Slippery Traces
George Legrady
1996, Artintact 3 - ZKM
Cantz Verlag - Senefelder Strasse 12 - 73760 Ostfildern - Fax :
00/49/711-440 52 20
PC - Macintosh
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Slippery Traces est constitué de 230 cartes
postales des années 50/60 regroupées en 24
catégories (nature/culture, colonialisme, le future,
l'industrie, etc) et relevant, en outre, de plusieurs
thémes. Des zones actives (environ 5 par carte)
relient les cartes entre elles selon les thémes et
catégories.
On navigue ainsi, de carte en carte, sans vraiment plus
d'indication que ce qui retient notre attention dans
l'image. Le lien sémantique est quelquefois
ténu : couleur rouge, forme ronde, etc.
Derriére son aspect léger de tour du monde
depuis sa chambre (... ou son bureau), Slippery Traces
est une oeuvre extrêment riche, faite de couches
de sens entrelacées et de questionnements sur la
société de l'information, ou de
l'informatique, et le rôle des images.
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Slippery Traces est en premier lieu une navigation dans une
base de données constituée d'images. Rien que
d'habituel. Mais par la structure même de la circulation dans
les informations, Legrady nous oblige à
réfléchir sur l'organisation de telles bases et donc
les sous-bassements intellectuels, culturels, idéologiques que
cela suppose, tout en nous laissant la possibilité d'un voyage
personnel, libres au sein d'un monde construit.
Le choix de la carte postale comme matériau de base n'est
pas innocent. Considérée comme relevant d'une culture
populaire, sans aspect artistique ni de contenu propre, elle est
largement méprisée et ignorée. La carte postale
ne serait qu'une image, une reproduction du réel, de mauvaise
qualité esthétique de surcroît. A travers cette
sélection, Legrady déploie devant nos yeux le panorama
culturel et idéologique de la vision du monde du milieu du
20éme siécle occidental.
Enfin, il interroge l'acte de regarder et de voir une image,
apparemment aussi insignifiante que la carte postale. Slippery
Traces ne nous permet plus de regarder ces images comme une
unité, la représentation de quelque chose. Nous les
scrutons pour en dégager les zones sensibles, tenter d'en
saisir le sens et de comprendre le lien qui nous conduira à la
suivante. Nous nous interrogeons sur le choix par l'artiste de rendre
telle partie active. Nous sélectionnons la portion qui nous
intrigue mais le plus souvent qui nous séduit. Insensiblement,
nous nous laissons piéger par le jeu de la découverte,
les joies de la surprise, par le voyage imaginaire.
A tout moment, nous avons la possibilité de voir, en
diaporama, notre parcours. Cet "historique", qui nous donne d'une
certaine maniére la possibilité d'une vision globale
des cartes, refléte notre propre regard, notre lecture des
images, notre attitude et notre perception du monde, d'un monde
iconographié.
Annick Bureaud <bureaud@altern.org>
- Février 1998.
! Les images présentées sont des captures d'écran. Elles sont protégées par le droit. Pour toute reproduction, contacter les auteurs et/ou les éditeurs du cd-rom.
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