Nommo, le génie d'eau. Paroles Dogon, Tellem & Nongom
Jacky BOUJU
Anthropologue
M.M.S.H.-Université de Provence
SHADYC-UMR 8562.
" Portrait du Binu "
© Jacky Bouju |
" L'eau c'est le premier " enfant de la nature ". C'est ainsi que nos parents disaient lors des veillées, car elle englobe tout, et rien n'est visible ajoutaient-ils. C'est l'eau qui tient l'homme. Si tu fais trois jours sans boire tu meurs. Avant l'eau était plus importante que la nourriture. " : B.D., un vieux cultivateur warma du village de Thiou.
Les extraits d'entretiens qui constituent l'essentiel du texte qui suit témoignent de l'importance bien réelle d'une vieille civilisation de l'eau en milieu dogon. Les conceptions culturelles de l'eau qu'ils expriment renvoient à une représentation " traditionnelle " du monde dont il faut savoir qu'elle est de moins en moins connue et partagée par les jeunes générations.
En effet, depuis une quarantaine d'années, l'ampleur et la systématicité des migrations dogons de longue durée vers le Ghana d'abord puis vers la Côte D'Ivoire ensuite, des migrations intérieures aussi qui ne cessent de s'intensifier vers les grandes villes : Bamako, Ouagadougou, Sikasso, Bobo-Dioulasso, Mopti, San, Ségou, Koutiala, etc. et enfin l'ouverture du pays dogon au tourisme, ont renforcé de manière irréversible le processus de conversion aux grandes religions monothéistes : l'islam en premier lieu et dans une bien moindre mesure le protestantisme.
Cette évolution, irréversible, se fait évidemment au détriment du culte des ancêtres et de la tradition clanique auxquels était associée une conception de l'univers naturel dont on a des raisons de penser qu'elle était très largement partagée dans l'univers culturel mandingue.
On sera étonné, peut-être, de constater à quel point, dans cette culture paysanne en voie de disparition et consciente de l'être, les identités collectives, les cultes locaux et le système d'autorité étaient étroitement associés au contrôle de l'eau et à sa conservation qui permet la perpétuation de l'existence collective. Ce contrôle était à la fois
- social : à travers les interdits d'accès aux puits sacrés qui frappaient certaines catégories de personnes :
- politique : le contrôle des sources d'eau est au cœur de l'histoire des formations politiques locales et des hiérarchies de pouvoir :
- rituel : à travers les rites de pluie ou de purification annuels.
J'ai pris le parti de laisser la parole aux Dogon1, en me contentant d'intervenir pour éclairer ou commenter des points qui pourraient demeurer obscurs à la compréhension des lecteurs qui ne connaissent pas cette société ouest-africaine.
" Nommo tient l'eau et l'eau tient l'homme "
" C'est l'eau qui tient l'homme. Si tu fais trois jours sans boire tu meurs. Avant l'eau était plus importante que la nourriture. L'affaire des trous dans la terre est une affaire de vie, car si tu creuses un puits, les vies peuvent être en danger. Les puits sont animés par des êtres invisibles auxquels on offre des sacrifices, ce sont les nommo et les nyerum2. " : Homme du village de Thiou-nongou.
" C'est le nommo qui tient l'eau. Pour qu'il y ait de l'eau, il doit y avoir un nommo dans le puits. Celui-ci cohabite sans problème avec les génies nyérum. Mais nous, à la saison de korsol (saison des pluies) on doit faire leur sacrifice à part. Il n'y a pas d'eau sans nommo. Qu'une mare soit petite ou grande, si le nommo est dedans, l'eau ne finit pas vite. Et si dans un lieu, l'eau ne tarit pas c'est qu'il y a un nommo en ce lieu. Par contre, si la " chose de l'eau " quitte le puits, il ne va pas tarder à tarir. " : Akuso Warmé, chef du quartier Nonkun
" L'eau, c'est un monde à part, les êtres les plus extraordinaires et les plus puissants vivent dans l'eau. Ce monde est ambivalent. Par certains de ces éléments, il est identique à celui que nous vivons mais par d'autres, il est fort différent. Nous le respectons aussi. Les " choses de l'eau ", ce sont le " génie d'eau " nommo, le " silure " bagu, le " python " luro-na , le " crocodile " aya . Si un crocodile est trop vieux, il capture les gens et il les " bouffe "; le silure et le python aussi. Mais cela n'arrive que là où il y a de grandes eaux. Le python, s'il devient vieux, il peut se transformer en nommo et quand il devient vieux, ce n'est pas bon de le tuer. " : B.D., un vieux cultivateur warma du village de Thiou.
" Dans toutes les eaux il y a quelque chose, mais si tu vois que l'eau ne tarit jamais, c'est qu'il y a une " grande chose " qui se trouve dans l'eau. Mais nous les gens communs on ne peut pas voir ce qu'il y a dans la mare, " on est gâté ", tandis que les gens accomplis (les initiés) ils peuvent voir le nommo. Transgresser les interdits du nommo ou ne pas lui faire les offrandes prévues c'est lui manquer de respect et l'offenser. " : B.D., un vieux cultivateur warma du village de Thiou.
Si tu ne demandes pas à l'eau sous forme de sacrifice, les nommo et les nyerum ne vont pas laisser les gens en paix. C'est pour leur demander de nous donner l'eau qu'on leur fait des offrandes. L'année dernière, le puits du village " a mangé " notre enfant, aussi on y a fait des sacrifices à toutes les choses qui s'y trouvent. Ce n'est pas le " trou ", moro qui est en cause, ce sont les nommo et les nyerum qui y sont : c'est l'eau! " : Homme du village de Thiou-nongou.
Les nommo, avatar des ancêtres immortels
| " Nous les Dogon, nous considérons les nommo qui sont les habitants de l'eau. S'il n'y a pas d'eau c'est qu'il n'existe pas de nommo. " : K.O., chasseur-guérisseur à Bandiagara | |
Nommo & binu
Il faut savoir que le génie de l'eau, nommo, est à l'origine d'un culte dogon très important : le culte du Binu qui trouve une partie de son explication dans le mythe dogon d'origine de la mort3. À l'origine, avant que n'apparaisse la mort, les hommes se transformaient en nommo puis, ils se métamorphosaient en python et se réfugiaient dans une mare ou dans une grotte.
Quand la mort apparut, ces ancêtres du temps passé qui n'avaient pas subi la mort revinrent pour assister leurs descendants4. Ces ancêtres, les Binu, prirent leur forme animale (python, crocodile, etc.) pour se présenter à un de leurs descendants auquel ils donnèrent une perle de pierre en signe d'alliance. Celui qui a reçu la perle est ainsi devenu le premier responsable du culte du Binu.
L'espèce animale en laquelle l'ancêtre immortel s'est métamorphosé5 est devenue " sacrée " ba-dama pour tous les descendants de l'ancêtre Binu fondateur du clan6. Chaque individu du clan est ainsi sensé avoir un " double " appartenant à cette espèce. Ce double " totémique " naît le même jour que lui, grandit et vieillit en même temps que lui et réciproquement. C'est une sorte de jumeau7, avec lequel il partage un principe spirituel8. La sacralité de l'animal totémique est ainsi liée à la genèse d'un clan dogon différent des autres. Par contre, ainsi qu'en témoignent les extraits qui suivent, pour chaque clan, le nommo des autres clans est un être dangereux.
Les génies d'eau des voisins
Lõmmo, le génie d'eau des Nongom de Loroni
T. Warme du village de Toroli au Mali, confirme que l'arc-en-ciel lõmmo est la trace du grand serpent, le dyõn, qui est leur totem clanique :
" Seul, le python dyõn fait l'arc-en-ciel, c'est un serpent spécial, il a une corne et il est interdit de le tuer. Il vit dans les marigots, les mares, les puits, il est sacré… Sous sa forme humaine, celle d'une jolie femme, et il a donné naissance à " une race " de gens qui habitent à Koro au Mali ".
A Loroni en pays samo9, le génie d'eau existe aussi. Là-bas, l'arc-en-ciel s'appelle aussi lõmmo et c'est un " grand serpent " dyõn-zendey ou dõm-zendey :
" l'arc-en-ciel lõmmo sort de terre par la bouche des anciens puits10. Quand le " serpent ", dyõn reste longtemps sous la terre, il finit par lui pousser des cornes ; c'est alors qu'il devient le " grand serpent " dõm-zendey capable de creuser un puits pour sortir de terre et monter dans le ciel sous la forme de l'arc-en-ciel lõmmo et on peut le voir dans les nuages quand il pleut. "
Domfé, le génie d'eau des Tellem
Le génie d'eau des Tellem (Kouroumba) présente les mêmes caractéristiques que celui des Dogon. Il est dénommé Domfé, et sa forme habituelle est celle du serpent-python. Il est considéré comme le maître du vent, de la pluie et des récoltes11 :
" Dieu a donné le mil au Domfé qui est descendu sur terre avec la pluie et le vent. Ayant mélangé les graines à la pluie et au vent, il les a jetées sur le sol. " (Griaule, 1941 :7).
Pendant la saison sèche, il gîte dans les fourmilières, les termitières, les trous de baobabs et dans les endroits où la terre est salée. Pendant l'hivernage, il sort de ces trous et s'installe dans l'arc-en-ciel avant d'entrer dans les mares et les puits avec la pluie. Pendant la saison froide, il habite les monts rocheux et chaque colline à le sien. Il commande à toute une région où il est le maître du vent. Il se transforme en animal domestique (mais jamais en animal sauvage), en personne humaine ou en calebasse. Il est aussi le maître de tous les animaux vivant dans l'eau.
Chaque génie d'eau protège ses ressortissants contre les attaques des autres génies d'eau qui essayent de les attirer dans leur mare où ils vont boire leur sang. En effet,
" S'il a faim et que personne ne lui a offert de nourriture, il attire au fond de l'eau ceux qui viennent puiser, les mange ou boit leur sang en leur perçant les narines. " (Griaule, 1941 :8).
Nommo : une entité ambivalente
" Le nommo et le python sont pareils. En saison sèche, les nommo émigrent vers les " baobabs creux " qui retiennent l'eau, et là ils se transforment en pythons. Si tu grimpes dans un baobab, il faut taper koy, koy, koy, comme ça, le python-nommo sait que c'est un être humain qui vient et il se cache ; toi tu peux puiser ton eau, il ne te fera rien et tu pourras redescendre tranquile. Sinon, tu peux le surprendre et alors l'eau va se soulever et tu vas tomber du baobab comme un margouillat ! " : Akuso Warmé, chef du quartier Nonkun
" Il y en a des bons et des mauvais. Les mauvais sont ceux qui prennent les vies humaines. Quand des nommo se trouvent dans une eau étrangère où ils ne sont pas acceptés par les nommo résidents, ils sont chassés par cette eau et les résidents, mécontents, tuent les hommes ressortissants de ces nommo étrangers, qui viendraient à croiser leur chemin. " : K.O., chasseur-guérisseur à Bandiagara
" La bague en métal rouge est l'interdit de l'eau. Si tu rentres dans une mare avec une bague rouge tu ne peux pas ressortir à moins d'ôter la bague de ton doigt car le nommo n'aime pas ça. Il n'aime pas non plus les habits rouges, les bracelets rouges et bien sûr, la potasse. On ne sait pas pourquoi, mais il n'aime pas le rouge. Si le nommo se montre à toi, il ressemble à l'homme blanc : il est rouge, son cou est long, il a un beau cou, c'est très joli ! " Akuso Warmé, chef du quartier Nonkun
Les sacrifices au génie d'eau
Les rites de pluie
" En ce qui concerne les rites relatifs à l'eau, c'est tout à fait normal car ceux qui nous donnent l'eau, les nommo, nous le demandent. Si tu veux bien voir, partout où on les oublie, il n'y a pas assez d'eau et par conséquent il n'y a pas de vie. Dans la " tradition " dogon atem, quand on habite près d'un cours d'eau, on est voisin du génie d'eau et pour s'entendre avec lui il faut lui donner quelque chose. Ainsi, c'est parce qu'ils ont un pacte ancien avec les génies du marigot Yamé que les gens de Sokolo sont les premiers à commencer les rites. Dans mon enfance, deux jours après les rites au Yamé on avait la pluie. Cela voulait dire que la prière avait été bonne et que Amma-ogona et les nommo étaient satisfaits. Maintenant on ne comprend pas, il faut attendre des jours et des semaines pour voir la pluie. " : A.S., un voyageur originaire de Bandiagara.
" Entre les hommes et le nommo c'est la même chose, il faut donner au nommo la part sacrificielle qui lui revient, sinon il se venge. C'est la femelle nommo qui est la plus méchante car on dit qu'" il faut que la femme meure pour qu'elle sache qu'elle est morte ! " : K.O., chasseur-guérisseur à Bandiagara
Le grand rite : l'inversion des Yayerem
" S'il y a des problèmes de pluie, on fait des rites particuliers pour faire venir la pluie. On fait d'abord les sacrifices au lewe. Mais s'il y a la sécheresse, c'est une catastrophe. Alors, les gens du village se réunissent devant le togu-na et moi seul " peut lever mon petit doigt " et faire venir la pluie. "
" Tous les autres Dogon du village sont des " étrangers " qui sont venus nous trouver ici. Nos ancêtres étaient au village de Kalo, et ce sont eux qui connaissent l'histoire du village de Thiou-nongou. Ma présence ici aujourd'hui, c'est pour un fétiche. La puissance du puits de éêna est dans son nommo " : Wagum-tigê, Thiou
Ce rite de pluie, un des seuls qui soit public et collectif dans la plaine dogon du Séno, est un rite d'inversion qui a été décrit par plusieurs informateurs. Je livre ici, les descriptions les plus intéressantes :
" Si les précédentes offrandes ne sont pas agréées, alors, les yayerem12 " les femmes venues " viennent chez moi, tapent dans les mains et elles font le tay (cercle de danse avec une au milieu) et moi, qui suis le maître du village, je leur donne le signal d'accomplir leur rite à la mare de Saï buro. Il y a une mare du nommo qu'on appelle Saï buro. Là-bas, elles se travestissent, mettent des pantalongs et des vêtements déchirés, les hommes, les enfants et les autres femmes les accompagnent ; je donne le signal et tout le monde entre dans la mare en piétinant et en battant les tambours et en tapant des mains. Alors, normalement, la pluie " va les laver en les accompagnant à la maison " : Wagum-tigê, Thiou
" Si les précédents rites de fertilité ont échoué et que la pluie tarde trop, alors il y a la sécheresse. Les yayerem se consultent et vont chez le " chef du village " et le " chef de terre " pour réclamer de la nourriture pour manger.
Ces derniers consultent les devins qui trouvent alors la cause du problème d'eau : souvent, ils disent qu'il y a une " âme " kinê qui s'est posée à l'Est du terroir et qui, de là, empêche la pluie de venir.
Cela veut dire qu'une personne " sans nom " est morte, inem bon sara. Une " personne sans non " cela signifie que seul son corps est vivant, mais la personne est morte car elle a perdu son âme qui est partie se caler à l'est du territoire pour empêcher la pluie de venir. Comme elle n'a plus de corps, cette âme ne veut pas se mouiller !
C'est pourquoi les jeunes accompagnés de quelques adultes partent en brousse de bonne heure avec leurs fusils, tambours et sifflets pour chasser l'âme du " mort qui n'a pas de nom " et qui bloque la venue de la pluie. Arrivés à l'est du terroir, ils attrapent l'âme et l'attachent dans des branchages comme si c'était un cadavre à l'intérieur.
Ils retournent au village en tirant des coups de feu, alors les femmes les accueillent et ensemble, ils se dirigent vers le lieu sacré du village, le ana-ma lewe, où ils déposent " l'âme " kinê , tout en tirant des coups de fusil pour éloigner les mauvais esprits.
Le responsable du culte ana-banga se présente avec une calebasse d'eau et un poulet égorgé. Après quoi, les jeunes continuent leur périple en contournant le village par la droite et ils emmènent l'âme à la frontière ouest du terroir où ils la jettent. A la fin de ce rite, il y a toujours un vieux qui meurt : c'est celui qui était le propriétaire de l'âme capturée. " : A.W., Thiou-nongou
Nommo : " le chemin de l'eau "
L'arc-en-ciel
" Nommo fait des couleurs dans le ciel et il descend sur la terre. Pour que l'eau descende dans les mares, il faut qu'elle soit guidée par l'arc-en-ciel. Le nommo veut l'eau, il suit l'eau de pluie pour descendre avec. S'il veut descendre du ciel pour rentrer dans la mare près d'ici toute l'atmosphère devient rouge, les nuages se forment et la pluie va tomber brusquement là où il descend. "
" S'il y a une sécheresse, le nommo quitte sa mare en traçant ses couleurs (rouge ou jaune, bleu, parfois il fait trois ou quatre couleurs) et part descendre dans une autre mare. Mais il fait ça aussi quand il pleut.
Dans l'arc-en-ciel, le nommo mâle est en haut et le nommo femelle en bas, ils s'accompagnent pour atterrir dans une mare. "
" On reconnaît les nommo mâles et femelles par les traces qu'ils font dans le ciel, c'est par le rouge qu'on reconnaît le mâle, il est en haut. Si c'est le mâle qui veut descendre, c'est très rouge. Un nommo femelle peut quitter cet endroit et aller jusqu'à Abidjan se marier dans une eau quelconque. Les nommo mariés restent au même endroit. Le nommo vieillit, comme les nyérum, mais ils ont de très longues vies et tu ne verras jamais le cadavre d'un nommo. "
Les chemins de l'eau
" C'est le nommo qui " trace le chemin de l'eau " ainsi quand les premières eaux arrivent (les fronts d'eau des marigots en crue) on dit qu'il ne faut pas se trouver là parce que nommo ouvre la voie. Il faut attendre qu'il passe et après toi tu peux traverser. Quand il passe, s'il voit un bon trou, il reste dedans, sinon, il continue. "
" Si tu vois que l'eau dure longtemps, c'est que le nommo est installé en cet endroit. En général, le nommo ne rentre pas dans les récipients posés à l'air libre, mais s'il rentre c'est qu'il cherche à attraper une personne. "
Le pacte avec nommo
" Les génies d'eau se déplacent régulièrement d'un lieu à un autre. Si on ne leur offre rien alors ils coupent les liens avec les hommes. " : A. S. cultivateur 1er quartier de Bandiagara
" Le nommo voyage. Le problème c'est quand il part trop longtemps. Dans ce cas, il faut impérativement le faire revenir si on veut avoir de l'eau. Le seul moyen est de lui faire des offrandes et de l'appeler. Alors, si tu vois l'arc-en-ciel c'est qu'il veut rentrer dans une mare ou dans un puits et quand il pleut, il se transforme en bélier et rentre dans la mare. Mais si le nommo n'est plus là, alors le puits peut tarir complètement. "
" Ainsi, le nommo Yabolo de Kaïn, s'il est fâché, il fait ses bagages et s'en va. Alors, les gens commencent à avoir des problèmes pour avoir de l'eau, aussi lui font-ils des sacrifices et des offrandes quand il est là, afin qu'il ne parte pas. Mais il y a des nommo mauvais comme le nommo de Paî-na13 qui part dans la mare de Gim-buro puis à Asukomo. Si quelqu'un est tombé dans un puits et qu'on récupère le cadavre, on enterre celui-ci près du puits. "
" Tu connais l'histoire du nommo de la mare de Kassa ? On dit que certains nommo sont allés à Amani (village de la falaise de Bandiagara) parce que l'ancêtre Andogou qui était entré volontairement dans cette eau pour mourir venait de Amani, ce dernier fut donc accompagné par quelques nommo et c'est pourquoi l'eau est revenue dans la mare de Amani. " : A. S. cultivateur 1er quartier de Bandiagara
Des métamorphoses dangereuses pour l'homme
" En descendant (de l'arc-en-ciel) le nommo se métamorphose en bélier, en taureau, en python, en chien noir et même en poule ou en coq. Mais il peut aussi se transformer en d'autres choses : une bague ou un joli bracelet brillant comme de l'or rouge que l'on peut trouver près de la mare. Mais surtout, il peut se transformer en belle jeune femme au teint rouge (c'est-à-dire très clair). "
" Le nommo peut prendre la forme d'une personne ine giem ou pire encore, celle de ton " camarade " tonwon. Il vient alors chez toi pour t'inviter à se baigner la mare. Arrivé là, il demande que tu entres le premier dans l'eau ; mais lui, dès qu'il entre, il y a de la fumée qui sort de l'eau et il t'attrape et t'entraîne au fonds. "
C'est l'eau qui " boit les gens "
" Le nommo qui veut prendre quelqu'un se manifeste par la fumée sur l'eau. Celui qui attrape une victime, la " boit " (en lui suçant tout le sang par les narines) jusqu'à ce que le corps du malheureux devienne blanc. Enfin si le nommo décide de " bouffer " la personne, alors l'eau devient bouillante. Tant que le nommo n'a pas bu tout le sang de la personne, il garde le corps et personne ne peut le voir. Même l'eau d'une jarre peut " boire " quelqu'un ! "
" Le nommo peut se transformer en plusieurs choses. Ici même, il y a le fils du forgeron qui a été " bouffé " par l'eau d'une jarre : après avoir bu l'enfant, il a jeté le gobelet dans la jarre. Quand sa mère, une potière, est entrée dans la maison, elle s'est mise à crier en le secouant, mais l'enfant était devenu sec. Les gens ont regardé et ils ont dit " la jarre l'a bu ".
La sociabilité des nommo
" Mais le nommo ne " bouffe " pas les gens au hasard. Les nommo se promènent comme les êtres humains et se rendent visite. C'est pour cela que l'on voit souvent des animaux tomber dans l'eau. "
" Ainsi, un nommo d'ici peut partir à la falaise rendre visite à un ami nommo. Si l'autre le reçoit avec un mouton, quand ce sera son tour de le visiter ici, le nommo d'ici devra lui donner aussi un mouton. Mais si c'est une personne du village qu'il a attrapé pour offrir à son ami, celui-ci, en retour devra offrir la même chose. "
Cependant, le cycle de la réciprocité se rompt parfois car certains nommo ne peuvent pas honorer la règle d'équivalence : ils ne veulent pas offrir une de " leur " personnes humaines c'est-à-dire un membre du clan qui est sous sa protection.
Cette fidèlité a pour effet immédiat de rompre la sociabilité entre les nommo, car le nommo qui rend la visite s'en trouve offensé : il dit qu'il préfère retourner le ventre vide plutôt que d'accepter autre chose qu'un être humain à manger. Dorénavant, aucun ne boira l'eau de l'autre et chaque nommo attrapera, s'il le peut, les êtres humains qui dépendent de l'autre.
Nommo ne prend que les " étrangers "
" Normalement, un nommo ne dévore pas un fils du pays qu'il arrose, il ne vient à lui pour le prendre que si ce dernier est " souillé " toma par la " transgression " ligisu d'un " interdit religieux " donwon (tel que manger d'une nourriture interdite ou " qui ne t'appartient pas "). En fait, ça vient de toi, pas du nommo ! "
Ce genre de rupture s'est passée entre le nommo du village de Kaïn et celui du village de Sobangouma qui n'a pas honoré sa promesse, si bien qu'aucune personne de ces deux villages ne va dans la mare de l'autre (même pour se laver les mains ou les pieds). Un dogon Gesum ne peut pas rentrer dans la mare de Sobangouma. Tout ceci, à cause de la " dette " que le nommo de Sobangouma n'a pas remboursé.
Une invitation forcée…
" Si, dans la mare ou le puits, on retrouve de suite une personne prise par le nommo, on peut être sûr qu'elle est morte. Par contre, si pendant plusieurs jours (4 ou 5) on ne retrouve pas le corps du soit-disant noyé, il faut se réjouir car cela veut dire qu'il ne va ni la boire, ni la dévorer; il va la libérer après lui avoir montré ses choses et ses secrets car il sait que la personne ne parlera pas. "
" Car le nommo peut lire dans ton cœur et ta pensée et devine si tu peux ou non garder un secret. S'il doute de ta capacité, il te " gâte " et tu reviens idiot. Quoi qu'il en soit, si le nommo relâche sa prise, on lui fait une offrande : on sacrifie un poulet au puits que l'on enterre juste à côté. "
" La maison des nommo dans l'eau est sans défaut. C'est ainsi que s'ils prennent quelqu'un sans le dévorer, ils mettent la personne dans une chambre. Sa place dans l'eau est faite de sable rouge.
" On le sait parce que les gens qui ont été pris et libérés par le nommo ont raconté (le témoin ne peut raconter qu'une fois, après il ne peut plus parler). Quand le nommo descend avec toi dans l'eau, il ne te boit pas tout de suite. Il t'emmène chez lui et te montre tout ce qu'il a. "
" Mais ça c'était avant. Aujourd'hui, dans ce monde, tout est gâté et si des nommo prennent des gens, ils les tuent. Maintenant tous ceux qui sont pris par le nommo sont morts ou idiots.
Ainsi cet enfant peul du village de Doré qui l'année dernière a été pris et caché par le nommo, il n'est plus lui-même, il ne peut plus parler, il ne fait que baver parce que le nommo a cassé sa langue : il est devenu idiot. "
" On n'est plus comme les vieux d'avant à qui le nommo montrait des choses secrètes en les laissant repartir. Les nommo ont changé, on n'en trouve plus comme avant qui gardaient et redonnaient la personne qu'ils avaient attrapé. "
…qui peut finir mal
" Partout où il y a le nommo, l'eau est forte. Un nommo qui veut prendre une personne cherche à l'attirer en se " transformant " en une chose très belle comme une " lance " saru que tu ne pourras t'empêcher de saisir.
C'est ainsi qu'une femme a trouvé un joli bracelet rouge sur la route, alors elle l'a mis à son poignet. Mais le bracelet l'a progressivement enserrée, elle ne pouvait plus l'enlever : il a bu son sang et elle est morte. Pour pouvoir attraper une victime le nommo manipule l'eau, il change l'état et la forme de l'endroit. S'il ne fait pas ça, il ne peut pas " boire " quelqu'un. "
" Quand il a dévoré une personne, il disparaît immédiatement par métamorphose en poule, mouton ou python. Il y a des nommo rapides et chauds et des nommo lents et frais "
Mais on peut se défendre …
" Dans le village de Kaïn, il y a deux mares proches de 10 cm, mais l'une était plus " méchante " que l'autre : elle " buvait "les gens. Alors, les gens ont jeté des choses dans cette mare : le Nommo est parti et la mare est " morte " ! "
" Le nommo qui se transforme en être humain et vient te rendre visite chez toi pour t'attraper, tu peux le maîtriser, le " gâter " avec profit. Car il peut te donner des conseils et te transmettre des savoirs, surtout des remèdes contre les maladies. "
…et transformer le génie d'eau en être humain
" En effet, le nommo qui veut te prendre cherche à devenir ton camarade et t'invite pour se baigner à la mare. S'il trouve que tu es en train de faire des travaux domestiques, il t'aide à tout faire rapidement. Toi, si tu trouves ça suspect, tu l'observes bien pendant qu'il travaille et si tu n'as pas confiance, tu cherches de la potasse que tu jettes sur lui, ça le " gâte ", ça détruit sa puissance, il dit " oh tu m'as gâté ! ". Après çà, vous êtes devenus les mêmes ; plus précisément, le nommo est devenu un être humain. "
" Moi, j'ai vu un nommo au village de Goro. C'était une femme, elle était très rouge. Elle a été " gâtée " tomu-go et c'est pour ça que son oeil est blessé. Je la connais, elle était nommo, mais elle est venue à la maison et on lui a jeté de la potasse. Ceci l'a transformé en femme humaine. Son hôte l'a prise comme femme, et elle a eu des enfants. Si le nommo se transforme en personne et vient chez toi, il faut être malin et bien regarder les cheveux, le nez, car son nez ne ressemble pas au nez d'un humain et les cheveux sont très lisses, brillants et soyeux. "
" De même, il y a un an, le vieux Nongoba, un vieux Tellem, était assis devant sa porte et une jeune fille est venue lui demander où se trouvait la mare de pay-na et insistait pour qu'un enfant l'accompagne. Or, Nongoba avait remarqué que la fille mettait sa main devant sa bouche pour parler. Alors, le vieux l'a bousculée et lui a dit de repartir. Elle est partie vers la mare où elle a sauté et tout en sautant elle a pris une forme bizarre avec une queue et a plongé dans l'eau. Ce jour-là, tout le village est devenu rouge : la mare était en fureur. "
Il est difficile de conclure ! Mais nommo, la théorie dogon du génie d'eau, souligne l'importance capitale, dans ces régions soudano-sahéliennes, de l'accès à l'eau et de son son contrôle. Parce qu'elle permet, avant tout, la vie de l'homme et la perpétuation du groupe, l'eau est l'objet d'une conceptualisation très riche. Le pouvoir de l'eau et son essence s'expriment ainsi dans la notion de " génie d'eau " qui apparaît comme un symbole majeur de l'identité cultuelle et culturelle des populations sahéliennes comme les Dogon, les Tellem ou les Nongom.
Au niveau local, pour les clans dogons responsables des cultes chtoniens, la perpétuation du culte du binu et donc le rôle qu'eux-mêmes jouent localement, a pour enjeu majeur la préservation ou la modification des positions qu'ils occupent dans la hiérarchie locale du champ religieux. Aujourd'hui comme hier, l'accès à l'eau et son contrôle demeure un problème, à la fois économique et politique, qui conditionne la solidarité des acteurs locaux ou la rivalité qui les oppose. Au centre de cette arène conflictuelle, c'est la reconnaissance contemporaine du rôle historique des " maîtres de l'eau " qui est en jeu et avec elle leur capacité à perpétuer les cultes " traditionnels ".
Notes
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1 - Les entretiens réalisés à Bandiagara ont été effectués et traduits en 1997. Ceux de Loroni, ont été effectués en 1988 en compagnie de Bruno Martinelli. Les entretiens réalisés à Thiou en 1992 ont été effectués par Christine Ricord et traduits sur le terrain avec les informateurs dogons et sous leur contrôle.
2 - Les nyérum sont des génies qui vivent dans les bosquets touffus au bord de gouffres.
3 - cf Griaule, Dieu D'eau : 95.
4 - C'est eux qu'on appelle binu, " parti et revenu ". Il y aurait huit grand binu originels correspondant à huit clans fondateurs de l'ethnie dogon. Un sanctuaire binu ginê existe pour chacun de ces huit ancêtres originels.
5 - Un point remarquable de ce mythe d'origine est la mise en oeuvre d'une théorie transformiste des races et des espèces naturelles dont on retrouve des traces ailleurs. Ainsi, pour les Dogon Tomom, le nommo - qui est décrit comme un serpent légendaire qui a une corne sur la tête, " une sorte de dragon " (Léger : 141) - n'est que le dernier avatar d'une série de métamorphoses qui affectent la race du " serpent " lu'uro : " lorsque le serpent met son petit au monde, c'est un sisan (une couleuvre), quand le sisan a grandi, il devient un dyumè après quoi il se transforme en fhonduwo (un long serpent noir très venimeux), ensuite il se transforme en kolonkondyo (un gros serpent gris-rouge) puis en mini (un python) ; enfin le mini se métamorphose et quand sa " corne " tyila a poussé sur sa tête, il devient un nommo. " (Léger : 175). En résumé, on peut dire que les premiers hommes, nés avant l'apparition de la mort, se transformaient en nommo. Le nommo, dont la forme habituelle est celle d'un grand python cornu, se transforme à volonté en humain ou en animal domestique. Les hommes nés après l'apparition de la mort peuvent se métamorphoser dans leur " double " animal qui peut être un animal sauvage (antilope-cheval, panthère, crocodile, etc.) s'ils le connaissent. Le serpent passe par toutes les formes d'espèces de serpents avant d'achever son cycle métamorphique sous la forme d'un nommo.
6 - au sens stricte de groupe de descendance d'un ancêttre commun.
7 - D'où l'efficacité redoutable de l'ordalie prononcée sur le Binu : " Je mange et si j'ai fait, que je meure ! "
8 - Cette croyance fonde celle de la métamorphose des hommes en animaux.
9 - recueilli le 14/1/88 auprès de Sore Yaro au village de Loroni (en langue samo, samoma).
10 - Comme à Thiou, il y a un puits sacré surum kasna " le puits de la vieille " appelé ainsi car le serpent dõm-zendey y réside. " La couleur rouge y est interdite, les femmes en règles et les jeunes fille ne peuvent pas s'approcher, seules les vieilles femmes et les filles impubères peuvent puiser avec une calebasse, car la poterie est interdite. Dans chaque puits il y a le serpent, sinon l'eau s'en va ! "
11 - Le mil contiendrait la force vitale nyama du génie d'eau.
12 - Il ya les ya-yerem et les ara-yerem. Ce sont " des gens qui n'ont pas honte de faire des choses ". Les femmes ya-yerem attachent de faux pénis sur leur pantalong, et elles dansent avec les hommes habillés en pagnes et disent des choses obscènes; ensuite, ils se promènent. Si on les croise on est obligé de leur donner quelque chose sinon ils peuvent te dépouiller. "
13 - La mare de Paï-na se transforme souvent, elle a l'habitude de se fâcher. Il y a un interdit, une parole donnée à cette mare. La " bouche de tout le village est réunie là-bas " et si on ne la respecte pas, on l'offense et alors Paï-na prend quelqu'un.
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Biographie de Jacky Bouju
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