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PIONNIERS ET PRECURSEURS > IANNIS XENAKIS
   



IANNIS XENAKIS

par Makis Solomos
Université Montpellier 3, Institut Universitaire de France


Repères historiques


Né en 1922 (ou 1921) à Braïla (Roumanie), dans une famille de commerçants grecs, Xenakis entre au Polytechneio, l’Université scientifique d’Athènes, pour des études d’ingénieur civil. Parallèlement, il travaille la musique avec un Grec de Géorgie, Aristotelis Koundourov. Durant la seconde guerre mondiale, il s’engage dans la résistance, au sein des communistes. Lors des « événements de décembre 1944 », où les Anglais veulent reprendre en main la Grèce, il est grièvement blessé par un éclat d’obus dans l’attaque d’un char anglais avec des cocktails molotovs. Avec la guerre civile qui commence en 1947, il plonge dans la clandestinité et finit par fuir la Grèce.

A Paris, il trouve du travail dans l’atelier de Le Corbusier. D’abord employé comme ingénieur, il participe de plus en plus à l’activité de l’atelier en tant qu’architecte. Il réalise les « pans de verre ondulatoire » du couvent de La Tourette (1955).


Fig.1 : Couvent de la Tourette (1955) : pans de verres ondulatoires, façade ouest
Source : Iannis Xenakis, Musique. Architecture, Tournai, Casterman, 1976, p. 166


Pour le célèbre Pavillon Philips de l’Exposition Universelle de Bruxelles de 1958, il dessine des paraboloïdes hyperboliques (Fig.5), dont certains graphiques sont empruntés à des glissandi de Metastaseis. Le Corbusier tarde à reconnaître la paternité de Xenakis en ce qui concerne le Pavillon ; la tension, au sein de l’atelier, s’accroît et Xenakis finit par le quitter, mettant ainsi un terme à sa carrière d’architecte.

Fig.5 : Le Pavillon Philips (1958)
Source : Iannis Xenakis, Musique. Architecture, Tournai, Casterman, 1976, p. 142


En matière de musique, c’est auprès de Messiaen que Xenakis finira par se trouver lui-même. Dans ses premières compositions, il tente en quelque sorte d’être le Bartók de la Grèce, cherchant un compromis entre une inspiration grecque (polyphonies de l’Epire, rythmes aksaks, etc.) et des techniques avant-gardistes (série de Fibonacci, techniques combinatoires, etc.), comme en atteste la Procession vers les eaux claires (1953).

La première œuvre qui propulse Xenakis sur le devant de la scène musicale est Metastaseis (1953-1954), caractérisée, entre autres, par ses champs de glissandi. Avec Pithoprakta (1955-1956), il introduit le calcul des probabilités, qu’il annonçait dans son célèbre article de 1955 « La crise de la musique sérielle » (repris dans Kéleütha, p. 39-43), où il critiquait la « contradiction inhérente à la musique sérielle » entre une écriture locale et un résultat qui, pour l’oreille, « est surface, masse ».

A la fin des années 1950 et au début des années 1960, Xenakis poursuit deux projets musicaux différents. D’une part, il entre au studio de Pierre Schaeffer, où il compose des chefs-d’œuvre de l’électroacoustique comme Diamorphoses (1957) ou Orient-Occident (1960). Mais il ne pourra pas continuer dans cette voie, car Schaeffer, décidé à passer à ce qu’il appelle « recherche musicale », fait, en quelque sorte, le vide autour de lui : Xenakis quitte le GRM en 1963. D’autre part, il introduit la notion de « formalisation » et publie en 1963 le livre Musiques formelles, où il explique son utilisation des probabilités, de la théorie des jeux et la théorie des ensembles. Vers le milieu des années 1960, il produit une ultime formalisation —application de la théorie des groupes (Nomos alpha, 1965-1966)— qui met le point final à sa tentative de fonder la musique.

S’ensuivent des préoccupations plus diversifiées, qui correspondent également à une renommée exponentiellement croissante : travail autour du théâtre antique (Orestie, 1966), expérimentations sur la spatialisation du son (Terretektorh, 1965-66, où le public est installé au sein de l’orchestre Fig.7), polytopes.



Fig.7 : Terretektorh (1965-66) : disposition de l'orchestre
Source : partition, éditions Salabert


L’œuvre de Xenakis prolifère, en utilisant des techniques variées comme les « mouvements browniens » ou les « arborescences ». L’intensité dramatique est présente, d’une manière encore plus visible que par le passé (Cendrées, 1973), de même que la pure gestualité (Psappha, 1975). Par ailleurs, ayant fondé son centre de recherches, le CEMAMu, il fait construire en 1975 l’UPIC, le synthétiseur à commande graphique (Fig.10).



Fig. 10 : Mycènes alpha (1978), 6'16''-7'16'' : " partition " (dessin du macrotemps sur l'UPIC)


Une dernière période, centrée sur la théorie des cribles, commence vers le milieu des années 1980. Sa musique devient de plus en plus compacte, faite de blocs très denses, à la manière de murs cyclopéens. L’écriture instrumentale explore le dispositif orchestral (Horos, 1986, Kyania, 1990). Xenakis, qui meurt en 2001, intitule sa dernière pièce : O-Mega (1997) —le « o-grand », dernière lettre de l’alphabet grec.




© Makis Solomos & Leonardo/Olats, juin 2007


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