Book of Shadows

Simon Biggs, 1996
2 Rufus Street, London N1 6PE
tel : 44/171/739 3157 Ð fax : 44/171/739 3175
PC - Macintosh

Ce CD-ROM vient accompagné d'un petit livre, trés élégamment conçu, avec des textes de Steven Bode, Rudolf Frieling et Sean Cubitt. Il présente une sélection d'oeuvres de Simon Biggs, dans une sorte de catalogue/exposition composée de quatre chapitres - Installations, The Operating Room, Soft Room, Book of Shadows- et d'une biographie détaillée de l'artiste.

Chaque chapitre est un peu un morceau du puzzle de l'univers et des créations de Biggs qui reposent sur la fragmentation, les couches d'images et de références intriquées les unes dans les autres en autant d'éléments symboliques multiples. Biggs associe les savoirs -et leurs représentations- d'une culture passée avec ceux de la techno-culture contemporaine : l'histoire de l'art, et notamment la représentation médiévale, s'y trouve mélée avec une imagerie médicale actuelle.

Le corps, le Moi, le langage, l'identité -et leurs représentations symboliques- sont au coeur de son oeuvre. Entre le Livre des Morts et un hypothétique "Livre des Vivants", il propose le Livre des Ombres (Book of Shadows) où corps et esprit sont réunis mais où aucune vision globale nous est perceptible, seulement des fragments ; fragments du corps intérieur (images médicales et scientifiques) et de l'enveloppe externe (bouche, yeux, pieds, mains), fragments d'une cosmologie (anges, démons, morceaux de textes).

 Dans ses installations, le corps du spectateur (et son mouvement) sert à révéler, de maniére subtile, les éléments de l'oeuvre, comme en écho, en miroir, des corps projetés. L'ombre est-elle celle que l'on voit sur l'écran ou bien notre propre corps ?

Cette implication corporelle du spectateur est largement perdue dans le CD-ROM. L'interaction légére qui prenait son sens dans les installations devient largement incompréhensible ici. Book of Shadows est un produit intermédiaire : ni présentation descriptive, ni retravail des oeuvres pour le support, il ne permet pas de comprendre ou d'avoir une connaissance didactique et informationnelle des installations, pas plus que d'avoir une perception esthétique de la création de Biggs.

Le découpage des chapitres reste par ailleurs un peu mystérieux.

Extraordinairement élégant dans sa conception (notamment dans l'utilisation magistrale du noir et blanc), il est un instrument utile pour ceux qui connaissent le travail de l'artiste mais reste frustrant pour les autres.