1862 : Naissance le 22 janvier à Fullersburg, en Illinois, de Mary Louise Fuller. Elle sera initiée à la danse par son père.
1872 : Gagne avec son jeune partenaire un concours de valse à un bal masqué.
1874-1889 : Diverses expériences de la scène, théâtre amateur et théâtre professionnel, vaudeville et mélodrame ainsi qu’au théâtre musical .
1882 : joue dans le Wild West Show de Buffalo Bill.
1885-1892 : chante dans des opéras et opéras bouffe.
1885 : crée un émoi, rapporté par la presse, en dansant sans corset dans une pièce de théâtre.
1885 : adopte le surnom Loïe.
1886 : débute à New York dans une pièce burlesque.
1887 : première expérience de danseuse solo, dans une pièce de variété, à l’Academy of Music de New York.
1887 : tient le rôle d’Aladdin dans Aladdin or The Wonderful Lamp, féérie spectaculaire comportant des effets d’éclairages apparemment inédits, dont la projection sur un écran de vapeur de lumières colorées, décomposées par un prisme.
1889 : Loue le Globe Theatre de Londres et y produit une pièce dans laquelle elle joue. Désastre artistique et financier.
1890 : Travaille (peut-être) comme doublure de danseuses du Gaiety Theatre Londres. S’initie (probablement) au Skirt Dance (danse de la jupe, faite de tissu léger et souvent translucide), qui sera la base de son art chorégraphique.
1891 : Expérimente une nouvelle forme de danse, combinant le mouvement des voiles et effets d’éclairages colorés, laissant deviner les formes du corps. Aurait découvert les principes de son art par hasard, dans une scène d’hypnotisme de la comédie Quack Medical Doctor.
1892 : Acquiert une renommée internationale. Présente sa danse solo La Danse serpentine à New York. Devant le refus de son imprésario de placer son nom à l’affiche du spectacle, Fuller se désiste. Suite aux menaces qu’elle sera simplement remplacée par une de ses imitatrices, Fuller dépose une demande de copyright. Elle tente, sans succès, de faire respecter ses droits d’auteurs devant les tribunaux : dans un jugement d’un tribunal américain, qui fera jurisprudence jusqu’en 1978, la validité du copyright est annulée. La danse ne racontant aucune histoire, ne dépeignant aucun personnage et ne décrivant aucune émotion, elle est donc estimée par le tribunal comme une abstraction ne traduisant pas une idée, critère juridique de reconnaissance d’une composition dramatique.
Tournée en Allemagne. Se produit dans un music-hall de Berlin, à Hambourg et dans un cirque à Cologne.
Apparaît une première fois aux Folies Bergère, en remplacement de l’une de ses imitatrices.
Débute aux Folies Bergère, en tant que créatrice officiellement reconnue de La Danse serpentine. Elle est accompagnée d’une équipe de 27 techniciens.
1893 : Se lie d’amitié avec Camille Flammarion.
Dépose à Paris quatre demandes de brevets pour costumes et dispositifs scéniques, présentés comme suit :
- Une nouvelle combinaison de robe destinée à la danse théâtrale.
- Un nouveau genre de mise en scène avec illusion d'optique destinée à la danse théâtrale.
- Décoration théâtrale composée de murailles blanches garnies de pierres à facettes.
- Glaces longues et étroites qui donnent au fond et au plafond cintré une forme polygonale.
1894 : Parution des kinéographes (folioscopes ou flip books) composés de photographies coloriées au pochoir de La Danse serpentine, exécutée par une imitatrice.
Fuller se lie d’amitié avec Alexandre Dumas fils.
Un vaudeville en trois actes intitulé Nous sommes les frères Loïe Fuller ! Chéri ! est à l’affiche. Cette parodie de Loïe Fuller est jouée et dansée par trois hommes.
1895 : Fête du 550e spectacle organisé par les étudiants des Beaux-Arts de Paris.
Premier film d’Edison colorié à la main : Annabella Serpentine Dance, interprétée par une des nombreuses imitatrices de Loïe Fuller.
Présentation de Salomé, pantomime lyrique nécessitant plus de trente projecteurs, quantité inouïe à l’époque. Succès artistique mitigé.
1896 : Tournée américaine. Entretien avec Thomas Edison sur les récents développements dans les techniques de lumière artificielle, les propriétés lumineuses de certains matériaux ainsi que sur des effets lumineux.
1897 : Tournée transcontinentale (Mexico, Le Caire, Nice, Bruxelles).
Rentrée à Paris, aux Folies Bergère, entourée d’une équipe composée de 38 techniciens éclairagistes.
1898 : Aménage un laboratoire sur sa propriété parisienne, où elle entreprend des recherches sur les effets lumineux. Elle y fera diverses expériences, notamment sur les gélatines, les sels d’argent et les rayons ultraviolets.
Se lie d’amitié avec Auguste Rodin.
1899 : La Danse du miroir, démultiplication de l’image de la danseuse, réfléchie sur des miroirs et des panneaux de verre. Il s’agit en quelque sorte d’un dispositif intégrant l’effet Pepper Ghost ainsi qu’un effet kaléidoscopique.
1900 : Danses lumineuses au théâtre-musée Loïe Fuller à l'Exposition universelle de Paris, pavillon dont elle supervise le design et la construction. Une statue de Loïe Fuller surmonte le palais de la Danse de l’Exposition, qui comporte aussi un palais de l’Électricité, un palais de l’Optique et un palais des Mirages. Jean Cocteau écrira : " L'exposition universelle qui me laisse un souvenir plus vague que tel souvenir théâtral qui la précède. De cette foire confuse et poussiéreuse, je conserve une seule image vivante et flamboyante : Mme Loïe Fuller. Que reste-t-il des bonshommes Guillaume, de Cléo de Mérode en cuirasse d'or, du trottoir roulant, des maréoramas et des stéréoramas, du château à l'envers et des fontaines lumineuses ? Est-il, en revanche, possible d'oublier cette femme qui trouve la danse de son époque ? Une grosse Américaine, assez laide et à lunettes, debout sur une trappelentille, manœuvre avec des perches des flots de voile souple, et sombre, active, invisible, comme le frelon dans la fleur, brasse autour d'elle une innombrable orchidée de lumière et d'étoffe qui s'enroule, qui monte, qui s'évase, qui ronfle, qui tourne, qui flotte, qui change de forme, comme la poterie aux mains du potier, tordue en l'air sous le signe de la torche et de la chevelure ››. (Portraits-souvenir IX)
À titre d’imprésario, Loïe Fuller fait découvrir le théâtre japonais aux visiteurs de son théâtre-musée, où elle présente la troupe de Sada Yacco. De plus, elle règle les éclairages du spectacle de la troupe et se charge de le publiciser.
1901 : Spectacles à Londres, tournée aux États-Unis et au Canada.
Se lie d’amitié avec les Curie.
La Danse fluorescente (probablement avec éclairages ultraviolets).
1902 : Engage Isadora Duncan dans sa troupe de danse nouvellement formée, puis organise à Vienne des soirées afin de faire découvrir sa protégée.
Se lie d’amitié avec la princesse Marie de Roumanie.
Rencontre Gabriele D’Annunzio à Florence.
1903 : Tournée aux États-Unis.
Organise une exposition de sa collection d’œuvres de Rodin au National Art Club de New York.
La Dame phosphorescente (effet saisissant produit par de petits points de sels d’argent appliqués sur une robe noire).
1904 : Tournée en Amérique du Sud.
1905 : Installe son laboratoire à Passy.
1906 : Se produit la nuit dans les jardins de l’Exposition coloniale à Marseille. Une pionnière de la danse moderne d’origine canadienne, Maud Allan, fait brièvement partie de la troupe de Fuller.
1907 : Collabore à la conception des éclairages d’un spectacle dans lequel joue Sarah Bernhardt, à la demande de cette dernière.
1908 : Publie son autobiographie, Quinze Ans de ma vie, préfacée par Anatole France. Crée sa propre école de danse.
1909-1914 : Se produit avec son école en Amérique du Nord et en Europe. L'école prend le nom de "Ballets fantastiques de Loïe Fuller". Loïe Fuller et ses Muses au Théâtre de la Comédie Française de Montréal en 1909 (malgré les tentatives de censure de l’archevêché) ; au stade d’Athènes en 1914 devant 50 000 spectateurs. Tournée en Égypte la même année.
1912 : Rencontre Valentine de Saint-Point, danseuse futuriste, chez Rodin.
1914-1918 : Organise aux Etats-Unis des activités en faveur de la Roumanie et des blessés de guerre français (conférences, ventes aux enchères).
1915 : Loïe Fuller et cinquante de ses danseuses au Panama-Pacific International Exposition de San Francisco.
1920 : Adapte pour la scène puis au cinéma Le lys de la vie, conte écrit par son amie Marie de Roumanie. Fuller innove le langage cinématographique par son utilisation de l’image en négatif et des plans tournés au ralenti, ainsi que par ses éclairages. René Clair (René Chomette) tient un des principaux rôles de ce film salué par la critique mais ignoré par les distributeurs.
1922 : Avec Les Sorcières gigantesques, Fuller chorégraphie les ombres. Elle joue sur le rapport inverse entre les déplacements des danseuses et la taille des ombres projetées, ainsi que sur le dédoublement des ombres projetées sur un écran placé à l’avant de la scène. Dans Les Ombres gigantesques, elle intègre les principes de projection de la lanterne magique et joue aussi sur les délais entre l’apparition d’un corps et de son ombre, et inversement. Les propriétés réfléchissantes ou absorbantes des tissus des costumes servent aussi à créer des effets fantastiques.
1924 : Organise au casino de Nice une fête, Le Bal de la neige, qui a tout d’un happening. Le public, invité à se vêtir de blanc, est libre de déambuler dans la salle, blanche, vidée de ses fauteuils. Des jeunes filles, également en blanc, distribuent 8 000 boules blanches aux spectateurs, véritables participants. Des ventilateurs, dissimulés dans de grandes boules blanches, font tourbillonner la (fausse) neige qui tombe du plafond. Des projections lumineuses sont dirigées sur le public, qui contribue à la décoration de la salle. Sur la scène, peinte en noir, les jeunes danseuses évoluent, des petits feux d’artifices à la main.
Rétrospective au Louvre de 24 Études de tissus colorés et peints, réalisées entre 1892 et 1920, par Loïe Fuller. Études de formes, lignes et couleurs pour effets de lumière.
Conçoit les éclairages pour le Mouchoir de nuages de Tristan Tzara, présenté aux " Soirées de Paris ", spectacles organisés par la contre-culture.
1925 : Crée une œuvre magistrale représentant le Danemark à l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels de Paris. Il s’agit d’un gigantesque tableau dansé dans l’escalier du Grand Palais, intitulé Sur la mer immense. Un tissu de 4 000 mètres carrés, animé par les soixante-quinze danseuses qu’il recouvre, se déploie comme une immense vague aux reflets colorés, sur la musique de Debussy.
S’occupe à la constitution du musée de son mécène Samuel Hill, dans l’état du Washington (actuel Maryhill Museum). Hill a acquis, grâce à Fuller, une importante collection de sculptures, de plâtres et d’aquarelles de Rodin.
1928 : Loïe Fuller décède le 2 janvier d'une pneumonie. Sa compagne de vie, Gabrielle Bloch, reprend la direction des ballets Loïe Fuller, actifs dans les années 1930.
Épilogue
1934 : Gabrielle Bloch réalise le film La féerie des ballets fantastiques de Loïe Fuller.
1940 : Ouverture du Maryhill Museum. Outre la collection Rodin, le musée comprend une collection Loïe Fuller, constitué d’œuvres d’art, de films et de divers objets se rapportant à elle, ainsi qu’une collection Marie de Romanie consituée de bijoux, de costumes, d’icônes orthodoxes russes et divers artefacts ayant appartenu à la reine.
1954 : Ruth St. Denis, pionnière de la modern dance, présente The ballet of lights au Hollywood Bowl, en hommage à Loïe Fuller.
1978 : Exposition et festival commémoratif, à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Loïe Fuller au Palace of the Legion of Honor de San Francisco.
1979 : Exposition Loïe Fuller : Magician of Light au Virginia Museum of Fine Arts à Richmond, Massachusetts.
1987 : 54 photographies de Loïe Fuller et de ses danseuses sont présentées au Musée Rodin de Paris, dans le cadre d’une exposition consacrée à la danse au tournant du XXe siècle.
1988 : Biennale internationale de la danse de Lyon. La danseuse allemande Brygida Ochaim présente une chorégraphie inspirée du travail de Loïe Fuller, en utilisant les moyens qu’offrent les nouvelles technologies de projection lumineuses.
1992 : Exposition Photographies de Loïe Fuller, Musée d'Orsay.
1995-1996 : Exposition Loïe Fuller Getanzter Jugendstill, Museum Villa Stuck, Munich.
2002 : Exposition Loïe Fuller, danseuse de l'Art nouveau, Musée des Beaux Arts de Nancy.
© Marc Boucher & Leonardo/Olats, juin 2002
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