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PIONNIERS ET PRECURSEURS > OSKAR SCHLEMMER > PLASTICIEN
   



Schlemmer plasticien : dessinateur, peintre, sculpteur, muraliste, décorateur


Il faut reconnaître tout de suite que la distinction entre l'activité plastique et l'activité scénique est ici assez arbitraire. Si nous les distinguons, c'est davantage pour notre propre commodité, afin de poser des points de repère dans le très ample corpus d'un artiste à la démarche aussi cohérente qu'atypique. Rares sont ceux qui sont allés aussi loin que Schlemmer dans la fusion de ces catégories de l'activité artistique.

De la ligne au plan

Le dessin de Schlemmer se reconnaît à la force et l’élégance de son trait, à sa précision et à son économie. Ces qualités font la force et l’originalité de ses reliefs muraux en fil métallique, un genre qu’il a inventé. Ces reliefs tirent profit du jeu de l’ombre sur la surface du mur pour lequel ils sont conçus. Ces reliefs, ou décorations murales, s’apparentent à l’art cinétique en ce que l’aspect de l’ensemble varie selon la luminosité et le moment de la journée, suivant le mouvement de l’angle et la direction des rayons solaires. La murale en fil métallique réalisée en 1931 pour la résidence du Docteur Rabe à Zwenkau, près de Leipzig est tout à fait exemplaire. Schlemmer est le représentant par excellence de l’esprit du Bauhaus en ce que la peinture, les reliefs et les sculptures s’intègrent à l’architecture.

 

Du plan au volume

C’est en tant que peintre que Schlemmer a d’abord été connu et reconnu. Mais la peinture n’est qu’un des arts qu’il a pratiqués, celui à propos duquel il a le plus douté, une source d’angoisse, comme le révèlent amplement son journal et ses lettres. C’est principalement à partir du cubisme que s’élabore la peinture de Schlemmer ; il partage avec ce courant une recherche centrée sur le plan ; l’organisation des plans et des couleurs étant une préoccupation plus importante que celle de la représentation.

"Où trouvons-nous quelque chose de réellement nouveau ? D’absolument nouveau ? Dans le Cubisme, serait-on tentés de répondre. Il est vrai que ses formes sont dérivées de la peinture (classique). Le Cubisme est néanmoins un développement libre, même s’il est ancré dans la tradition. La ligne est tracée froidement, avec préméditation, des cristaux apparaissent, des formes cubiques". (Journal, 1915)

Mais Schlemmer doute non seulement de la peinture de son époque en général, mais aussi de ses propres capacités à résoudre les problèmes auxquels il est confronté dans son incessante quête d’un équilibre entre abstraction et figuration. Son approche est éminemment analytique, sa démarche exploratoire : il cherche à dégager les lois de base, et se limite ainsi aux éléments fondamentaux : les trois couleurs primaires ainsi que le noir, le gris et le blanc ; la verticale et la diagonale. Ses toiles semblent austères et impersonnelles d’autant plus que les figures sont souvent présentées de dos et de profil, debout ou assises, et qu’elles ne portent pas de traces individuelles, le visage s’apparente à un masque : impassibilité. Une certaine parenté avec la peinture métaphysique, mais les personnages de Schlemmer ne sont pas des mannequins mais des types, et les ombres ne sont pas théâtralisées. La rigueur mathématique de la composition est fréquemment appuyée par les thèmes de l’escalier, de la fenêtre et du damier. Schlemmer admire l’art classique des anciens Grecs pour sa sobriété, sa modestie et sa modération. La sensiblerie romantique lui déplait, tout comme les débordements tumultueux de l’expressionnisme. Aux yeux de Schlemmer, les modernes (ses contemporains) sont " indisciplinés, intoxiqués ".

Schlemmer a réalisé plusieurs reliefs, en plâtre et en bois, empruntant un sentier déjà exploré par les artistes d’avant-garde, sentier qu’avait ouvert Archipenko en 1912, alors qu’il ajoutait la troisième dimension à la peinture en intégrant à ses toiles du métal et du verre ; expansion du plan vers le volume dans ses constructions polychromes et ses " peintures-sculptures ". Schlemmer écrit dans son journal en novembre 1919, alors qu’il a probablement terminé la " tablette " Construction Sculpture R :

"Mes peintures ne sont pas des peintures dans le sens familier du terme : une toile qui a recours aux conventions illusionnistes permettant de fixer une tranche de la nature, ou du monde, et qui est destinée à vivre son existence singulière dans un salon ou un musée, entre les quatre bordures d’un cadre doré. Mes peintures sont plutôt des tablettes qui surgissent de leurs cadres et s’allient au mur, s’intégrant à une plus vaste surface, et devenant une partie d’une architecture idéale. En elles se trouvent comprimées, miniaturisées ce qui donnerait les lois et la forme à leur entourage. En ce sens : les Tables de la Loi. Le portrait de l’homme sera toujours le grand symbole pour l’artiste".

 

Du volume au mouvement

Schlemmer a réalisé deux sculptures en ronde-bosse, Grotesque et Figure abstraite, en 1923. Mais on peut considérer que les costumes du Ballet triadique et des Danses du Bauhaus sont de véritables sculptures, des sculptures cinétiques. Pour les réaliser, Schlemmer a utilisé les nouveaux matériaux qu’étaient alors pour l’art le cuivre, le verre, le plexiglas, l’aluminium, le celluloïd et le caoutchouc.

"Allons plus loin : que l’on parte par exemple du corps humain se mouvant dans l’espace, que l’on se représente l’espace comme rempli d’une masse molle qui se durcirait une fois le mouvement accompli. Les mouvements du corps (torsions, élans, etc.) demeurent alors, dans la masse devenue solide, comme formes plastiques du corps. Si par exemple je déplace bras ou jambe parallèlement à l’axe du corps, il en résulte une forme de disque ; si je fais tourner mon bras ou ma jambe, étendus, il en résulte une forme de cône ou d’entonnoir. Ainsi peuvent encore résulter de ce genre de sectionnements de l’espace des formes de toupies, de volutes, de spirales, figures semblables à des organismes techniques".

(Trad. É. Michaud)

Difficile de ne pas penser à Forme unique de continuité dans l’espace (1913) du futuriste Boccionni, mais Schlemmer renvoie aux figurines du Ballet triadique qui sont basées sur un principe de trace tridimensionnelle de la forme élémentaire dans l’espace, sortes de volutes géométriques solidifiées.


© Marc Boucher & Leonardo/Olats, février 2004


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