Biographie de Henry Cowell
Henry Cowell
naît en 1896 sur
la côte ouest des Etats-Unis d'Amérique. Son père, Harry Cowell, est un
poête d'origine irlandaise. Plutôt bohême, ce dernier ne semble pas
s'occuper beaucoup de
son unique progéniture. Victime de crises passagères de paralysie à
l'âge de 6 ans (certains biographes évoquent la chorée, maladie
dégénérative autrement appelée danse de St Guy, mais cela semble peu
vraissemblable), Henry est retiré rapidement de l'école. Son éducation
se fera à domicile avec sa mère, ou lors de longues flâneries
buissonières et solitaires. Il gardera toute sa vie le goût de la
botanique.
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A
huit ans, il commence le violon. Il s'exerce aussi au
piano et montre un talent peu commun mais hélas peu cultivé. Dans une interview
de juin 1961, il confesse que ses premières impressions musicales lui
viennent d'Irlande, pays d'origine de son père, et du sud des
Etats-Unis d'où vient sa mère (Ozark Mountain). Dans le même
enregistrement, il explique que sa première pièce fut The Tides of
Manaunaun en prélude à une pièce de théâtre. Cette pièce pour piano
comporte, pour une des toutes premières fois, des clusters. En fait, le
jeune Henry fréquente dès cette époque (il a quinze ans) les milieux
théosophistes venus de New York sur la côte Ouest. Le poête John
Varian,
lui aussi d'origine irlandaise, est l'auteur de cette pièce de
théâtre, sorte de drame païen intitulé The Building of Bamba.
Nous sommes en 1912.
Harry, attentif aux goûts de son fils, finit par le placer, en 1914,
à Berkeley sous la tutelle de Charles Seeger. L'enseignement n'est pas,
là non plus, traditionnel. Constatant la curiosité
insatiable et le sens expérimental de son élève, Seeger abandonne
rapidement l'enseignement traditionnel de
la composition et lui enseigne ses propres vues, sur la composition
mais aussi sur l'histoire de l'esthétique. Les deux musiciens
connaissent les musiques de Charles Ives et Léo Ornstein (dont Cowell
est un admirateur fervent), mais aussi
celle de modernes européens comme Debussy ou Schönberg. Il s'agit dès
lors pour les deux hommes de saisir l'opportunité historique de fonder
une modernité musicale spécifiquement américaine. De cet enseignement
pour le moins ouvert naîtra la première rédaction de New Musical
Resources en 1919 rédaction que Seeger conseille à Cowell de
réaliser avec l'aide d'un professeur de littérature d'une université
voisine.
Dans
ce premier
travail, comme dans sa première édition de 1930, on trouve à la fois
les idées de Cowell et celles de Seeger et il est parfois incertain de
démêler la paternité des propositions musicales qui s'y trouvent. A ce
sujet, on peut se reporter au paragraphe La pensée de Cowell. Entre
1919 et 1930 se succèdent nombre de pièces pour piano (The Voice of
Lir (1920), The Harp of Life (1924), The Banshee
(1925)) et de chansons, des pièces pour quatuor à cordes, comme le Quartet
Euphometric (1919) ou des pièces pour orchestre comme Synchrony
(1928) ou Ensemble (1924).
Cowell
se distingue, pendant
toute sa carrière, par son esprit pratique et direct et sa ténacité. En
1927, il rentre de tournée à San Francisco et fonde la New Music Society et une revue
consacrée exclusivement à la publication de partitions d'oeuvres
contemporaines, en dépit de nombreuses difficultés matérielles. Ce sera
le trimestriel New Music A Quarterly of Modern Composition ,
bientôt suivi du hors-série New Music Orchestra Series,
consacré aux partitions d'orchestre, et d'autres publications fondées
sur le même principe. Aucun article. Rien que du répertoire.
Cowell
organise conjointement
des concerts avec l'aide de Seeger et de ses connaissances, Ruth
Crawford, Dane Rudhyar, Carl Ruggles, Carlos Salzedo, Carlos Chávez, et
notamment la société de concerts qu'il fonde par la même occasion The International Composers' Guild.
Les années 1920-1930 se caractérisent, aux Etats-Unis, par la
participation cruciale de femmes mécènes, comme Blanche Walton ou
Claire Reis, qui vont assurer la réalisation matérielle des projets de
ces artistes. Blanche Wetherill Walton (1871-1963) est la mécène la
plus proche du groupe de Seeger et Cowell. Elle hébergera même Ruth
Crawford, Charles Seeger et d'autres, comme Béla Bartók en 1927, dans
son appartement de la 68e rue.
Ces concerts sont organisés par des sociétés dont quatre programment
régulièrement des
créations : The League of Composers, The Pan American Association of
Composers, Pro Musica et The International Composers' Guild. Plusieurs
chefs d'orchestre ont leur nom associé à ces entreprises modernistes,
comme Serge Koussevitsky et Nicolas Slonimsky.C'est
à cette époque que
Cowell est emprisonné pour outrage aux moeurs (il confessera à cette
occasion son homosexualité). Condamné à quinze ans de prison, il n'en
fera que quatre à San Quentin, grâce à l'intervention de nombreux amis
et collègues parmi lesquels on trouve Charles Seeger bien sûr mais
aussi Serge Koussevitsky (1874-1951), le célèbre directeur de
l'orchestre de Boston de 1924 à 1949, et Arnold Schoenberg (1886-1951).
A la suite de cette période, Cowell s'efforcera de mener une vie plus
pondérée tout en conservant une intense activité d'interprète, de
chercheur et de compositeur.
Son oeuvre est relativement abondante, du fait de la volonté affichée
par Cowell, Seeger et leurs amis de constituer un répertoire neuf,
authentiquement moderne et américain. Il s'éteint chez lui en
Californie en 1965.
© Nicolas Viel & Leonardo/Olats, septembre 2007
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