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SPACE AND THE ARTS > BIBLIOGRAPHIE > LIVRES > La seconde chance d'Icare. Pour une éthique de l'Espace
   



La seconde chance d'Icare. Pour une éthique de l'Espace


ARNOULD Jacques, Les Editions du Cerf, Paris, 2001, 230 p., ISBN 2-204-06864-0


Jacques Arnould est prêtre dominicain, ingénieur agronome et docteur en histoire des sciences et en théologie. Actuellement il est chargé de mission au sein du CNES (Centre national d'études spatiales) pour réfléchir sur la dimension éthique, sociale et culturelle des activités spatiales. Sa recherche sur l'Espace, dont La seconde chance d'Icare résume en quelque sorte le fruit de son expérience actuelle au sein du CNES, se situe dans la continuité de ses travaux précédents dont le fil rouge s'articulait autour de la question de l'évolution humaine qu'il avait le mérite d'aborder d'un point de vue à la fois scientifique, historique et théologique.

La seconde chance d'Icare répond d'abord à un besoin d'information primaire. Les programmes spatiaux se sont fait en effet jusqu'à présent dans l'ignorance des questions philosophiques et de la société en général. Publié avec le concours du CNES, un tel ouvrage doit aussi être considéré comme s'insérant dans la nouvelle stratégie de communication des agences spatiales. Il vise essentiellement, par une publication destinée au public, à démocratiser les questions relevant de l'Espace et à justifier la raison d'être des agences spatiales.

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Dans son analyse, l'auteur accorde une place de choix (c'est le chapitre le plus long) aux différents ressorts - mythiques, logiques (guerre et connaissances) et pratiques (l'espace utile) - de l'entreprise spatiale. Arnould réinterprète le mythe d'Icare et en fait moins un récit moralisateur, qui mettrait en garde l'orgueil humain, qu'un récit réaliste, qui répond à un besoin de fuite de l'homme. Aujourd'hui ce mythe serait particulièrement d'actualité alors qu'un nombre croissant de personnes (dont ceux qui défendent la "préférence spatiale") voient dans l'Espace un moyen de remédier aux différentes crises sur notre Terre.

Puis l'auteur résume les grands chapitres du questionnement éthique que soulève l'Espace, à savoir d'abord la pollution avec la question des débris spatiaux ; et la question de la gestion du risque de l'entreprise aérospatiale apparue avec l'explosion de Challenger. Ensuite il aborde le droit et la question de la définition et de l'Espace et de son statut de patrimoine mondial. Le développement de l'activité des entreprises dans l'Espace pose la question du type de gestion de l'Espace, capitaliste certes, mais avec quels aménagements ? Arnould soulève aussi la question de la responsabilité de l'Espace dans le développement de la mondialisation via les images satellites, et les développements des techniques de communication ; ainsi que son corollaire qu'est la surveillance électronique planétaire. Enfin l'auteur rappelle les débats que soulève l'astrobiologie, à savoir la gestion du risque de la contamination planétaire et les problèmes éthiques soulevés par le terraforming. Finalement il aborde la place de l'homme lui-même et de son droit moral à conquérir et explorer l'Espace.

L'auteur ne souhaite répondre à toutes les questions qu'il soulève dans ces chapitres et préfère préciser le débat. Il rappelle deux grands principes juridiques et moraux qui pourraient guider l'entreprise spatiale aujourd'hui, c'est-à-dire le principe de responsabilité (Hans Jonas), et le principe de précaution, plus récent et actuellement validé dans la communauté juridique. Ces principes, selon l'auteur, ne doivent pas immobiliser l'entreprise spatiale mais la continuer dans une prise de conscience claire des risques, acceptés par tous démocratiquement.

Ce questionnement éthique s'inscrit pour Arnould dans la continuité du questionnement humaniste qui vise selon lui essentiellement à "dilater" l'homme à son monde et à "concentrer" le monde en lui. L'humanisme serait alors aujourd'hui un "humanisme spatial", puisque l'humanité "vit" de nos jours l'Espace.

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Il n'existe pas à ce jour véritablement de synthèse sur toutes les questions éthiques que soulève l'Espace, et qui soit accessible au public. Là réside certainement un apport important de cet ouvrage.

Il aurait été intéressant, puisque l'auteur rappelle lui-même la dimension philosophique du questionnement éthique, d'avoir plus de rappels et détails sur la question de l'Espace dans la philosophie contemporaine, en commençant par les classiques tels que Hannah Arendt ou Heidegger par exemple.

La redéfinition par l'auteur de l'humanisme à partir du "spatial" , poursuivie ailleurs autour de "l'humanisme astronautique" d'Arthur Woods par exemple, ne va cependant pas sans poser problème aujourd'hui. D'abord pourquoi l'humanisme se redéfinirait-il par rapport à la question de l'Espace ? En effet, en quoi le questionnement éthique soulevé par l'Espace est-il différent de celui soulevé par la science et les technologies en général ? Or, - et cela est une deuxième objection à "l'humanisme spatial" - pour des penseurs, tels que Michel Serres, les sciences et technologies d'aujourd'hui remettent en cause l'humanisme lui-même.

 

Compte-rendu par Julien Knebusch
5 décembre 2001
julien.knebusch@free.fr



© Leonardo/Olats & J. Knebusch, décembre 2001
   



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