Quelles sont les formes dominantes de l'art "multimédia" ?
Installations
Œuvres écraniques
Performance
Le "métissage" des formes.
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Trois figures dominent le champ de l'art "multimédia" : les installations, les œuvres écraniques et les performances.
INSTALLATIONS
Si tout le monde sait reconnaître une installation, en donner une définition est chose plus ardue. Nous proposons la suivante :
|||||||||| une installation est une œuvre composée d'éléments hétérogènes liés par une tension dynamique.
Autrement dit, ce ne sont pas les objets pris isolément qui déterminent l'installation, mais la relation qui s'établit entre eux. C'est pourquoi, même si l'installation comporte des images, ce qui est le plus souvent le cas, celles-ci ne sont pas la finalité de l'œuvre.
Entre objet et architecture, l'installation est une des nouvelles formes majeures de l'art depuis la seconde moitié du XXe siècle, qu'elle repose ou non sur les technologies contemporaines.
Au sein des installations d'art technologique, on peut distinguer les "installations-sytèmes de présentation" telles que EVE (Extended Virtual Environment) développée par Jeffrey Shaw et les équipes du ZKM à Karlsruhe et le système CAVE élaboré à l'Electronic Visualization Laboratory de l'Université de l'Illinois à Chicago.
Ce ne sont pas des œuvres mais des systèmes de présentation dans lesquels des œuvres différentes peuvent être montrées. Ce ne sont pas non plus des espaces indépendants. Même s'ils pourraient s'apparenter aux salles qu'a inventées le cinéma, ils sont néanmoins conçus pour exister dans des bâtiments que l'on imagine difficilement dédiés. EVE, qui est une structure gonflable, peut être installée en extérieur mais les ordinateurs doivent être à l'abri dans du "dur" pour des raisons climatiques et de sécurité évidentes.
Le système CAVE est aujourd'hui présent dans de très nombreux centres de recherche. Pour ce qui concerne l'art, très peu de CAVE sont ouvertes aux artistes ou dédiés à la création. Mentionnons celles du Centre Ars Electronica (faire une recherche sur "cave" pour obtenir les différents projets), à Linz en Autriche, celle de l'ICC à Tokyo et celle de Chicago qui a une double vocation scientifique et artistique.
ŒUVRES ECRANIQUES
Ce que nous appelons les œuvres "écraniques", c'est-à-dire exigeant un Ö écran d'ordinateur pour être perceptibles, [1] L'écran de la télévision avait déjà ouvert la voie. Cependant la vidéo sur bande n'a pas connu l'engouement apporté par Internet ou même par les cd-roms. Le développement du DVD apportera peut-être un nouveau souffle à l'écran de télévision qui servira ainsi à autre chose qu'à "regarder la TV", tout comme l'écran de l'ordinateur sert aussi à autre chose qu'à effectuer des tâches utilitaires ou de bureau. constituent une des "révolutions" les plus importantes dans les formes de l'art depuis la seconde moitié du XXe siècle.
Avec les œuvres écraniques, l'art fait son entrée dans les foyers au même titre que le livre ou le disque. Nous ne sommes pas naïfs au point de penser qu'il s'agit là d'une large démocratisation. Ce que nous voulons souligner est la notion d'une consommation "privée" de l'art, que celle-ci se déroule à la maison ou dans une médiathèque. Elle devient individuelle, au moment choisi par le public, et non plus soumise à une programmation d'expositions ou de manifestations quelconques ou aux choix d'un commissaire. Cette consommation individualisée est évidemment possible avec la peinture ou la photographie, néanmoins l'investissement financier et surtout culturel est différent. En effet, acheter de l'art exige non seulement un certain budget mais surtout une attitude culturelle et sociale par rapport à l'art, largement inégalitaire. L'acquisition d'un ordinateur se fait pour de multiples raisons, très éloignées de toute pratique artistique. Mais ensuite, cette même "machine" permet d'accéder à l'art et à la création. Avec la peinture, on acquiert une œuvre à la fois, avec un ordinateur, on acquiert, pour le même prix, une "machine à voir des œuvres".
Par ailleurs, l'écran, de part sa taille et son format, s'inscrit dans une intimité entre l'œuvre et son public. À propos de Beyond Zoe Beloff écrit [2] Dans . Œuvres numériques sur cd-rom, Bertand Gauguet (dir), Rennes, Ecole régionale des Beaux-arts, Station Arts Electroniques, Université Rennes 2, 1998 : "Ce travail est fait spécifiquement pour un public constitué d'une personne. C'est intensément intime" ; espace intime qui, paradoxalement, peut se déployer dans l'espace public du réseau pour nombres d'œuvres sur Internet.
Pour Lev Manovich,[3] Texte de sa communication Cinema and Digital Media présentée à Multimediale 4 en 1995 à Karlsruhe. l'écran de l'ordinateur s'inscrit dans un continuum quant à l'existence (ou la représentation) "d'autres mondes" au sein de notre réalité physique. L'écran présente les mêmes caractéristiques que la peinture, la photographie ou le cinéma : un cadre qui délimite deux espaces et le rapport frontal du spectateur "immobilisé" par rapport à l'œuvre.
Lev Manovich souligne qu'une des différences entre l'écran-tableau/photographie/cinéma et l'écran de l'ordinateur est que le premier représente des événements du passé alors que le second peut incorporer le temps présent, le temps réel.[4] My discussion of these types [of screen] relied on two ideas. First, the idea of temporality : the classical screen displays a static, permanent image ; the dynamic screen displays a moving image of the past and finally, the real-time screen shows the present. Second, the relationship between the space of the viewer and the space of the representation (I defined the screen as a window into the space of representation which itself exists in our normal space). Lev Manovich, op. cité.
Mon argumentation sur ces deux catégories [d'écran] repose sur deux idées : premièrement l'idée de temporalité : l'écran classique montre une image statique, permanente ; l'écran dynamique montre une image en mouvement appartenant au passé et enfin l'écran du temps réel montre le présent. Deuxièmement la relation entre l'espace du spectateur et l'espace de la représentation (je définis l'écran comme une fenêtre ouverte sur un espace de représentation, fenêtre qui existe elle-même dans notre espace normal).
Traduction : Annick Bureaud.
PERFORMANCE
La Ö performance fait partie des nouvelles formes artistiques apparues dans la seconde moitié du XXe siècle. Tout comme pour les installations, elle n'est pas conditionnée par l'utilisation des technologies contemporaines même si celles-ci ont été un des éléments importants de son développement.
Aujourd'hui, de manière plus générale, le spectacle vivant (danse, théâtre) incorpore les technologies. Ce domaine déborde du cadre de ces fiches et nous renvoyons les lecteurs intéressés à deux ouvrages qui explorent cette question : Les écrans sur la scène, sous la direction de Béatrice Picon-Valin, Lausanne, L'âge d'homme, 1998 et le numéro 2 de la revue Anomalie sur le thème "Digital Performance", 2002.
LE "METISSAGE" DES FORMES
Des installations qui se retrouvent sur Internet en "version écranique", des performances qui se "compactent" en installations : l'art "multimédia" permet une plasticité des œuvres qui peuvent se décliner sous différentes formes, chacune offrant aux spectateurs une appréhension singulière de celles-ci. C'est ce que l'on a appelé la multimodalité. Un des exemples actuels est le travail de la compagnie Magali et Didier Mulleras qui crée des spectacles de danse et des "miniatures" pour Internet.
Sommaire
Introduction
Qu'est-ce qu'un média ?
Qu'est-ce que "l'art des nouveaux médias" ?
Quelle est l'histoire de "l'art des nouveaux médias" dans la seconde moitié du XXe siècle ?
Média, support, langage, matière : quelle différence ?
Le "multimédia" est-il multi média ?
Qu'est-ce que l'interactivité ?
Qu'est-ce qu'une interface ?
Le cyberespace est-il ailleurs ?
Quelles sont les formes dominantes de l'art "multimédia" ?
Quelles sont les structures d'écriture de l'art "multimédia" ?
Ressources sur les cd-roms artistiques
Webiographie : information en ligne sur l'art "multimédia" et les sites web artistiques
Bibliographies
© Leonardo/Olats & Annick Bureaud, avril 2004
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