Dans "A Conversation on Concrete Music and Kinetic Art " avec Pierre Shaeffer, Malina fera plus tard état de ses recherches et de son intérêt seulement passager pour l'art audio-cinétique, constatant la complexité des problèmes qu'il pose, et ses limites.
A partir de 1965, Malina développe le système polaridyne. Il module la couleur grâce à l'utilisation de deux plaques de plastique et de matériaux à lumière polarisante. L'une de ces plaques est rotative. Les changements de couleur sont également obtenues par l'introduction d'un matériau plastique de type cellophane que l'artiste insère entre les deux plaques.
A la même époque, l'Italien Munari travaille sur la lumière polarisée.
1965 - Circles Within Circles - N°964
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"Circles Within Circles"
3-component Lumidyne system
80 x 60 cm
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1965 - The Cosmos - N° 966
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"The Cosmos"
panneau mural décorant le hall de réception
de la maison d'édition Pergamon, Oxford.
Lumidyne System. 65 lampes incandescentes.
55 tubes fluorescents, 29 rotors, et 13 moteurs
synchrones.
250 x 300 cm
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Commentant son oeuvre, Malina écrit :
"We live at a moment in time when, because of man's first steps in exploring extra-terrestrial space, we are more conscious of the universe, both intellectually and visually than at any time since Copernicus led the overthrow of the Earth-centred cosmos. The galaxies, nebulae, stars, planets and moons that we can see with our naked eyes or through magnifying instruments or recorded on photographic plates make up a universe that appears to us as a silent almost static panorama. That is not static, we know, for the Earth, for example, turns on its axis once every twenty-four hours, and it travels around the sun at some 70, 000 miles per hour. There are turbulent storms on the sun, comets zooming through the void and other motions of matter in the far reaches of space.
"It was with these images and thoughts in mind that I conceived, in the spring of 1965, the composition of the kinetic mural " The Cosmos" while watching the construction of the new building of Pergamon Press at Oxford. The mural might be called an expression of "peaceful" cosmos ; not that, in reality, the universe is always so. Events of cataclysmic proportions are constantly occurring. Still man, that fragile creature of the Earth, dares to venture forth farther and farther away from his planetary cradle. The artist, in his turn, is challenged to find aesthetic significance in these experiences or to mock them in despair.
"To give life to the cosmic abstraction in the mural, change of colour with time and controlled motion of light within the composition were essential. Since the mural would be in a quiet reception hall of a publisher of scientific books and journals, the mural should, I felt, be conducive to the relaxation of the people waiting there. This meant that motion and colour change should be continuous and subdued - the eyes should not be bombarded with intense light, moving erratically at high speeds. Furthermore, there should be no well-defined overall cycle of events that would tend to fatigue through repetition.
"The composition of the mural is not abstract in the so-called "non-objective" sense ; not that, in my opinion, it is intelligible to speak in such terms, for to me all painting is derivative from reality. The composition, abstracted from celestial shapes, begins from the base of the mural where the curvature of the Earth is drawn with an indication of the colour band seen by astronauts when orbiting the Earth. Above this I have placed nine circular shapes with rotational motion to symbolize the planets of our solar system. (I first used this theme in my kinetic painting "Ladders to the stars II ", 1965).
"I chose the Sun as the focal point of the composition. Within the orb of the Sun eddies turn about two "eyes". Between the Sun and the planets one can see three horizontal disk-shaped nebulae within which there are to-and-fro motions of filaments of light (taken from a theme in my "Nebula II", 1961). Finally, above the Sun, in a black background, there are slowly oscillating stellar clusters (taken from a them in my "Voyage I ", 1956)." (Frank Malina, Studio International, February 1967, p. 61.)
Traduction : "Nous vivons dans une époque où - parce que l'Homme a fait ses premiers pas dans l'exploration extraterrestre - nous sommes plus conscients intellectuellement et visuellement de la vie de l'univers. De cela nous le sommes plus qu'à aucun autre moment dans le passé, depuis en fait que Copernic a découvert que la notion d'un cosmos centré autour de la terre était erronée. Les galaxies, les nébuleuses, les étoiles, planètes et lunes que nous sommes en mesure de voir à l'oeil nu ou à travers des instruments optiques grossissants ou bien encore sur des clichés photographiques, forment un univers qui nous apparaît comme un panorama silencieux et presque statique. Il n'est pas statique, nous le savons, car la terre, par exemple tourne sur son axe une fois toutes les 24 heures, et elle voyage autour du soleil à environ 70, 000 miles à l'heure. Il y a des tempêtes turbulentes au dessus du soleil, des comètes qui traversent le vide en trombe et d'autres mouvements de matières dans les territoires les plus reculés de l'espace.
"C'est avec ces images et ces pensées en tête que j'ai conçu, au cours du printemps 1965, la composition du panneau mural cinétique " Cosmos", tout en observant la construction du nouveau bâtiment de la Pergamon Press, à Oxford. On pourrait définir ce panneau comme l'expression d'un cosmos "paisible" ; non point qu'en réalité l'univers soit ainsi. Des phénomènes à proportions cataclysmiques ont constamment lieu. Pourtant, l'Homme, cette fragile créature terrestre, ose s'aventurer toujours plus loin de son berceau planétaire. L'artiste, à son tour, a pour défi de trouver un sens esthétique dans ces expériences ou d'en rire de désespoir.
"Pour donner vie à l'abstraction cosmique de l'oeuvre, il était essentiel que la couleur change au gré du temps, et de contrôler le mouvement de la lumière à l'intérieur de la composition. Etant donné que le panneau mural serait placé dans le hall de réception calme d'une maison d'édition spécialisée dans les livres et revues scientifiques, l'oeuvre devait, selon moi, devait contribuer à détendre les visiteurs. Cela signifiait que le changement de couleurs et de mouvement devait être continu et atténué, et que les yeux ne devaient pas être "bombardés" par une lumière intense et se déplaçant de manière déconcertante et à toute vitesse. De plus, il fallait éviter que le cycle général des événements ne soit bien défini et qu'il puisse fatiguer l'oeil à force de répétition.
"La composition du panneau mural n'est pas abstraite, dans le sens "non-objectif"; Je ne veux pas dire par là qu'il soit intelligible d'utiliser de tels termes, car pour moi toute peinture est inspirée par la réalité. La composition, extraite de formes célestes, commence à partir de la base du panneau mural, là où la courbe de la terre est représentée par la bande de couleurs vue par les astronautes lors de leur mise en orbite autour de la terre. Au dessus de cette bande, j'ai placé des formes circulaires en rotation pour symboliser les planètes de notre système solaire. (J'ai utilisé pour la première fois ce thème dans ma peinture cinétique Ladders to the Stars II, 1965).
J'ai choisi le soleil comme point central de la composition. Dans la sphère du soleil des tourbillons tournent autour de deux "yeux". Entre le soleil et les planètes, on discerne les trois nébuleuses horizontales en forme de disque à l'intérieur desquelles il y a des filaments de lumière qui vont et viennent (cette scène est inspirée de ma peinture Nebulae II, 1961). Pour finir, on aperçoit, au dessus du soleil, sur un arrière-plan noir, trois amas stellaires oscillant doucement ( scène inspirée de ma peinture My Voyage I, 1956).
[Pour des informations complémentaires sur la naissance et construction de "Cosmos", vous pouvez également consulter le site d'Oxford Brookes University :
The Cosmos, A Kinetic Painting :
http//www.brookes.ac.uk/schools/apm/jennings/malina]
1965 - Vortex and Three Molecules - N° 974
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"Vortex and Three Molecules"
Lumidyne system
60 x 80 cm
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1966 - Moon Waves - N° 905
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"Moon Waves"
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1966 - Moon and Eclipse - N° 990
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"Moon and Eclipse"
Lumidyne system
Exter series
20 x 28 cm
Collection de Mme Caroline Malina
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1966 - Away from the Earth II - N° 991
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"Away from the Earth II"
Lumidyne System. 5 disques.
200 x 100 cm
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L'art de l'ère spatiale peut se définir de trois façons, écrit Malina :
"1/ L'art pratiqué sur la Terre avec des techniques et matériaux nouveaux mis au point par la technologie astronautique, et qui fait siennes des phénomènes visuels capturés lors d'un vol et d'une exploration spatiaux ; 2/ L'art pratique sur la terre pour exprimer soit les nouvelles expériences visuelles psychologiques résultant de la conquête spatiale ou les nouvelles et possibles conceptions philosophiques de l'Homme et de l'univers; et 3/ L'art pratique et utilisé sur la lune et les autres planètes" (cf. "On The Visual Fine Arts in the Space Age", Leonardo, Vol. 3, N° 3, July 1970, p. 323.)
"Away from the Earth" de même que toutes les oeuvres de Malina figurant l'univers intersidéral, appartiennent bien à la deuxième catégorie. Dans les années 60 et jusque dans les années 70, rares sont les artistes s'intéressant aux conséquences des découvertes spatiales sur l'évolution psychologique et philosophique et artistique des hommes. La conquête de l'air par l'avion eut, comparativement, à son époque, plus d'impact sur l'imaginaire et la conception visuelle des artistes, comme en témoignent les oeuvres futuristes.
De par son interrogation artistique et philosophique sur les découvertes de l'astronautique, l'oeuvre de Malina fait donc preuve d'avant-gardisme. Avec "Away from the Earth", il donne à imaginer les trajectoires et orbites d'un vol spatial.
1966 - Expanding Universe - N°1028
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"Expanding Universe"
Lumidyne system with 3 components
80 x 60 cm
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1967 - Planetscape II - N°1035
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"Planetscape II"
Lumidyne System, 3D Stator
36 x 26 cm
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1967 - Molecules III - N° 1036
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"Molecules III"
Lumidyne System, 3D Stator
26 x 36 cm.
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1968 - Flash-Flash - N° 1040
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"Flash-Flash"
Three-component Lumidyn system
80 x 60 x 11 cm
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1968 - Two Figures VIII - N°1047
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"Two Figures VIII"
3 Component Lumidyne System
60 x 80 cm
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1969 - Green Illusion - N°1054
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"Green Illusion"
Three Component Lumidyne system. 1 rotor
80 x 60 cm
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"[The creative artists today] can make use of visual illusions, multiple meanings of an image and other artistic resources to enrich the aesthetic experience of viewers. The laws of nature and of society impose but few restrictions on the manner of aesthetic expression as regard novel combinations of forms and of colors in a composition " (Extrait de la conférence "Art, Science and Technology" de Frank Malina, Téhéran, 1973).
Traduction : "[Les artistes créatifs d'aujourd'hui] peuvent tirer parti des illusions visuelles, des sens multiples d'une image et d'autres ressources artistiques afin d'enrichir l'expérience artistique des spectateurs. Les lois de la nature et de la société n'imposent que de rares restrictions dans le cadre de l'expression esthétique, quand il s'agit dans une composition de nouvelles combinaisons de formes et de couleurs."
"Green Illusion" de même que les "Multiple Illusions" et "Red and Blue Illusions", illustrent parfaitement cette aptitude à tirer des nouveaux matériaux industriels et des dernières découvertes techniques, de nouveaux effets et illusions optiques.
1969 - Sparkling Implosion - N°1055
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"Sparkling Implosion"
Three Component Lumidyne system. 1 rotor
80 x 60 cm
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1969 - Multiple Illusions - N°1056
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"Multiple Illusions"
Three Component Lumidyne system. 1 rotor
80 x 60 cm
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[Graphisme, commentaires et traductions des textes de Frank Malina par Jocelyne Rotily.]