OLATS.org Leonardo On-Line, the website 

of Leonardo/ISAST  Leonardo, the Journal of the International 

Society for the Arts, Sciences and Technology  Leonardo Music 

Journal  Leonardo Electronic 

Almanac: monthly coverage of Internet news and digital media culture  Book Series: 

innovative discourse on art, science and technology topics by 

artists, scientists, researchers and scholars Leonardo Reviews: scholarly reviews of books, exhibitions, CDs, 

journals and conferences  OLATS, 

l'Observatoire Leonardo des Arts et des Technosciences: key works, 

artists, ideas and studies in the field  Leonardo / Activities and Projects  Leonardo / About Us   
 


Site Archive (1997-2020) - Depuis 2021 le nouveau site est / Since 2021 the new website is ICI/HERE »»»

ETUDES ET ESSAIS > LES BASIQUES > LE DESIGN D'INTERACTION > QUELS SONT LES LIEUX DE FORMATION AU DESIGN D'INTERACTION ?
   
< - Sommaire - >   

  
 

Quels sont les lieux de formation au design d'interaction ?







  1. Les incontournables 1.1 Royal College of Art, Londres, Royaume Uni
    1.2 Design Academy, Eindhoven, Pays-Bas
    1.3 MIT - Massachusetts Institute of Technology, Boston, Etats-Unis
    1.4 Domus Academy, Milan, Italie
  2. D'autres formations 2.1 En Europe
    2.2 Aux Etats-Unis
    2.3 Dans le reste du monde
  3. En France 2.1 À Paris et en Ile-de-France
    3.2 Dans le reste de la France


Le symbole Ö avant ou après un mot indique un lien vers une autre fiche des " Les Basiques : Le design d'interaction ".




L’offre pédagogique en design d’interaction ne forme pas un panorama homogène et organisé par des critères standards. Les programmes de formations varient, notamment en fonction des pays. Cette grande diversité ne dépend pas d’un manque de coordination international, mais présente au contraire un aspect intéressant puisqu’elle découle d’une question de fond : « Interaction pour qui et dans quel contexte ? ». Ainsi, chaque tradition de pensée donne au terme interaction une valeur spécifique, due à l’ancrage culturel et expérientiel de ce concept.

Le design d’interaction entend susciter un échange de qualité entre humains, objets et espaces, souvent en étroite liaison avec les technologies numériques. La façon dont est réfléchie l’interaction est fortement liée au contexte de l’activité et à la culture dans laquelle elle prend forme. Pour cette raison, en ce qui concerne l’enseignement, le design d’interaction est envisagé comme une discipline hybride qui concilie « le faire» et « le penser », la pratique et la théorie. C’est pour cela que les profils, souvent atypiques dans le panorama du design industriel, de concepteurs-stratèges, bons communicateurs, ayant une bonne capacité analytique et qui sont en même temps créateurs, sont particulièrement valorisés par ce secteur. Le profil idéal allie une forte sensibilité artistique aux capacités de synthèse et d’abstraction, de traduction et de représentation afin de pouvoir traduire la complexité du réel en simples lignes-à-suivre opérationnelles.

La formation du designer d'interaction ne prépare pas seulement à la création d’objets ou d’espace agréables et utiles, mais se préoccupe davantage de fournir les outils de conception nécessaires pour élaborer les stratégies de mise en relation. Concevoir, démonter, créer, représenter, préparer, transformer sont des qualités aussi indispensables à ce métier que les compétences esthétiques et fonctionnelles demandées à un designer classique.

Le panorama contemporain des écoles en Design d'Interaction est vaste et s’étend sur les 5 continents. L'Angleterre en premier lieu, puis l'Europe dans son ensemble et les États-Unis ont été le moteur culturel du design d’interaction. Il faut en effet rappeler que si aujourd'hui la valeur perçue de ce domaine disciplinaire est assez clairement définie et acceptée par tous, il y a tout juste une décennie elle faisait plus penser à une “vision culturelle” émergente qu’à une véritable « discipline ».

Les 4 instituts souvent classés comme incontournables (Royal College of Art à Londres, la Design Academy d’Eindhoven, le Massachusetts Institute of Technology de Boston et la Domus Academy à Milan) se sont distingué dans le paysage international soit parce qu’ils dont devenus les porte-paroles d’un point de vue spécifique, soit parce qu’ils ont été perçus comme des pionniers quand le design d’interaction n’était alors qu’une nouveauté.





1. LES INCONTOURNABLES



1.1 Design Interactions at The RCA, Royal College of Art, Londres, Royaume Uni.

Héritier du premier Master en design d’interaction créé en 1990 par Gillian Crampton-Smith, le Design Interactions at The RCA est aujourd’hui considéré comme un pilier de la pédagogie liée aux nouvelles approches du design. Sa renommée ne vient pas seulement du fait d’avoir été l’une des premières formations en ce domaine. Il a atteint une position de prestige à l’échelle internationale autant pour son approche expérimentale, voire conceptuelle et proche des arts plastiques, que pour la présence d’enseignants charismatiques comme Fiona Raby et Anthony Dunne pionniers du Ö Critical Design.

Ce département explore les nouveaux rôles, contextes et approches du design contemporain en relation avec l’impact social, culturel et éthique des technologies. Les projets qui en découlent s’expriment par une large variété de médias incluant le prototype, la simulation de système d’application ou d’usage, la vidéo et la photographie.



1.2 Design Academy, Eindhoven, Pays-Bas.

Le programme des masters en design de l’académie est fortement marqué par l’approche multiple et transversale, caractéristique de l’offre pédagogique aux Pays-Bas en général. La Design Academy et en particulier son University of Applied Sciences Master in Humanitarian and Sustainable Style (Master en Design Humanitaire et Vie Durable de l’Université de Sciences Appliquées) ont atteint leur renommée actuelle surtout sous la direction de Li Edelkoort, (qui a quitté l’académie en 2010), une personnalité charismatique à la culture protéiforme et engagée depuis les années 1980 dans l’analyse des tendances sociales et le conseil en stratégie, en particulier auprès des multinationales du textile et de la décoration. Edelkoort a apporté à l’école une vision particulièrement ouverte du design, très conceptuelle, définitivement désengagée du périmètre restrictif de l’objet. Les cours sont voués à la construction d’une sensibilité aux changements socio-culturels et aux styles de vie. Cet enseignement valorise la prise en compte de questions relatives à l’environnement, en mettant en valeur les opportunités offertes à l’industrie et par l’industrie. La réflexion sur les nouvelles technologies accompagne toujours, et de plus en plus, des préoccupations liées au développement durable. Aujourd’hui le programme des masters est articulé en trois départements dont celui en Context Design se concentre sur le produit et sa situation d’utilisation, celui en Social Design adopte le point de vue large du design de la communauté des individus dont les produits et les interfaces ne sont qu’un aspect particulier, tandis que celui en Information Design est concentré sur les supports de communication autant numériques qu’analogiques.



1.3 Massachusetts Institute of Technology, Media Lab, Boston, Etats-Unis.

Le MIT, est pour beaucoup de professionnels du secteur, mais également pour un plus grand public moins averti, la référence par excellence parmi les institutions de recherche et les universités spécialisées dans les domaines de la science et des technologies. Comme pour les écoles précédemment mentionnées, l’institut compte la présence de personnalités mondialement connues comme Noam Chomsky, linguiste et philosophe américain de renommée internationale ou Nicholas Negroponte informaticien américain d’origine grecque, aujourd’hui perçu en tant que gourou charismatique de la culture numérique, qui ont favorisé l’aura d’admiration et de respect qui caractérise la structure. En plus de cet aspect, leurs recherches et réalisations ont été médiatisées par les supports de communication de grande diffusion, voire spectacularisées lors de présentations et démonstrations publiques. Negroponte qui dirige le Media Lab depuis 1985 est aussi à l’initiative du magazine consacrée à la culture des médias Wired [Lien sur http://www.wired.com], aujourd’hui fleuron du groupe éditorial de luxe Condé Nast.

Le Media Lab se focalise sur la conception d’un futur durable à travers des projets appliqués ayant une vocation créative et des solutions orientées par l’innovation numérique.



1.4 Domus Academy, Milan, Italie.

La scène italienne du design d’interaction appliqué est incontestablement plus vivante que celle de la pédagogie de cette même discipline, compte tenu de la pénurie de programmes de formation de qualité. La Domus Academy représente pourtant un cas à part. L’école a été fondée en 1983 par Maria Grazia Mazzochi, journaliste de formation humaniste et philosophique, parmi les plus importants contributeurs de la revue d’architecture et design Domus. À ses côtés se retrouvent aussi des personnalités incontournables autant pour leur connaissance des métiers du design et de la mode que pour leur statut médiatique, comme les designers Andrea Branzi, Philippe Starck, et le créateur de prêt-à-porter Gianfranco Ferré.

Son master en Interaction design, Interactive objects, spaces and services a surtout reçu l’héritage d’une institution pionnière du design de l’interaction, l’Interaction Design Institute Ö près sa fermeture en 2005. Dans la lignée de ce programme qui avait comme mécène la principale société de télécommunication italienne Telecom Italia, le master actuel vise à augmenter la sensibilité au design des étudiants tout en développant leur capacité entrepreneuriale. La finalité est la création d’un produit ou service interactif parallèlement à une compréhension intégrée de son impact culturel d’un côté et de son potentiel sur le marché de l’autre. L’académie vise la formation de designers capables de participer à une définition du rôle de l'interactivité au sein de la culture du design et à son application dans les stratégies de marché et dans le domaine l’innovation technologique.





2. D’AUTRES FORMATIONS

Nous présentons ici une sélection de programmes de formation émergents, souvent au sein d’écoles d’arts appliqués qui ont déjà un département design et veulent proposer un cursus encore plus spécialisé autour de l’interaction en interrogeant les relations entre humains et technologies. Cette sélection n’est en rien exhaustive, cependant elle présente les principales et plus significatives orientations du secteur.



2.1. En Europe

(Classement par ordre alphabétique)


  • Hochschule für Gestaltung Schwäbisch Gmünd, Allemagne.

    L’université de sciences appliquées de Schwäbisch Gmünd propose un programme de master en Communication Planning et Design, un programme de bachelor en Sciences de l’interaction et Design d’Interfaces. Le cursus en design d'interaction couvre tous les aspects fondamentaux de l’articulation entre design et interaction : par exemple l’utilisation d'interfaces réelles et/ou virtuelles, ou encore le développement d’environnements technologiques afférents aux opérations d'interaction et/ou de procédures virtuelles d’échange.

  • University of Art and Design - Usability School, Helsinki, Finlande.

    L'Ecole d’usabilité de l’Université d’Art et Design est un module conjoint de l’Université d’Helsinki en Technologies de l’information, de l‘Université d’Helsinki en Sciences cognitives et de l’Université d’Helsinki en Design industriel. Elle souhaite offrir aux étudiants l'opportunité d'acquérir des expériences et des compétences dans le domaine des produits intelligents et des interfaces utilisateur essentiellement conçues sur la base d’images.

  • ECAL - Ecole Cantonale d’Art de Lausanne, Suisse.

    L’ECAL figure aujourd’hui parmi les écoles les plus respectées en Europe. Elle fait partie de ces structures qui conçoivent le design contemporain non pas comme un héritage du design industriel mais comme une approche large où la réflexion créative et expérimentale s’accompagne de l’analyse sociale et anthropologique des modes de vie.

    Le programme de bachelor en Design de Médias et de l’Interaction forme les étudiants au domaine élargi des nouveaux médias et des secteurs annexes - parmi ceux-ci le design d’interaction, d’images interactives, de produits, de services, d’expériences et de systèmes.

  • CIID - The International Design Program, Danemark.

    Monté à l’initiative d’anciens collaborateurs de l’Interaction Design Institute Ivrea après sa fermeture en 2005, le Programme est issu d’une collaboration entre l'Institut de Design de l’Interaction de Copenhague (CIID [Lien sur http://www.ciid.dk],) et l’Ecole Danoise de Design (DKDS) [Lien sur http://www.arne-jacobsen.com]. Dans le sillage culturel du design danois et de personnalités telles que Arne Jakobsen, ou Verner Panton, qui a su allier la prouesse technologique à la plus grande transdisciplinarité tout en restant compatibles avec les lois du marché, le but de ce cursus est d'unir des étudiants de la faculté et des équipes de professionnels dans un contexte de travail multiculturel et multidisciplinaire à la création d'une approche pédagogique qui soit pertinente autant pour le monde académique que pour l'industrie.

  • Master of Science Design for Interaction, - TU Delft University of Technology, Pays-Bas.

    Le programme de Master en Sciences du Design porte sur les modes d’interactions entre produits et individus, ce que l’on appelle l’expérience utilisateur. Le Master veut proposer des solutions réelles en formant les designers à une connaissance profonde de ce que « fait » l’individu lorsqu’il utilise des produits et des attentes qu’il en a.

  • IUAV Istituto Universitario d’Architettura di Venezia, Interaction Design Programme, Venise, Italie.

    Le Programme en Design de l’Interaction a été initié par Gillian Crampton Smith, et Philip Tabor suite à la fermeture de l’emblématique Interaction Design Institute Ivrea dont ils avaient été les fondateurs. Le Programme est structuré en 4 cours et s’adresse à ces étudiants voulant à terme travailler dans le design d’interaction, mais également aux personnes qui portent un intérêt plus général à ce domaine et qui l’envisagent d’un point de vue plus généralement culturel. Ses cours ont la vocation de développer une « pensée critique » du design, susceptible de produire une prise de conscience vis-à-vis d’aspects sensibles de la culture contemporaine.

  • Product Design University of Dundee, Ecosse, Royaume Uni.

    Ce cursus de l’Université en Design de Produit a la spécificité de vouloir former les étudiants à l'approche du design de produit dans le contexte global actuel. Le programme envisage la sensibilisation des étudiants aux fonctionnements d’un système de vie devenu complexe, en perpétuel changement culturel, technologique, économique et social. Sa finalité est la conception d’un produit qui soit socialement et technologiquement pertinent, à travers une compréhension élargie des individus et de leur contexte de vie.

  • Le programme Interaction design at the Utrecht School of the Arts, Bachelor of Art and Technology, (Utrecht) et le Department of Industrial Design de la TU/e (Technische Universiteit, Eindhoven) partagent l’orientation typique de la pédagogie néerlandaise en design de l’interaction à une forte interdisciplinarité et une méthodologie très appliquée, voire expérimentale. Le programme d’Utrecht propose un cursus en design de l’interaction modulable et ouvert aux disciplines artistiques enseignées à l’Université. La flexibilité du programme d’études est réglée par une offre d’échanges possibles entre départements qui permettent aux étudiants d’adapter leur parcours. L’offre du Département de Design Industriel de l’Université technique d’Eindhoven, par contre, profite de la présence sur le territoire des plus importants acteurs industriels des Pays-Bas. La formation fondamentale est intégrée par une série d’échanges avec le département de la Recherche poussant dès le départ les futurs designers à une approche fortement innovante qui leur donne une valeur ajoutée et distinctive sur le marché en ce domaine.

  • Hochschule für Gestaltung und Kunst, Institut HyperWerk, Bâle, Suisse.

    Le design de l’interaction à l’École Supérieure pour l’Art et la Culture est abordé par une approche artistique en résonnance avec la culture de la ville qui accueille l’une des foires d’art contemporain parmi les plus prestigieuses au monde, Art Basel. Comme l’annonce son nom Post-industrial design, aux connotations fortement contemporaines, l’enseignement privilégie une approche expérimentale, entre cours théoriques, forums de spéculation philosophique sur les questions-clé de ce domaine et ateliers multidisciplinaires dans lesquels les différents savoirs représentés à l’école se rencontrent.

    Le programme offre aussi une formation en français délocalisée dans la ville proche de Mulhouse (France) ayant la vocation à ouvrir le cursus à une culture et un marché complémentaires.

  • Interface Design, Fachbereichdesign der Fachhochschule – Université de Sciences Appliquées, Potsdam, Allemagne.

    Le programme en design d’interface à l’université des sciences appliquées est consacré à la formation aux techniques de conception assistée par l’ordinateur de produits optimisés pour une insertion dans un contexte de vie spécifique, du point de vue conceptuel, pratique et esthétique. Le cursus, qui veille à ce que l’approche de ce domaine soit aussi expérimental que possible, maintient ses étudiants en contact permanent avec son centre de recherche Interaction Design Lab, où ils peuvent rencontrer des experts et des chercheurs de provenance internationale.

  • Interface Culture Programme, KünstUniversität Linz, Autriche.

    Bien que ce cursus s’inscrive dans le domaine du design d’interaction au sens le plus large, sa spécificité est d’être dédié principalement à l’étude et au développement des interfaces d’interaction homme-machine en tant qu’outil. L’exploration des dimensions culturelles et appliquées de l’interface est organisée par unités d’enseignement dont les thèmes sont les Environnements Interactifs, l’Art Interactif, l’Informatique Ubiquitaire, Design de Jeux, l’Art Sonore, le Media Art, le Web-Art, le Software Art (l’art-logiciel), la Recherche sur l’Interaction Homme-Ordinateur et le Design d’Interaction.

  • Interactive Institute, Stockholm, Suède.

    L’Institut est une structure privée de recherche en design et expérience dans les technologies de l’information, structuré en ateliers. Si d’un côté les thèmes de recherches suivis par l’Institut sont ceux développés par la plupart de acteurs de ce panorama (les nouveaux médias, le design au sens large, du textile au son, le développement durable et les jeux) sa singularité réside dans le fait d’allier la formation de chercheurs internationaux à la recherche et la vente de services et de conseil.



2.2 Aux États-Unis


  • IIT Institute of Design, Illinois Institute of Technology˜Interaction, Chicago.

    Le cursus de l’Institut a été développé autour du rôle primaire du design dans les pratiques pour rendre la technologie aussi intuitive que possible. Ainsi, il se concentre spécifiquement sur les interfaces entre artefacts technologiques et humains. Une grande partie de l’enseignement touche au design de l’interaction, à partir de bases cognitives et physiques jusqu'aux modèles, aux méthodes, aux critères et aux études autour de son utilisation (design de scénarios, contextes de vie...).

  • Digital + Media, Rhode Island School of Design, Providence.

    Ce département de l’école est consacré aux explorations transdisciplinaires entre les arts numériques et à la recherche d’approches innovantes des théories et des pratiques contemporaines autant dans le contexte social que créatif et artistique. La finalité du cursus est le design de structures qui veulent promouvoir des approches non-standard de l’ordinateur au sein desquelles celui-ci n’est pas considéré comme un outil, mais comme un medium créatif et expressif.

  • Media Design Practices, Art Center College of Design, Pasadena, Californie.

    Le Master en Media Design s’écarte de l’interface interactive en tant qu’outil ou produit et prépare le designer à envisager son métier essentiellement sous l’aspect communicationnel. Le design y est envisagé en tant que forme ou plate-forme de communication. Ces notions, envisagées de manière aussi physique que virtuelle s’étendent de la conception de nouveau matériel jusqu'aux pratiques d’utilisation des réseaux globaux.

    Les deux programmes d’écoles newyorkaises ont gagné leur réputation actuelle du fait de leur originalité dans le panorama du design. Inspiré de cette déclinaison universitaire des sciences humaines typiquement anglo-saxonne appelée Cultural Studies (qui étudie les phénomènes culturels comme paradigmes sociaux), le département Design for Social Innovation , de la SVA School of Visual Arts envisage le design d’interaction en tant que vecteur d’innovation sociale. La formation offerte vise à créer des profils d’experts en dialogue intercommunautaire et interculturel. Dans cette perspective les technologies numériques ne sont qu’une incarnation possible de stratégie d’évolution sociale au sens le plus large. Le département ITP Interactive Telecommunications Program de la Tisch School of the Arts est né en 1979 comme programme expérimental et s’est dès ses débuts positionné en tant qu’école d’alternative media. La formation est vouée non seulement à former des étudiants aux méthodes existantes en design d’interaction, mais aussi à en exploiter tout type d’application possible. Pour cette raison, la méthodologie suivie est entièrement basée sur des projets pratiques développés avec des artistes ou experts internationaux.

  • Carnegie Mellon, Design, Carnegie Mellon University, Pittsburgh, Pennsylvanie.

    Un programme fortement orienté vers le développement technologique qui doit sa renommé au fait d’avoir été un des premiers cursus de diplôme au monde dans ce domaine. Plus récemment l’offre des disciplines proposée s’est tournée vers les Cultural Studies, envisageant le design et le design de l’interaction en particulier en tant que moteur de dynamiques sociales avant toute autre chose.



2.3 Dans le reste du monde

Un regard élargi sur les formations dans le reste du monde révèle surtout l’effervescence des pays dits émergents. Le panorama est certes inégal et fragmenté entre grandes universités publiques et instituts privés qui proposent des programmes spécifiques en partenariats avec des interlocuteurs universitaires internationaux. Cependant certains de ces pays se montrent souvent à l’avant-garde de la technologie et de la recherche, entre autre puisqu’ils ne sont pas liés à une tradition locale du design et des arts appliqués dont l’évolution naturelle est moins radicale. Ils s’insèrent aujourd’hui sur un marché global très riche et évolué et en adoptent les systèmes et les visions les plus avancées. Les pays d’Asie jouent un rôle majeur, bien que d’autres acteurs comme l’Australie ou l’Amérique du Sud gagnent rapidement en importance.


  • Interaction Design Program, IDC Industrial Design Centre, IIT Bombay Indian Institute of Technology, Inde.

    L’enseignement du programme de Design d’interaction, attentif au développement des technologies émergentes et des nouveaux médias au sens le plus large, présente deux aspects spécifiques : il se concentre d’un côté sur les jeux interactifs et les logiciels consacrés à l’apprentissage et de l’autre, sur l’application des connaissances et des disciplines du design d’interaction aux besoins de l’utilisateur indien et de l’industrie de ce pays.

  • MDes Master of Design Scheme, Hong Kong Polytechnic University, Chine.

    Parmi les formations présentes sur le vaste territoire chinois, ce programme s’inscrit dans l’offre d’une des universités les plus respectées et anciennes du pays. Par sa localisation, elle a longtemps profité des riches échanges entre Hong Kong et le monde occidental.

    La pédagogie est essentiellement centrée autour de la conception d’outils, produits et interfaces par un ensemble de disciplines que l’on peut considérer « typique » de la culture du design d’interaction. L’aspect singulier du cursus tient plutôt aux méthodologies suivies qui privilégient une importante quantité d’ateliers pratiques. Le travail, mené soit individuellement soit au sein d’équipes interdisciplinaires, permet aux étudiants de proposer des projets parrainés par des entreprises du secteur, externes à l’école, permettant de tisser dès la période des études de liens concrets avec un marché parmi les plus agressif et concurrentiel au monde.

  • Media Design for Present-day Media and Its Interaction, School of Fundamental Science and Engineering, Waseda University, Tokyo, Japon.

    La majorité des formations en design au Japon est centrée sur la conception de produits, d’outils et d’interfaces. Une orientation qui dérive probablement de la solide tradition artisanale dans le pays qui encore aujourd’hui ancre la culture technologique nipponne à la tactilité du support. Une exception est représentée par ce programme en design de l’interaction d’une de premières universités du pays qui propose une vision de ce domaine principalement en tant que développeur de stratégies décisionnelles, résolutions de problèmes complexes et design social. Un accent particulier est mis sur l’aspect de la visualisation des technologies immatérielles par les outils expressifs offerts par les disciplines artistiques. La plupart des enseignants et professeurs ont d’ailleurs un parcours dans les arts plastiques ou numériques.

  • IDEA Interaction Design and Electronic Arts, the University of Sydney, Australie.

    Ce programme de post-diplôme en design développé par une des plus prestigieuses universités australiennes, a été le premier cursus dans ce domaine, au niveau international. La formation propose le design d’interaction en tant qu’outil d’exploration et de création de connaissances avant même d’être un outil de conception. Parallèlement aux disciplines et aux technologies nécessaires à la conception de systèmes d’interaction, le cursus a la spécificité de mettre en valeur l’application de ceux-ci dans le domaine de la santé publique, des biotechnologies et le développement de la diversité culturelle au sein de la société.

  • Instituto Faber-Ludens, Curitiba, Brésil.

    Un exemple de la vitalité de la réalité des programmes sud-américains, l’Institut a été créé en 2007 en tant que structure privée et commerciale. Il offre des services de conseil et de conception à des sociétés locales et internationales. Il a également développé un cours de diplôme, aujourd’hui reconnu par l’état brésilien, en design d’interaction. Les programmes sont développés en collaboration avec des universités telle que la FISAM Faculdades Internasioais San Martin, et la UnC.Universidade do Contestado, et ont le mérite d’avoir été la première passerelle entre les technologies numériques et le monde du design grâce à des relations privilégiées avec des sociétés telles que Lego Robotics, Arduino Microcontroller ou Touchatag RFIDs.





3. EN FRANCE

De plus en plus d'écoles françaises s'intéressent à la recherche en design d'interaction. L’offre actuelle est fragmentée, mais de plus en plus riche, souvent complémentaire à la pédagogie des formations classiques en design. On retrouve cette articulation intégrée au Strate Collège, à l'École Nantes Atlantique avec le programme READi, à l'École Nationale Supérieure de Création Industrielle de Paris avec l'atelier ADN en Design Numérique ou encore à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs avec le programme de recherche post-diplôme l'EnsadLab.



3.1 À Paris et en Ile-de-France

Paris est le lieu où se situent les établissements pionniers dans ce domaine en France. L’offre y est très variée en termes d’approches, selon le contexte dans lequel les formations ont été créées, les écoles nationales supérieures ou les universités publiques. Les trois cas historiques qui suivent représentent les principales orientations pédagogiques.


  • ENSCI Les Ateliers, École Nationale Supérieure de Création Industrielle.

    L’École propose au sein de son offre de niveau post-diplôme le Master Spécialisé Création et technologie contemporaine, ouvert à des étudiants français et étrangers issus d'écoles d'enseignement supérieur de création de design ou d’autres disciplines. Il a pour objectif de permettre à des créateurs de mener un projet qui harmonise réflexions artistiques et technologiques contemporaines tels que les nouveaux procédés de conception et de fabrication, les technologies de l'information et de la communication, les nouveaux matériaux, les bio et nano technologies.

    Le cursus de l’école en création industrielle inclut également un atelier spécialisé dans le design numérique appelé ADN. Anciennement piloté par son fondateur Jean-Louis Fréchin, il est aujourd’hui dirigé par David Bihanic.

  • ENSAD, École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs.

    L’école propose un programme de recherche au sein de son laboratoire EnsadLab sur différents aspects du design d’interaction. Au sein de cette offre, on trouve les cycles de formation EMERI sur les écrans mobiles et les récits interactifs, DIIP sur les dispositifs interactifs et performatifs, ENER sur l’espace numérique et la réalités augmentée, IDM sur les évolutions de l’identité des individus à l’ère de l’internet mobile. Le laboratoire IDM est dirigé par Rémy Bourganel, également directeur de l’Expérience Utilisateur au sein de l’unité d’innovation d’Orange Vallée et Etienne Mineur, concepteur multimédia, fondateur, avec Bertand Duplat, des Editions Volumiques, pour explorer le rapport entre le papier et les nouvelles technologies.

    En 2006, un studio de design d’interaction d’un an a été créé par Virginia Cruz et Nicolas Gaudron, anciens diplômés du Royal College of Art de Londres et directeurs de l’agence IDSL. Gaudron et Cruz sont actuellement (2013) responsables du cours de Design d’Interaction à l’Ecole Polytechnique. Le programme met l’accent sur l’esthétique de l'interaction (aesthetics of use) qui envisage le design au delà du seul medium numérique. Si d’un côté l’outil numérique y a un rôle important, de l’autre le processus de conception est conçu en tant que design de la relation et du comportement au sens le plus large.

  • Spécialité Interaction, Master de Recherche en Informatique, Université Paris-Sud.

    L’université possède un département d’informatique au sein duquel a été créé le Master Spécialité Interaction. Un premier axe de la formation se concentre sur les interfaces humain-machine sous différentes formes : visuelle, hybride, tangible, multimodale, multi surfaces, tactile, mobile tandis que le deuxième a été orienté vers la réalité virtuelle et augmentée et ses applications aux jeux vidéo, à la conception et la simulation, à la formation et l’entraînement. Le responsable est Michel Beaudouin-Lafon, chercheur connu pour son travail sur l’interaction au delà de l’interface et pour l’article Designing Interaction not Interfaces[1] Il est également directeur du Laboratoire de Recherche en Informatique (LRI), unité de recherche créée entre l’université et le CNRS. Le laboratoire accueille experts, chercheurs et doctorants de l’université organisés en équipes de recherche, certaines desquelles sont communes avec le centre de recherche publique INRIA, partenaire privilégié du laboratoire.

  • Strate Collège, Sèvres.

    Au sein de son cursus en design industriel, le collège privé enseigne aussi le design des systèmes et produits interactifs. Le directeur du développement et de la recherche est aujourd’hui Dominique Sciamma, ancien directeur du département Design interactif qu’il a créé en 2007. Plus récemment, le Collège a créé un Master, Spécialisé en Design d'Interaction en collaboration avec l'ENSAM École Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Paris.



3.2 Dans le reste de la France


  • Interfaces tangibles, réalité virtuelle et nouvelles mobilités, École de Design Nantes Atlantique, Nantes.

    L’école propose, en deuxième cycle, des options thématiques complémentaires à son diplôme de design Interfaces tangibles, réalité virtuelle et nouvelles mobilités. En plus de ce premier programme et ces options, Grégoire Cliquet, l’ancien directeur du programme de master Réalité Virtuelle depuis 2004, a pris en 2010 la direction d’un nouveau projet, le READI Interaction Design Lab (Recherches Expérimentales Appliquées en Design d’interactivité).

  • Master recherche Interaction homme-machine, Université de Bretagne Sud, Lorient, Vannes, Pontivy.

    L’Université propose un master de recherche sur les technologies de santé, spécialité informatique et interaction homme-machine. Cette orientation qui associe les méthodologies de conception en design d’interaction, les recherches cognitives appliquées aux dynamiques des rapports perception/action et les besoins du domaine médical, représente un cas unique en France et rejoint un territoire émergent dans le paysage international.

  • IHM Master Interaction Homme-Machine, Université Toulouse 3 Paul Sabatier, Toulouse.

    Le programme est le résultat d’une co-abilitation entre l’université et l'Ecole Nationale de l'Aviation Civile (ENAC). Y sont formés des professionnels de haut niveau spécialistes autant de la conception que du développement d'applications interactives, maîtrisant les techniques propres à l'informatique et celles issues du domaine des facteurs humains. Le master fournit aussi une formation à la recherche en interaction homme-machine permettant aux étudiants qui effectuent leur stage dans un laboratoire de recherche d’accéder au doctorat, entre-autre en partenariat avec des sociétés actives dans le domaine du design d’interaction.





Sommaire

  • Qu'est-ce que le design d'interaction ?

  • D'où vient le design d'interaction ?

  • Qu'est-ce que l'interaction dans le design ?

  • Quelles sont les différentes approches du design d'interaction ?

  • Quelles sont les principales théories ?

  • Quels sont les lieux de formation au design d'interaction ?

  • Quelques exemples d'application du design d'interaction

  • Conclusion : quelle évolution pour le design d'interaction ?




    Notes :


    1 BEAUDOUIN-LAFON, M., "Designing Interaction, not Interfaces", in Proceedings of the Working Conference on Advanced Visual Interfaces, Gallipoli, Italie, Mai 25–28, 2004, AVI '04. ACM, New York, NY, 15-22.



    © Leonardo/Olats & Luca Marchetti et Emanuele Quinz, juillet 2013
  •    



    [ S'abonner ]   [ Recherche ]    [ Statistiques ]    [ Accueil ]


    Leonardo/Olats a reçu le soutien de la Fondation Daniel & Nina Carasso pour la période 2019-2021
    Copyright Association Leonardo/OLATS © 1997
    pour toute re-publication de cette page, merci de contacter Annick Bureaud <info@olats.org>
    pour les problèmes concernant le site, notre webmaster <webmaster@olats.org>
    Leonardo is a federally registered trademark of Leonardo/ISAST -
    Leonardo est une marque déposée de Leonardo/ISAST, selon la loi fédérale des Etats-Unis d'Amérique.