée au Musée Royal de l'Afrique Centrale, à Tervuren. Pour plus d'informations, consultez la rubrique des participants.

Autres articles d'Anne-Marie Bouttiaux consultables sur le site d'Afrique virtuelle :

Masques d'Afrique portés : Contexte traditionnel du recours à un autre visage.
Article également publié dans la revue De Facto, Bruxelles, Edition De Facto, N°15, pp. 26-31.

Masques d'Afrique exposés : Chefs-d'oeuvre de la collection Barbier-Mueller.
Article également publié dans la revue De Facto , Bruxelles, Edition De Facto, N°15, pp. 33-43.

 

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