Liquidation
AUTEURS
• Scénario et réalisation : Michel Lefebvre, Eva Quintas
• Texte : Michel Lefebvre
• Photographie : Eva Quintas
• Musique : Papa Boa, Martin Tétreault, Choeur Mrutra Mertsi
• Logiciel PRoman : Alain Bergeron
Les produits logiques LopLop inc.
PRODUCTION
Productions Sous le manteau, 2001
Version originale française Macintosh™ et Windows™
Version sous-titrée anglais Macintosh™ et Windows™ ISBN - 2-9806579-1-3
AgenceTOPO : http://www.agencetopo.qc.ca/
Vitrine : http://www.agencetopo.qc.ca/vitrine/index.html
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Liquidation, capture d'écrans
© les auteurs du cd-rom
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Le professeur Morgane se fait voler une mallette qui pourrait révolutionner le sort de milliers de malheureux. Cette mallette contient ses carnets de poésie combinatoire dont les développements auraient ruiné l’emprise tentaculaire de la Corp. sur le petit peuple indigent. L’agenceTOPO est chargée de mener l’enquête, dans un décor de ville en faillite. Voilà pour le cadre narratif.
L’esthétique du roman-photo, convoquée comme code référenciel —les acteurs surjouant volontiers leur rôle—, les textes farcis de clins d'yeux aux genres du roman policier, du roman social, mais aussi du roman d’anticipation, sont la base du CD-Rom Liquidation – qui n’est en fait que l’une des occurrences d’un travail vraiment plurimédia, puisqu’il comprend radio, scène, photo, écriture, etc… On pourrait penser, au simple énoncé du synopsis et de l’environnement de ce travail que l’on va avoir droit au récit dans le récit, à la mise en abyme, à la démarcation intelligente, bref à tout ce qui fait l’ordinaire d’une production littéraire savante, depuis, allez…disons pas loin d’un demi-siècle. Et d’une certaine façon, ce ne serait pas tout à fait faux. Les acteurs se sont fait, comme on dit, « la tête de l’emploi ». Ils font la "bourgeoise", "l’évaporée", "l’agent trouble", la "brute capitaliste", en forçant les traits. Leur diction est volontiers théâtrale. Ils savent qu’ils jouent dans une fiction intelligente, déconstruite, et nous aussi nous le savons, et nous savons qu’ils savent. Pourtant, si l’on en restait là, on passerait à côté de ce qui fait l’originalité de ce travail, qui se tient d’une part dans l’accompagnement du CD-Rom, tout le paratexte de présentation, et d’autre part dans la navigation. A ce jour, à ma connaissance, Liquidation constitue l’exemple le plus accompli d’une exploration des différentes formes de narration à l’intérieur du même support. Que l’on juge : le lecteur a tout débord le choix de naviguer dans le CD-Rom en mode image/son, ou image/texte/son, ou image/texte. Ensuite, il a surtout le choix entre une lecture séquentielle et une lecture combinatoire. S’il opte pour la lecture séquentielle, qui pourrait lui paraître dans un premier temps un choix plus sage, celle-ci ne lui livrera certainement pas toute l’histoire par séquences, qui se suivraient comme un petit train. Il devra, pour chaque chapitre du récit, choisir lui-même les séquences en cliquant sur une icône. Dès qu’il aura lu/vu/entendu une séquence, dès qu’il aura repéré un ou plusieurs personnages, il organisera lui-même sa lecture en cliquant sur les autres icônes, comme dans un jeu de piste. Quant à la lecture combinatoire, c’est le clou de ce CD-Rom ! Si l’on choisit ce mode de navigation, on doit encore choisir la durée de la narration voulue, en agissant sur un curseur temporel. Navigation courte, et l’on aura droit à de désopilants disjonctages du texte, puisque celui-ci est composé en temps réel par l’interface du CD-Rom et que forcément des raccourcis vont devoir être pris ! Navigation longue et on connaîtra toute l’histoire, ce qui ne veut pas dire que les choses deviendront plus claires. Pour avoir essayé les deux types de narration, séquentielle et aléatoire, j’avancerai que c’est tout l’intérêt de ce CD-Rom que de pouvoir confronter les mêmes passages sous deux modes narratifs différents. Est-ce la même histoire, que l’on a vue/lue/entendue dans l’une ou l’autre navigation ? Est-ce que la confrontation entre les deux modes est éclairant ? La question est posée, et c’est sûrement sur ce terrain-là que Liquidation nous attend : dans la mise en évidence de notre addiction au jeu intellectuel, qui nous fait préférer la fiction décalée, certes bavarde, parfois même agaçante dans l’intelligence qu’elle nous prête, mais tellement plus intrigante, tellement plus stimulante. Enfin, le paratexte, à peine évoqué dans cette présentation, devra être lu attentivement par l’utilisateur de ce CD-Rom : c’est un véritable "making-off" qui nous est livré, dont certaines clés ouvriront des portes, derrière lesquelles il y aura de nouvelles portes…pour lesquelles nous seuls avons les clés. Xavier Malbreil
© Leonardo/Olats, avril 2005
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