PIONNIERS ET PRECURSEURS > KARLHEINZ STOCKHAUSEN > BIOGRAPHIE


Biographie


Des années difficiles

  • 1928 : Le 22 août, Karlheinz Stockhausen nait à Mödrath près de Cologne en Allemagne. Né dans une famille catholique de souche paysanne, Karlheinz Stockhausen vit des conditions matérielles difficiles accentuées par la montée du nazisme, la guerre puis la défaite.

  • 1931 : Son père, un instituteur, s'engage comme volontaire et disparait en Hongrie.

  • 1941 : Internée dans un hôpital psychiatrique suite à une dépression, sa mère est exécutée sur ordre du gouvernement. A 13 ans, le jeune Karlheinz est donc orphelin. Il travaille dans un hôpital de guerre puis comme ouvrier agricole dans une ferme. Il apprend le piano grâce à l'organiste du village, le violon et le hautbois dans une école d'état. Il s'intéresse au jazz.

  • 1946 : Il entre au lycée (Gymnasium).

  • 1947 : Hans-Otto Schmidt-Neuaus, un élève d'Eduard Erdmann, l'accepte dans sa classe de piano au Conservatoire National de Musique de Cologne.

  • 1948 : Stockhausen suit des cours de philosophie, de philologie allemande et de musicologie à l'Université de Cologne jusqu'en 1951.

  • 1951 : Une licence d'éducation musicale obtenue avec les félicitations du jury sanctionne trois années d'études à l'Université de Cologne . Son directeur est Hermann Schroeder. Pour subsister, il travaille notamment comme pianiste de bar, accompagnateur de l'illusionniste Adrion, ouvrier d'usine, directeur d'une troupe d'opérette. Il commence à étudier la composition avec le compositeur Frank Martin. La rencontre d'Herbert Eimert, alors critique musical au Kölnisches Rundschau lui fait connaître la seconde école de Vienne.
Le compositeur

    Le sérialisme

  • 1951 : Pour la première fois, le jeune compositeur participe aux cours d'été de Darmstadt. Il y découvre le sérialisme généralisé des Modes de valeurs et d'intensités d'Olivier Messiaen et la musique de Pierre Boulez et de Karel Goeyvaerts. Stockhausen compose Kreuzspiel et Formel, œuvres sérielles. A la fin de l'année, il se marie avec Doris Andreae. Ils auront quatre enfants : Suja (1953), Christel (1956), Markus (1957) qui deviendra trompettiste spécialiste de l'interprétation des œuvres de son père et compositeur, et Majella, pianiste (1961).

    La musique concrète

  • 1952 : Séjour à Paris. Il suit les cours d'analyse et d'esthétique d'Olivier Messiaen et rencontre Darius Milhaud. Il fréquente également le groupe de musique concrète de la RTF dirigé par Pierre Schaeffer. Il y réalise Etude. Karlheinz Stockhausen se tourne rapidement vers le travail sur la structure oscillatoire du son, c'est à dire vers la musique électronique (particulièrement vers la synthése additive). Il compose Spiel, les Klavierstücke I à IV et Kontrapunkte (qu'il terminera l'année suivante).

    La musique électronique

  • 1953 : De retour à Cologne, Stockhausen compose sa première œuvre de musique électronique : Studien I pour sons sinusoïdaux. La même année, le studio de musique électronique de la radio W.D.R. de Cologne (Studio für Elektronische Musik des Westdeutschen Rundfunks Köln) est fondé avec sa participation. Stockhausen en deviendra le directeur artistique en 1963 et le restera jusqu'en 1977. Pour la première fois, il commence à enseigner aux cours d'été de Darmstadt. Stockhausen y reviendra tous les ans jusqu'en 1974.

  • 1954-56 Il étudie la phonétique, la théorie de l'information et de la communication avec le professeur Werner Meyer-Eppler à l'Université de Bonn.

  • 1954-59 Co-editeur de Die Reihe, une revue de théorie musicale ayant pour sujet principal la musique sérielle. Dans Zeitmasse pour quintette à vent, il commence à composer avec de larges groupes de notes, des « moments ». Plus tard, ce concept de Momentform prendra la succession du sérialisme, héritage de Webern et de Messiaen.

  • 1956 Première mondiale de Zeitmasse à Paris.

    1956 à Cologne : Gesang der Jünglinge
    © Stockhausen Foundation for Music,
    Kettenberg 15, 51515


    L'aléatoire

  • 1957 : Première mondiale de Klavierstück XI à New York.

    1956 : Stockhausen à Vienne avec la partition de Klavierstück XI
    © Stockhausen Foundation for Music,
    Kettenberg 15, 51515


  • 1958 : Tournée de 32 concerts-conférences au Canada et aux Etats-Unis. L'influence de Cage assouplit sa musique qui devient moins dense et laisse plus de liberté aux interprètes. Stockhausen prend conscience d'une autre façon d'écouter : un voyage dans le son plutôt qu'une compréhension analytique d'une grille d'évènements. Première mondiale de Gruppen pour trois orchestres (composition entre 1955 et 1957).

    La spatialisation

  • 1959 : Fondation de son groupe d'interprètes. Stockhausen continuera ensuite à interpréter ses œuvres dans des tournées internationales avec son propre ensemble de solistes. Il expérimente les sons électroniques de synthèse et la projection spatiale avec Kontakte (cette œuvre existe en deux versions, une sur deux pistes pour sons électroniques conçue pour la radiodiffusion et la deuxième sur quatre pistes pour la scène pour sons électroniques, piano et percussions, toutes deux réalisées dans les studios de la W.D.R. à Cologne).

  • Nouvelle musique pour les percussions

    Composition de Zyklus pour un percussionniste.

  • 1960 : Premières mondiales de Kontakte pour sons électroniques, piano et percussion à Cologne et de Carré pour quatre orchestres et quatre chœurs à Hambourg. Le concept de Momentform

  • 1962 : Le concept de forme momentanée apparait dans la première version de Momente. Première mondiale de cette première version de Momente à Cologne.

  • 1963 : Stockhausen fonde les cours de musique nouvelle de Cologne et en devient le directeur artistique. Pendant cinq ans, de 1963 à 1968, il enseigne aux Kölner Kurse für Neue Musik à Cologne.

    Electronique et temps réel

  • 1964 : Fondation d'un groupe d'instrumentistes spécialistes de l'interprétation d'œuvres comprenant de la musique électronique avec lequel il donnera de très nombreux concerts de musique électronique instrumentale dans le monde entier. Composition de Mikrophonie I pour tam-tam, deux micros, deux filtres et potentiomètres, et de la première version de Mixtur pour orchestre, générateurs d'ondes sinusoïdales et quatre modulateurs en anneau.

  • 1965 : Professeur de composition à l'Université de Pennsylvanie à Philadelphie. Composition de Mikrophonie II pour 12 chanteurs, orgue Hammond et quatre modulateurs en anneau. Première mondiale de Mixtur à Hambourg.

  • 1966 A Tokyo, il réalise Telemusik pour bande et Solo pour un instrument mélodique et feed-back au studio de musique électronique de la radio japonaise (NHK).

  • 1966-67 Stockhausen est invité comme professeur à l'Université de Californie à Davis. Telemusik , composé au Japon, puis Hymnen (1967) utilisent des enregistrements provenant du monde entier.

  • 1967 : Il se marie avec la plasticienne Mary Bauermeister. Ils ont deux enfants Julika (1966), Simon (1967). Première mondiale d'Hymnen.

  • 1968 : Composition de Kurzwellen pour six exécutants et récepteurs d'ondes courtes. Première mondiale de Kurzwellen à Brême.

    Exploration du chant harmonique

    Première mondiale de Stimmung pour six vocalistes à Brême. Première mondiale de Spiral pour un soliste à Zagreb.

    Musique intuitive

    Composition de Aus den sieben Tagen, 15 pièces de musique sur des textes sans partition.

  • 1969 : Le 25 novembre, Hymnen est interprété dans les immenses grottes de Jeita au Liban.

  • 1970 : devant près d'un million d'auditeurs à Osaka au Japon, il fait jouer ses propres oeuvres avec vingt solistes de cinq pays différents. Les concerts ont lieu dans l'auditorium sphérique qu'il a conçu dans le pavillon de l'Allemagne de l'Exposition Universelle.

    Musique cosmique

    Mantra pour deux pianos et électronique marque à la fois une volonté de spiritualité transcendantale et le retour à une partition entièrement notée avec des transformations d'un motif mélodique. La première mondiale de cette œuvre a lieu à Donaueschingen.

  • 1971 : Stockhausen devient professeur de composition au Conservatoire National de Musique de Cologne. Il le restera jusqu'en 1977.

    Musique de parc

    Sternklang est interprèté pour la première fois à Berlin.

    Dramaturgie

    L'aspect dramaturgique de sa musique s'amplifie avec Trans (première mondiale à Donaueschingen) où l'orchestre doit être plongé dans une lumière violette et vu à travers un voile.

  • 1972 : Composition de Alphabet für Liège (13 situations musico-théâtrales).

  • 1974 : La mise en scène d'Inori comprend un ou deux mimes synchronisant leurs attitudes hiératiques avec l'orchestre. Première mondiale de cette œuvre à Donaueschingen.

  • 1976 : Première mondiale d'Harlequin pour un clarinettiste-danseur à Cologne.

  • 1977 : Sirius, pour dispositif électronique et quatre solistes est composé à l'occasion du bicentenaire des Etats-Unis. Une première partielle est donnée à l'Albert Einstein Spacearium de Washington. L'intégrale de l'œuvre sera entendue à Aix-en-Provence la même année. A partir de l'achèvement de Sirius, œuvre conçue comme un rituel, Stockhausen n'envisage plus ses œuvres individuellement, mais comme faisant partie d'une seule œuvre gigantesque comprenant sept opéras dont l'exécution durera une semaine entière : Licht.

  • 1981 Première mondiale de la version de scène de Donnerstag aus Licht (d'une durée d'environ quatre heures) à La Scala de Milan.

  • 1983 : En décembre, séjour de sept jours à Paris (renouvelé en août 1984) pour la réalisation de la partie électronique de Kathinkas Gesang, sur la 4X avec l'aide de Marc Battier.

    1984 : Stockhausen à l'IRCAM
    © Stockhausen Foundation for Music,
    Kettenberg 15, 51515


  • 1984 : Première mondiale de la version de scène de Samstag aus Licht (environ trois heures) au Pallazo dello Sport de Milan, production de la Scala de Milan.

  • 1987 : Première mondiale de Xi pour flûte à Sienne.

  • 1988 : Première mondiale de la version de scène de Montag aus Licht (environ quatre heures) à la Scala de Milan. Premières mondiales de Xi pour cor de basset à Paris.

  • 1989 Première mondiale de Flautina à Vienne.

  • 1992 Attribution de la médaille Picasso de l'UNESCO à Karlheinz Stockhausen à Cologne. Séries de concerts de Stockhausen à Weimar. Réalisation des scènes sonores de Freitag aus Licht au studio de musique électronique de la WDR.

  • 1993 : Première mondiale de la version de scène de Dienstag aus Licht (environ deux heures) à l'opéra de Leipzig. Série de concerts de Stockhausen à Bruxelles, Duisberg, Florence et Sofia.

  • 1994 : Symposium Stockhausen et exécution de trente œuvres de Stockhausen (en majorité électro-acoustiques) au Festival Inventionen de Berlin.

  • 1996 : Sept œuvres de Stockhausen sont jouées au Festspiele de Salzburg. Achèvement de la musique électronique et composition de dix scènes de Freitag aus Licht.

  • 1995 : Cycle Stockhausen au Easter Salzburger Festspiele. Rétrospective Stockhausen (11 concerts) au Festival de Hollande à Amsterdam. Hymnen avec solistes au Festspiele de Salzbourg .

  • 1996 : Première mondiale de la version de scène de Freitag aus Licht à l'Opéra de Leipzig. Stockhausen est compositeur invité à Copenhague, capitale culturelle européenne avec huit concerts qui lui sont consacrés. Première mondiale de Libra pour clarinette basse et musique électronique à Copenhague. Festival Stockhausen à Palerme avec sept concerts de sa musique électronique. Cinq concerts Stockhausen sont donnés à Huddersfield en Angleterre, avec la première mondiale de Bijou pour flûte alto, clarinette basse et bande.

  • 1997 : Six concerts d'œuvres de Stockhausen sont donnés pendant la Triennale de Cologne.

  • 1998 : Le 16 janvier, exécution d'Inori Adorations pour deux solistes et orchestre à la Herkuslessaal de Munich, avec l'orchestre symphonique de la radio bavaroise dirigé par le compositeur. La même pièce sera donnée le 24 janvier au Concertgebouw d'Amsterdam par l'orchestre de chambre de la radiodirigé par Peter Eötvös, puis les 25 et 26 avril à la Cité de la Musique de Paris avec l'Ensemble Intercontemporain dirigé par David Robertson. Trois programmes différents de la musique électronique spatialisée de Stockhausen sont montés au planetarium de la Cité des Sciences de Paris. Un cycle de huit concerts d'œuvres de Stockhausen est joué par l'Ensemble Intercontemporain à l'IRCAM et à la Cité de la Musique (dont quatre exécutions de Gruppen pour trois orchestres dirigés par Pierre Boulez, Peter Eötvös et David Robertson). Du 2 au 9 août, cours de Stockhausen à Kürten. 130 participants (interprètes, compositeurs, musicologues and auditeurs libres) de 22 pays différents assistent aux séminaires, aux répétitions publiques et à neuf concerts. Les 25, 27 et 29 septembre, la version de 1998 de Momente est interprétée à Cologne, Zürich et Paris par la soprano Angela Tunstall, le chœur de la WDR et les musiciens de la Musikfabrik dirigés par Rupert Huber. Karlheinz Stockhausen lui-même était le metteur en espace sonore. Du 11 au 14 novembre, Symposium Stockhausen à l'université de Cologne : conférences et débats sur les œuvres de Stockhausen par des musicologues venus d'Allemagne, de France, des Etats-Unis, de Russie, du Japon et de Suisse.

  • 1999 : Du 12 au 25 juillet, 130 musiciens de 23 pays assistent aux cours de Kürten.

  • 2000 : Du 29 juillet au 6 août , troisièmes cours de Kürten.

  • 2001 : Cours de Kürten du 4 au 12 août.

  • 2002 : Le 16 janvier, la troisième région d'Hymnen (1964-1967) est donnée par l'Ensemble Intercontemporain et l'Orchestre du Conservatoire de Paris, avec Karlheinz Stockhausen (projection du son, présentation) et Peter Eötvös (direction) à la Cité de la musique à Paris.



© Bruno Bossis & Leonardo/Olats, juillet 2002


Nos rubriques :

[an error occurred while processing this directive]