Biographie
© Bell Labs, 1965
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Jean-Claude Risset est né en 1938 au Puy.
Tout en suivant des études scientifiques, il étudie le piano avec Robert Trimaille, lui-même élève d'Alfred Cortot. En 1957, il entre à l'Ecole Normale Supérieure où il obtient en 1961 l'agrégation de Sciences Physiques. Il occupe ensuite un poste d'attaché de recherche au CNRS à l'Institut d'Electronique Fondamentale de Paris.
En 1962, la musique occupe une place de plus en plus importante dans sa vie. Il travaille l'harmonie et le contrepoint avec Suzanne Demarquez et la composition avec André Jolivet. Alors qu'il s'apprêtait à quitter le CNRS pour se consacrer à la musique, Pierre Grivet lui propose de rester au CNRS pour explorer l'apport de la science en matière musicale.
Il côtoie quelques temps le Groupe de Recherche Musicale de Pierre Schaeffer, se rapproche d'Emile Leipp, un des pionniers de l'analyse des sons par l'utilisation du sonagraphe, puis décide d'aller travailler aux Etats-Unis avec Max Mathews aux laboratoires Bell 1 qui sont à cette époque à la pointe de la recherche.
Aux laboratoires Bell, en 1964, Max Mathews propose à Jean-Claude Risset de choisir entre deux voies de recherche : la composition assistée par ordinateur ou la synthèse sonore. Jean-Claude Risset choisit la synthèse sonore qu'il va explorer avec les programmes MusicIV et MusicV mis au point par Max Mathews.
Max Mathews avait très vite compris les immenses possibilités de l'ordinateur pour produire des sons de synthèse. Par contre, la manière de tirer parti de ce potentiel illimité n'avait pas encore été trouvée. Les acousticiens avaient longtemps considéré le timbre musical comme un attribut du son réduit à un spectre de fréquences assorti de transitoires d'attaque ; les premières tentatives de synthèse de sons instrumentaux selon ces critères montrèrent l'insuffisance de ces théories.
Jean-Claude Risset décida de reconsidérer ce problème en étudiant les sons de cuivres. Il mit en évidence l'importance des variations permanentes de spectres qui caractérisent les sons instrumentaux.
En 1967, deux ans après son retour en France, Jean-Claude Risset soutient une thèse de Sciences Physiques portant sur la synthèse et la perception des sons, étudiées à l'aide d'ordinateurs. Il retourne ensuite aux Etats-Unis où il continue l'exploration de la synthèse des sons.
Il réalise des études sur de nombreux sons instrumentaux et édite un catalogue de sons synthétisés par ordinateur dans lequel chaque exemple comprend la partition pour MusicV permettant de reproduire le son, la documentation et l'enregistrement du son.
Jean-Claude Risset s'intéresse également aux rapports entre le timbre et l'harmonie. Il s'éloigne alors de l'univers des sons acoustiques. Il étudie les notions de hauteurs tonales et spectrales qu'il illustre en mettant au point divers sons paradoxaux : sons qui montent indéfiniment vers les aigus, sons transposés vers les aigus et sonnant plus graves, rythmes qui s'accélèrent et ralentissent en même temps.
En 1969, il revient en France en tant que chargé de recherche au CNRS (Orsay) qu'il équipe d'un ordinateur pour continuer ses expériences de synthèse sonore. En 1971, il entre au Centre Universitaire de Luminy (Marseille) pour diriger un département de musique. Il y fonde, en 1972, le laboratoire "Informatique et Acoustique Musicale", où il met en oeuvre en 1975 la synthèse sonore par ordinateur. Il y accueille les compositeurs Barry Conyngham et Denis Lorrain et produit lui-même une pièce mixte, "Dialogues".
En 1975, détaché du CNRS pour quatre ans, Jean-Claude Risset entre à l'Ircam, récemment créé par Pierre Boulez, pour prendre la direction du département "Ordinateur". Ses recherches intéressent des compositeurs tels que Gérard Grisey, Tristan Murail, Michael Levinas et Hugues Dufourt.
En 1979, Jean-Claude Risset revient à Marseille en tant que professeur de musique à l'Université d'Aix-Marseille, où il doit enseigner la physique. Entre temps, son laboratoire marseillais a été accueilli au sein du Laboratoire de Mécanique et d'Acoustique du CNRS et s'est enrichi de la venue de Daniel Arfib, qui invite Marc Battier à y réaliser une oeuvre. En 1985, Jean-Claude Risset devient directeur de recherche au CNRS.
Il collabore avec le Groupe de Musique Expérimentale de Marseille (GMEM) dont il devient membre du collectif de compositeurs.
En 1989 lors d'un séjour au MIT, il s'intéresse aux interactions possibles entre un instrumentiste et un ordinateur. Il écrit plusieurs pièces basées sur l'interaction entre un pianiste réel et un pianiste virtuel jouant sur piano Disklavier en utilisant le programme MAX.
En 1990, il reçoit le Grand Prix National de la Musique.
En 1992, il crée et dirige avec Philippe Depalle le DEA ATIAM (Acoustique, Traitement du Signal et Informatique Appliqués à la Musique) associant les universités d'Aix-Marseille et Paris VI à l'Ircam.
En 1999, il obtient la médaille d'Or du CNRS.
1 Les laboratoires Bell ("Bell Telephone Laboratories") mettront au point la synthèse des sons par ordinateur, la théorie de l'information, le transistor, les satellites de communication, les piles solaires, le langage Unix et le langage C...
© Laurent Pottier & Leonardo/Olats, janvier 2002
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