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LES FONDEMENTS CULTURELS DE LA MONDIALISATION > L'ART, LE CLIMAT ET SON CHANGEMENT > Au bonheur des saisons. Voyage au pays de la météo
   



Au bonheur des saisons. Voyage au pays de la météo


La Soudière, Martin de, Paris, Grasset, 1999, 379 p. (compte-rendu par Julien Knebusch)

À la suite de ses ouvrages sur les saisons 1, Martin de La Soudière, ethnologue de métier, nous offre une nouvelle chronique météorologique sensible sous la forme d’un « journal météorologique ». Dans ce livre, véritable pot-pourri météorologique, l’auteur vise « une tentative d’épuisement de la météorologie » là où elle apparaît, dans tous ses aspects, pour lire « la ville – la vie – à travers elle ».

C’est à la fois une ethnologie, anthropologie, sociologie et phénoménologie du temps que nous propose l’auteur, sans aboutir>par exemple à une phénoménologie de la météorologie ou aux enquêtes sociologiques classiques stricto sensu. Le résultat visé en est un autre ; il s’agit au cours de ce « voyage au pays de la météo », de décrire notre « culture météorologique » et partant de nous sensibiliser à la météorologie prise sous des angles divers. À ce propos, l’auteur invente et inventorie notamment tout un lexique (la « météosensibilité », un mot de son cru) et un trésor d’expressions (comme « un temps crispy » de l’anglais pour signifier un temps « très clair », « craquant », « vivifiant »). Les sources utilisées sont très variées : des bulletins météo des journaux aux paroles happées dans la rue, en passant par les magazines, les dictons populaires, la littérature, les lettres familiales, etc. C’est une façon d’épouser un sujet qui nécessite par définition un sens de la variante et de la variation. Le rythme de la lecture s’en ressent quelque peu, l’accumulation de descriptions, d’anecdotes et d’historiettes ne facilite guère la lecture de l’ouvrage.

L’un des principaux apports de ce livre est sans doute de nous montrer qu’en évoquant la météorologie ou le climat, nous parlons rarement seulement de météo ou de climat, mais aussi d’autre chose, d’une morale intrinsèque (« Il fait trop beau pour la saison … on va le payer ») ou d’un tiers : nous-mêmes ou les autres, la météorologie servant bien souvent à parler de nous, et le climat des autres (cf. le chapitre « Beaux jours »). À cet effet, l’auteur s’emploie à la fois à distinguer des traits généraux et universels (du moins occidentaux) de notre culture météorologique - « notre tendance à nous plaindre » du temps qu’il fait - et à nuancer ses descriptions, essentiellement en fonction des différentes régions françaises. Un point lui tient particulièrement à cœur : éviter l’écueil du lieu commun de la « fin des saisons ». Ainsi, il préfère ne pas opposer la météosensibilité des « urbains » à celle des « ruraux », point de vue qui serait fondé sur le lieu commun de la perte de repères climatiques des urbains.

L’auteur rappelle à juste titre ces lieux communs « intemporels » dont nous héritons depuis l’Antiquité comme la « fin des saisons » et qui caractérisent notre culture météorologique. Aujourd’hui, il conviendrait sans doute de commenter plus en profondeur les ruptures de notre rapport au temps liées à l’avènement de la société de consommation et aux réelles, brutales et profondes ruptures climatiques actuelles. Les neiges, cyclones, sécheresses constituent déjà des changements réels pour nombre d’habitants de la terre et l’auteur le rappelle lui-même à propos de la médiatisation de phénomènes tels que la fonte des banquises et glaciers. Il serait intéressant de creuser l’analyse de ces ruptures en essayant de comprendre en quoi et pourquoi ces phénomènes altèrent notre culture météorologique et surtout induisent probablement un changement de notre idée même du climat et du temps qu’il fait.

1 - La Soudière, Martin de, « La météo ou le souci du lendemain : curiosité, obsession, passion ? », in Passions ordinaires, ss. dir. de Christian Bromberger, Paris, Bayard Edition, 1998, pp. 219-239.

La Soudière, Martin de, « Lexiques de la neige. De la neige savante à la neige parlée », in La Banque des mots. Revue de terminologie française, Paris, Conseil international de la langue française, 48, 1995, pp. 23-40.

La Soudière, Martin de, « Ecrire l'hiver », in Communications, 58, "L'écriture des sciences de l'homme", 1994, pp. 103-118.

La Soudière, Martin de, « Les couleurs de la neige », in Ethnologie française, 20, 4, 1990, pp. 428-438.

La Soudière, Martin de, L’Hiver, à la recherche d’une morte-saison, Lyon, La Manufacture, 1987, 270 p.

La Soudière, Martin de/Larrère, Raphaël, Cueillir la montagne, Lyon, La Manufacture, 1987, 254 p.



© Leonardo/Olats, juillet 2008
   



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