Portrait One est l'adaptation sur CD-ROM, excellemment réussie, de l'installation de 1990, du même nom. Le visage de Marie apparaît sur l'écran. Nous avons le choix entre trois questions, Marie répond. Et à nouveau trois autres questions possibles. Au premier abord, il s'agit d'un dialogue entre un personnage de fiction (ou peut-être réel) et nous-mêmes. En fait, par cette oeuvre remarquable, Courchesne renouvelle le genre du portrait en utilisant les moyens de son époque : l'hypermédia et l'interactivité. Un portrait est supposé rendre compte de l'identité et de la personnalité de l'individu représenté. Dans la peinture et la photographie, nous scrutons chaque détail pour tenter de décrypter, de retrouver l'être vivant derrière l'immobilité, le moment figé du temps. A chaque fois, il se dérobe, reste plus ou moins énigmatique.

Courchesne écrit : un portrait est le témoignage de la rencontre entre l'auteur et le sujet. Si dans un premier temps, il nous donne l'illusion que nous sommes face à l'être vivant, complexe, bien vite nous comprenons qu'en fait nous nous immisçons dans une relation qui ne nous concernait pas. Et nous nous retrouvons, comme dans le portrait classique, à scruter chaque détail, à mener une enquête par l'intermédiaire d'un faux dialogue, pré-déterminé. A la fin du parcours, Marie est tout aussi mystérieuse. Nous n'avons pas rencontré l'être vivant mais une représentation morte. Au passage, nous avons appris sur nous-mêmes, la façon dont nous sommes prêts à questionner les autres pour savoir qui nous sommes.