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PIONNIERS ET PRECURSEURS > IANNIS XENAKIS > LES POLYTOPES
   



Les polytopes


Le Pavillon Philips (1958), issu de la collaboration de Le Corbusier, Varèse et Xenakis constitue une des toutes premières manifestations d’un nouvel art regroupant le son, l’image et l’espace, devenu possible grâce à la technologie. Xenakis traite de cette expérience dans son article de 1958 « Vers un “geste électronique” » (repris dans Musique. Architecture, p. 143-152). Il reprendra cette idée pour réaliser ce qu’il appellera « polytopes » (« plusieurs lieux ») —du Polytope de Montréal(1967) au Diatope (1978)—, qui combinent des compositions musicales, des spectacles lumineux automatisés et, parfois, des structures architecturales originales.

Cette synthèse des arts est foncièrement différente de celle tentée par l’opéra, où l’agglomération des arts se produisait par la présence d’un élément fédérateur, la musique —à ce titre, il conviendrait peut-être mieux de parler de « somme des arts ». Si l’on peut juxtaposer les arts, nous dit Xenakis, c’est parce que, malgré leur différenciation, les sens coïncident à un niveau profond : « La profondeur des émotions au sens étymologique semble proportionnellement inverse à la variété et à la richesse des médias. Plus on s’achemine vers l’ascétisme de chaque activité artistique, plus se rétrécit le champ des valeurs absolues. [… Nous sommes ainsi conduits] au refus de toute correspondance ou équivalence entre les expressions par exemple de la vue et de l’ouïe […] Le miracle de l’équivalence se produit derrière l’oreille ou l’œil, dans les sphères profondes de l’esprit »(Κειµενα περι µουσικης και αρχιτεκτονικης, p. 105).

Sa réalisation majeure dans ce domaine est peut-être le Diatope, conçu pour l’inauguration du Centre Georges Pompidou. Xenakis construisit une structure architecturale démontable (Fig.12), qui prolonge et renouvelle les paraboloïdes hyperboliques du Pavillon Philips. Le plancher était recouvert de dalles translucides (Fig.13). Le spectacle lumineux était produit par des rayons lasers et des flashs lumineux. Avec ces derniers, Xenakis réalisait des configurations géométriques variées (Fig.14). La musique diffusée constitue l’une des plus belles pièces électroacoustiques de Xenakis : La légende d’Eer (1977).



Fig. 12 :Le Diatope (1978) devant le Centre Georges Pompidou
Source : Archives Xenakis, Bibliothèque Nationale de France



Fig.13 : Dalles translucides du Diatope (1978)
Source : Archives Xenakis, Bibliothèque Nationale de France



Fig. 14 : Un tracé informatique du mouvement des flashs électroniques du Diatope (1978)
Source : Archives Xenakis, Bibliothèque Nationale de France


A la fin des années 1970, Xenakis rêva de polytopes de plus en plus démesurées, révélant ainsi leur dimension utopique : « Il n’y a aucune raison pour que l’art ne sorte, à l’exemple de la science, dans l’immensité du cosmos, et pour qu’il ne puisse modifier, tel un paysagiste cosmique, l’allure des galaxies. Ceci peut paraître de l’utopie, et en effet c’est de l’utopie, mais provisoirement, dans l’immensité du temps. Par contre, ce qui n’est pas de l’utopie, ce qui est possible aujourd’hui, c’est de lancer des toiles d’araignées lumineuses au-dessus des villes et des campagnes, faites de faisceaux lasers de couleur, telles un polytope géant : utiliser les nuages comme des écrans de réflexion, utiliser les satellites artificiels comme miroirs réfléchissants pour que ces toiles d’araignées montent dans l’espace et entourent la terre de leurs fantasmagories géométriques mouvantes ; lier la terre à la lune par des filaments de lumière ; ou encore, créer dans tous les cieux nocturnes de la terre, à volonté, des aurores boréales artificielles commandées dans leurs mouvements, leurs formes et leurs couleurs, par des champs électromagnétiques de la haute atmosphère excités par des lasers. Quant à la musique, la technologie des haut-parleurs est encore embryonnaire, sous-développée, pour lancer le son dans l’espace et le recevoir du ciel, de là où habite le tonnerre » (Arts/Sciences. Alliages, p. 16-17).




© Makis Solomos & Leonardo/Olats, juin 2007


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